CHAPITRE 18 ♠

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Lose Yourself - Eminem

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Lose Yourself - Eminem

Daegu...

Quatrième grande ville de tout le pays.

A première vue, c'est comme une belle main au poker: Tout semble très bien aligné, propre, paisible. Une ville ou les rues respirent la tranquillité, ou les montagnes se dessinent à l'horizon, comme une carte bien jouée. Mais en réalité c'est un jeu truqué, et les cartes sont marquées sous cette apparence paisible, chaque coin de rue cache un bluff, chaque sourire dissimule un calcul.

A Daegu, tu as deux options: Soit tu deviens le joueur qui cache son jeu, qui garde ses cartes près du cœur, invisible, soit tu deviens le type qui abat son jeu sur la table avec des as noirs, celui qu'on redoute, celui qu'on ne veut jamais affronter. Moi, j'ai toujours gardé mes cartes en main, silencieux, sans jamais dévoiler mon jeu. Mon quartier... c'était pas un endroit ou tu veux trainer. Un jeu de carte perdu d'avance. Une banlieue frise ou les rêves se plient sous le poids des immeubles en ruines. Les barres de béton se dressaient comme des murs de prison, et les ruelles...ces ruelles sombres, c'était comme jouer avec des cartes piégées. Après la tombée de la nuit, t'évitais d'y croiser qui que ce soit, parce que là-bas, tout le monde bluffait pour survivre. Y avait rien pour rêver, rien pour espérer, juste le bruit des vies qui s'effritent comme des cartes usées. 

Chez moi, c'était pas mieux...mes parents ? Si on peut encore les appeler comme ça. Ils étaient là, comme des pions sur un échiquier, présent physiquement, mais incapable de bouger. La plupart du temps, ils étaient juste figés, à boire, se noyer dans leurs propres défaites. Chaque jour ressemblait à une partie déjà perdu d'avance, ou ils avaient abandonné bien avant d'arriver au bout. Le roi et la reine étaient tombés depuis longtemps, et tout ce qui restait, c'était un plateau vide, des pièces dispersées, sans stratégie, sans espoir. Mon petit frère Jaehyun et moi-même, on n'était que des pions oubliés sur leur échiquier. On existait sans vraiment exister, nous étions que des ombres dans leur monde brisé. Mais tout changeait quand ils avaient trop bu. C'est là que la partie prenait une tournure différente. C'est là qu'on cessait d'être invisibles. On devenait leurs cibles les pièces qu'ils déplaçaient avec violence, sans raison, juste pour libérer leur rage. Les coups pleuvaient comme des mouvements imprévisible sur le plateau, et nous, on n'avait aucune échappatoire. 

Les insultes.

Les coups.

J'ai fini par m'habituer, c'était comme une danse macabres à laquelle tu es contraint de participer. Tu apprends vite que le silence est ta meilleure défense.

Fermer sa gueule devient instinctif, une réflexe presque naturel. Chaque jour je prenais sur moi. Parce que si tu réagis, même pas un peu, ça empire. 

Les cris montent d'un cran

La colère se déverse. 

Et tu sais que les mots peuvent faire plus de mal que les coups eux-mêmes. C'est un cycle sans fin ou chaque affrontement te laisse un peu plus abattu, un peu plus meurtri. Et le pire, c'est que tu commence à te sentir responsable, comme si c'était de ta faute si le plateau était devenu un champ de bataille. Les murs se rapprochent , l'étau se resserre, et tu sais que, peu importe à quel point tu essaies de t'échapper, tu es coincé dans ce jeu sordide, ou chaque mouvement est un rappel cruel de ta vulnérabilité. 

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 07 ⏰

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