Dénouement

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Mes yeux se sont ouverts quelques heures plus tard - je crois - il fait nuit, et je suis là, au sommet de la Tour Saphir, face à l'immensité de la ville de Delmar, au bord du vide.

La vue était superbe, je ne peux pas dire le contraire. La Tour Saphir est le point culminant de Delmar, d'ici j'aperçois la noirceur du quartier Est, à peine éclairé, comme l'ombre de lui même. La fumée qui s'échappe des entrepôts du quartier Ouest, les lumières d'une couleur jaune pisse, et je devine même la ruine du dépôt de whisky de mon père. Le Sud, un peu plus petit au loin, mais très éclairé, comme s'il bombait le torse devant ses petits frères. Et enfin mon quartier Nord. Plus grand, plus vaste. Toujours aussi gris, quelques lumières blanches, surtout auprès de l'église. Des bâtiments administratifs élégants, qui contrastent avec nos immeubles un peu délabrés par le temps et leurs histoires. La place Benett, seul espace coloré du quartier, qui dessine la plupart de mes souvenirs, avec Titus, juste en face de "l'Esperanza" de Paula.

Le vent souffle extrêmement fort pour un début d'été. Mes mains sont attachées, et on me force à m'asseoir sur une chaise, à quelques centimètres au bord du vide. Devant moi, un homme, grand, élancé, une petite moustache se devine à travers la lumière bleue de la pointe de la Tour. Un flingue braqué sur mon visage, qui me coupe la vue en deux. A ma droite, une femme, attachée à la barrière de sécurité, face aux abysses. A ma gauche, même schéma, comme un miroir. Je sens également une présence derrière moi, proche des portes de l'ascenseur qui m'a amené ici je présume.

Je peux donc deviner la présence de quatres personnes, et moi même. Mon crâne me fait légèrement mal, comme si le ciel m'était tombé sur la tête. Mes yeux rouverts et mon esprit un peu brouillé, l'homme armé s'empresse de me faire la conversation.

- Je vois que Koss revient enfin parmi nous, on commençait à s'inquiéter, dit-il d'un ton un peu moqueur.

J'ai de suite reconnu cette voix un peu insupportable, en tout cas pour mes oreilles.

- On aura bientôt plus le droit de faire la sieste à Delmar, c'est ça que tu veux dire, Stuart ? Je réponds, du même ton accusateur que lui.

Son arme me touchait presque le front. C'est étonnant ce que l'on peut ressentir dans ces moments-là. La poussée d'adrénaline est telle que l'éclat de la Lune se multiplie, j'ai cette sensation de lucidité extrême, comme si mes sens s'étaient decuplés. Je ne tremble pas, je ne suffoque pas. Même mon sens de l'humour se joint à la partie. Je ne peux dire si c'est une forme de déni, si c'est comme ça que mon cerveau me protège. Mais bizarrement, pour le moment, je me sens bien, je me sens... vivant.

- C'est quand même une sacrée mise en scène tout ça tu ne trouves pas ? J'ai hâte de savoir pourquoi tu te donnes tant de mal Lieutenant, tu sais pourtant où je vis, non ? Je suppose que derrière moi, c'est bien elle, n'est-ce pas ? Abrégez moi ce moment théâtral débile s'il vous plaît, montre toi non ? J'enchaîne ironiquement, comme si je ne contrôlais plus du tout mes paroles.

J'ai senti des pas lourds de culpabilité s'avancer près de moi, et la personne dans mon dos s'est de suite placée aux côtés de Stuart.

- Alors, dis moi Koss, qu'est ce qui a bien pu me trahir ? Me demande t-elle.

Sa voix résonne dans ma tête comme les cloches de l'église de Delmar un jour d'enterrement. Au fond de moi j'avais encore espoir de faire erreur, même si je savais que cette chance était infiniment petite. Je ne me suis pas trompé.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 28 ⏰

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