Nos cœurs en suspens,
un an après l'orage,
le ciel ne porte plus d'arc-en-ciel,
seulement des souvenirs sombres,
mille éclats de douleur
qui brûlent encore.
Je t'ai retrouvée, Moira,
toi, comme un mirage qui n'en a pas un, au bar.
ton fauteuil comme...
Premier arrêt : je me rends au restaurant pour vérifier l'installation des nouveaux meubles. L'excitation de l'ouverture s'estompe rapidement, remplacée par une boule d'angoisse qui me serre la gorge. Et si tout cela ne se passait pas comme prévu ?
Deuxième arrêt : je passe à l'imprimerie pour récupérer les cartons d'invitation à la soirée d'ouverture. La liste des invités est presque finalisée, mais je sens la pression monter. Les questions me tourmentent : et si je n'étais pas à la hauteur ? Et si les gens ne venaient pas ?
Troisième arrêt : je rends visite à mes fournisseurs, inquiet de m'assurer que tous les ingrédients seront disponibles pour l'inauguration, prévue pour lundi prochain. Chaque pas semble lourd, et la crainte d'un échec imminent me hante.
Quatrième arrêt : je cherche un cadeau pour Moira. Qu'est-ce qui pourrait lui plaire ? Après quelques minutes à errer dans les rayons, je tombe sur un coffret contenant un joli carnet à spirale, un stylo assorti, une gomme et un taille-crayon. Parfait pour elle, qui adore écrire et dresser des listes. Mais en cet instant, un élan de tristesse m'envahit ; Eléa aurait adoré faire ce shopping avec moi, sa passion inégalée pour les petites choses me manque cruellement. Elle aurait dû être là, à mes côtés, comme avant. Voilà une bonne chose de faite, mais cela ne comble en rien le vide qu'elle a laissé.
Je regarde ma montre : il est 14 h. Le temps file, implacable, tout comme mes pensées sombres. Je mangerai en rentrant, avec mon frère. En parlant de Ken, j'ai complètement oublié de le réveiller, comme il me l'avait demandé.
Je suis parti rapidement ce matin, et j'ai beaucoup marché. Cela m'aide à extérioriser l'anxiété et le stress qui m'assaillent en ce moment. Entre la gestion de l'ouverture de mon propre restaurant et la douleur lancinante de chaque nouvelle journée qui me rappelle que la fille que j'aimais n'est plus de ce monde, il devient difficile de respirer. À chaque pensée, mon cœur s'emballe et les larmes me montent aux yeux. C'est un poids insupportable. Comment sortir de cette boucle infernale du deuil ? Et si tout foirait ? L'idée de la solitude me terrifie. Comment vais-je faire pour lui dire à quel point elle me manque, pour lui faire honorer sa mémoire ?
Trop de questions fusent dans ma tête, comme un cri désespéré. Liam doit être au fond du trou lui aussi, écrasé par la perte de sa sœur. J'espère qu'il sera présent à l'anniversaire surprise de Moira. Si c'est le cas, j'ai demandé à mon frère de ne rien lui dire sur ma présence. Liam adore les surprises. Mais même cette pensée me rend nerveux. Que se passera-t-il si je me retrouve face à lui, à devoir cacher ma douleur derrière un sourire ?
Après une longue marche de vingt minutes, je suis enfin de retour à l'appartement, épuisé. Depuis ce matin, je cours sans fin, sans pause. En ouvrant la porte, je me dirige directement vers le canapé, mon refuge temporaire.
Je m'effondre dessus, les muscles tendus par la fatigue, mais aussi par l'angoisse omniprésente qui m'étreint. Le silence de l'appartement est troublant, un contraste saisissant avec le tumulte de ma journée. C'est comme si le vide laissé par Éléa pesait sur chaque meuble, chaque ombre, chaque recoin de cet espace autrefois vibrant de vie.
Mon frère m'accueille avec une bise. — Heureux de te voir, Seb, me dit-il. Je t'attendais pour me tirer du lit à coups de pied, mais tu m'as oublié, plaisante-t-il.
Je ne dis rien, je ris simplement, mais ce rire sonne faux, comme un écho lointain de joie disparue. Je cache à peine mon malaise, un sourire aux lèvres, réalisant à quel point la vie est plus belle avec toi, mon frère. Mais la vérité est que sans Éléa, tout semble terne, comme si une partie de moi était à jamais perdue. Dans chaque instant partagé, son absence me crie à quel point elle me manque, à quel point l'amour que j'éprouve pour elle demeure indélébile, un lien éternel entre les souvenirs et le présent.
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