PDV LIAM
Le salon est baigné d'une lumière douce, tamisée par les vieilles lampes suspendues au plafond. Les murs anciens craquent légèrement sous le poids des années, et chaque détail de la pièce — des meubles patinés aux photos de famille accrochées ici et là — respire une chaleur presque nostalgique. Nous sommes là, six amis rassemblés, des verres de champagne à la main, prêts à célébrer la reine de la fête. Pourtant, un silence étrange règne, comme si l'air était suspendu à l'attente de ce moment.
Les bulles dans nos flûtes dansent doucement, capturant les reflets dorés de la lumière tamisée. Mais un malaise subtil flotte dans l'air, me saisissant. Moira n'est pas encore arrivée, et je repense à ce petit mensonge — cette histoire de bière pour une soirée factice. En réalité, il y avait bien besoin de bière, mais c'était pour cette fête-ci.
Elle sait. Moira me connaît trop bien pour être dupe. Même de dos, elle a probablement perçu ce flottement, ce léger malaise qui me trahit à chaque fois. Ce sentiment de culpabilité qui émerge lorsque je me retrouve confronté à la vérité.
La porte s'ouvre enfin, doucement, et Moira apparaît, accompagnée de Lucas. Nos cris fusent en un seul mouvement : « Surprise ! » Pourtant, quelque chose cloche dans son regard. Son sourire est présent, mais derrière cette façade de bonheur, une lueur de compréhension s'y devine. Elle a compris. Elle m'a sans doute déjà percé à jour. Ma voix, comme toujours, a dû me trahir avec ce léger tremblement que seuls ceux qui me connaissent bien peuvent détecter. Ce signe qui murmure à l'oreille : attention, il ment.
Mais qu'importe. Moira est là, son sourire immense éclaire la pièce. Derrière cette suspicion, son visage rayonne d'une émotion profonde, bien plus forte que la surprise attendue. Ses yeux, bleu-vert, brillent d'une gratitude sincère, plus éloquente que tous les mots. Lorsqu'elle lâche un « Merci ! », sa voix résonne avec tant de sincérité qu'elle emplit toute la pièce, réchauffant l'atmosphère.
Moira avance vers nous, sans fauteuil. Lucas l'a laissé dans la voiture. Chaque pas qu'elle fait est une petite victoire silencieuse, une démonstration de sa force intérieure que seuls ceux qui la connaissent vraiment peuvent apprécier. Elle se dirige d'abord vers Loïc, Ken, Lola et Zoé, et leurs bras sont déjà prêts à l'accueillir. Chaque étreinte est simple, empreinte de tendresse et de cette complicité retrouvée entre amis.
Je reste légèrement en retrait, observant la scène avec une distance respectueuse, comme un spectateur privilégié de ce moment que je voudrais graver pour toujours. À côté de moi, Sébastien ne dit rien, mais je sens son regard sur moi. Peut-être qu'il voit mon sourire un peu niais, mais c'est plus fort que moi. L'émotion me submerge. Ce moment est si simple, et pourtant, il est immense.
Alors que je croise le regard de Lucas, il me fait un signe rapide de la main. Inutile de parler, je comprends immédiatement. Je hoche la tête et me dirige vers l'entrée, où il est en train de décharger son matériel de DJ. Le fauteuil de Moira, encore plié dans le coffre, m'attend. Je l'attrape délicatement, chaque détail prenant soudain une importance particulière. Le cliquetis métallique du fauteuil lorsqu'il se déplie, la légèreté du cadre entre mes mains, et cette brise fraîche qui traverse l'entrée.Une vague d'émotions m'envahit. Je pense à Moira, à son parcours. À chaque moment où elle se passe de son fauteuil, à chaque sourire qu'elle nous offre, malgré tout ce qu'elle a traversé. Un mélange de fierté et de tendresse m'envahit, renforçant ce lien invisible mais puissant qui nous unit tous ici, dans cette maison, en cet instant précis.
Lucas s'approche, me fait la bise, le sourire complice. Sans un mot, il s'éloigne. Puis, je vois Moira. Elle s'installe tranquillement dans son fauteuil, d'un geste familier, presque naturel. Elle s'avance vers moi, ses yeux pétillants d'espièglerie. Elle se penche à mon oreille et murmure, un sourire dans la voix :
- Tu n'es pas très bon menteur, tu serais un piètre joueur au loup-garou.
Je ne peux m'empêcher de sourire malgré moi, pris au piège de sa taquinerie.
Puis, plus doucement, elle ajoute :
-Quoi qu'il en soit, je suis heureuse. Merci, Liam, d'avoir tout organisé.
Je secoue la tête en signe de dénégation, essayant de minimiser :
- Ce n'est pas moi, c'est Ken, Seb, Loïc et les filles qui ont tout préparé. Moi, je suis juste l'invité de l'invitée, j'ai ramené les bières... et ton cadeau.
Elle me fait un clin d'œil avant de se diriger vers Sébastien,
Qui la reçoit avec un sourire chaleureux.
À ce moment, il me lance un regard taquin,
Comme pour me demander si, par hasard,
Je ne lui aurais pas caché un rapprochement entre Moira et moi.
Je fais mine de rien, mais je sais qu'il me connaît comme un frère.
Ses yeux expriment une curiosité malicieuse,
Mais je lui fais confiance pour garder ce secret.Cependant, l'heure n'est pas à l'amour, mais à la fête.
Ken, avec toute la détermination d'un ami dévoué,
Se lève pour porter un toast à Moira et à son anniversaire.
C'est alors qu'elle s'avance, vers ma joue dans un murmure, presque intime,
Elle déclare : « Et à Eléa, qui nous regarde de là-haut. »À ces mots, un frisson parcourt l'assemblée.
Seb, à mes côtés, semble avoir compris le sous-entendu.
Il pose doucement sa main sur la mienne,
Un geste plein de solidarité et de compréhension.
Un lien fragile mais puissant nous unit
Dans ce moment de mémoire et d'amour,
Unissant nos souvenirs à ceux de ceux qui ne sont plus là.
Leurs esprits flottent autour de nous,
Et je sais que, bien que nous soyons en train de célébrer,
Il y a une place pour tous ceux que nous avons perdus.Dans le jardin, Lucas s'active,
Prépare la piste de danse,
Le matériel de DJ éparpillé,
Platine scintillante, câbles enchevêtrés,
PC prêt à vibrer sous le rythme à venir.Je me lève de la table,
L'élan d'aider m'aspire,
Mais Moira, douce comme le matin,
Pose sa main sur mon épaule musclée.- Laisse-le se débrouiller, murmure-t-elle,
Un sourire complice illuminant son visage,
- C'est un grand garçon, il a l'habitude.
Donne-moi mon cadeau,
J'ai hâte de découvrir ce qu'il recèle.Je lui réponds, un brin malicieux,
- Attends plutôt le dessert, non ?
- Non, me dit-elle, impatiente,
- Pourquoi pas ? questionne mon esprit.
- Parce que ce cadeau est spécial,
Il vient de toi.Ses mots résonnent,
Chargés d'émotion,
Un symbole d'amitié,
De tout ce que nous avons partagé,
L'excitation dans ses yeux
M'encourage à rompre le suspense,
À dévoiler ce trésor caché,
Dans ce moment unique,
Au cœur du jardin,
Où les souvenirs dansent avec nous.
VOUS LISEZ
Teaching Love
Roman d'amourNos cœurs en suspens, un an après l'orage, le ciel ne porte plus d'arc-en-ciel, seulement des souvenirs sombres, mille éclats de douleur qui brûlent encore. Je t'ai retrouvée, Moira, toi, comme un mirage qui n'en a pas un, au bar. ton fauteuil comme...