2 - Provocation sans écho

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3 semaines plus tard

Gabriel était assis à son bureau, les doigts crispés sur son clavier. L'écran devant lui affichait des lignes et des lignes de texte, des paragraphes qu'il avait écrits, effacés, puis réécrits dans une quête interminable de la phrase parfaite. Il était déjà tard, la rédaction était presque vide, les bureaux plongés dans une semi-obscurité que seules les lueurs des écrans venaient perturber. Le tic-tac de l'horloge résonnait comme un métronome dans sa tête, chaque seconde qui passait ajoutant un peu plus de tension à ses nerfs.

Ça faisait des semaines qu'il travaillait sur cet article, un sujet sensible, complexe, qui demande une rigueur et une précision presque obsessionnelles. Mais cette dernière semaine avait surpassé toutes les dernières en matière de stress et de contraintes. Certains de ses contacts avaient finalement refusé de lui parler, d'autre changeaient de discours après avoir eu une discussion avec leurs supérieurs, et il avait accumulé tellement de fatigue qu'il somnolait parfois en écrivant. Son responsable était venu le voir pour le mettre en garde, lui rappelant l'échéance qui arrivait à grand pas et, il le savait, déterminerait son avenir dans le journal.

Il poussa un profond soupir de fatigue et d'angoisse, il n'était contrôlé que par ces seuls sentiments désormais. À mesure que les jours passaient, l'enthousiasme et la motivation qu'il avait emmagasinés en commençant son article, s'effritaient doucement entre ses doigts, fragilisant tout son être intérieur.

Chaque mot lui coûtait, chaque phrase lui semblait imparfaite. Il dormait peu – voire pas du tout – se réveillait avec des idées qui tournaient en boucle dans son crâne – lui causant quotidiennement des migraines – le poussant à se lever en pleine nuit pour griffonner quelques notes sur son carnet déjà rempli de ratures.

Les cafés s'accumulaient sur son bureau, témoins silencieux de ses nuits blanches. Il les buvait sans même y penser, cherchant désespérément à tenir le rythme, à chasser l'épuisement qui pesait sur ses épaules. Ses collègues avaient rapidement remarqué le changement de comportement : Gabriel, habituellement calme, avenant et aimable, était devenu irritable, grognon et envoyait balader tous ceux qui tentaient de le faire revenir à la raison. Il s'enfermait dans sa bulle, réagissant brusquement aux interruptions, refusant l'aide qu'on lui proposait.

Gabriel n'écoutait plus. Il était obsédé, comme pris au piège de son propre travail. L'article devait être parfait, il le savait, il le sentait, comme une injonction impérieuse qui lui martelait le crâne.

Stéphane était inquiet. Lors de leur appel la semaine précédente, il avait immédiatement perçu la tension dans la voix de Gabriel. Son meilleur ami, d'ordinaire si passionné et engagé dans ses projets, semblait au bord du gouffre. Gabriel avait toujours été capable de se plonger corps et âme dans son travail, mais cette fois, Stéphane sentait que la situation avait dérapé. Sans se laisser décourager par les refus constants de Gabriel, il avait décidé de passer le voir. Son inquiétude grandissait chaque jour, devenant impossible à ignorer. Et lorsqu'il avait enfin aperçu Gabriel, l'angoisse s'était changée en véritable choc. Le voir dans cet état, épuisé et usé, lui avait donné des sueurs froides.

Conquête du désir - [bardattal]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant