Conquête du désir - [bardattal]

18 - Instants suspendus

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Ce chapitre est un peu plus long que les autres, mais j'ai vraiment adoré l'écrire et je n'avais pas envie d'attendre avant de vous le partager ! J'espère que vous l'aimerez autant que j'ai aimé l'écrire ☺️

Bonne lecture 🫶🏻

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Le matin s'étirait paisiblement lorsque Jordan ouvrit les yeux, bien avant que le soleil ne se lève. À ses côtés, Gabriel dormait encore profondément, le visage détendu après une journée où les émotions avaient été intenses. Jordan le regarda un instant, une tendresse infinie dans les yeux, avant de décider de le laisser récupérer. Il savait que Gabriel en avait plus que besoin.

Silencieusement, il se glissa hors du lit, enfila ses vêtements de course et rejoignit à la cuisine pour se préparer un café rapide. L'arôme amer emplit la pièce, tranchant avec la douceur silencieuse du matin.

Avant de quitter l'appartement, Jordan laissa un mot sur la table du salon : « Parti courir. Fais comme chez toi, je ne serai pas long. »

Ses baskets foulèrent le sol glacé de la rue, ses pas se mêlant au craquement délicat de la neige sous ses pieds. Il sentait le froid pénétrer son corps, mais c'était exactement ce dont il avait besoin pour clarifier son esprit, pour expulser les tensions accumulées ces derniers jours. L'air vif semblait chasser l'angoisse, lui donnant une nouvelle force, une distance nécessaire pour faire face à tout ce qui s'était passé.

Gabriel, lui, se réveilla peu après. Le premier instant fut paisible, mais en tournant la tête, il remarqua l'absence de Jordan. Un léger froncement de sourcils s'installa alors qu'il se levait, parcourant l'appartement à sa recherche.

C'est là qu'il découvrit le mot laissé par Jordan. Un sourire discret et tendre effleura ses lèvres. Il attrapa un pull de Jordan posé sur le dossier d'une chaise et l'enfila, l'odeur familière l'enveloppant aussitôt, apaisant ses pensées troublées.

Il s'affala sur le canapé, essayant de profiter du calme environnant. Mais peu à peu, ce calme devint une source d'inconfort. Le silence auparavant apaisant, se mua en une présence lourde, oppressante. Une ombre invisible commençait à se répandre dans l'appartement, transformant ce cocon en quelque chose de plus sombre, de plus menaçant. Gabriel ferma les yeux, mais des flashs vifs, brutaux, jaillirent de son passé.

Ce silence... il ressemblait tant à celui qui avait précédé la terreur ce soir-là, dans cette vieille bâtisse où tout avait changé.

Il tenta de chasser ces pensées mais elles revenaient plus violentes, comme une rechute impitoyable. Il pouvait presque sentir à nouveau les mains rugueuses l'agripper et entendre les murmures venimeux à son oreille. Son souffle devint saccadé, chaque respiration plus difficile que la précédente. Il se recroquevilla sur lui-même, cherchant à se protéger de cette tempête intérieure.