BLINDLY [Sous contrat d'édition chez &H]

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟑

Miller

Ces derniers temps, je suis de plus en plus en contrôle. Louis ne reprend le dessus que rarement. Peut-être parce que, même quand c'est lui qui dirige notre corps, il se fait passer pour moi. Lui qui hait tant mon caractère, le voilà qui l'imite. Quelle douce vengeance pour moi.

Tout ça pour une fille. Il est si vulnérable, mais quand il s'agit d'elle, c'est encore pire. Il est obsédé par elle, c'est comme s'il ne voyait qu'elle. Rien autour n'existe, son monde se résume à Aylin Yildiz. C'est effrayant, mais d'un autre côté, je ne peux pas le juger.

Notre vie n'est pas toute rose, alors s'il trouve du réconfort chez elle, ce n'est pas complètement insensé. Je pense juste que je ne comprends pas, ça ne m'est jamais arrivé d'être amoureux, je n'y ai même jamais pensé. Ma seule utilité c'était de supporter la douleur et la peur.

Cependant, plus je passe de temps avec elle, plus je ressens des choses qui me sont inconnues. Un peu comme les sentiments qui m'envahissaient quand je passais du temps avec Elise. Elle est la première personne à m'avoir apporté de la chaleur. C'est dommage qu'elle ait tout gâché, j'aurais aimé découvrir d'autres émotions à ses côtés.

En parlant d'Aylin, ça fait une semaine qu'elle ne vient plus en cours. D'après les rumeurs, son petit frère serait atteint d'une leucémie. Mais je ne me fis jamais au bruit de couloir. Même si le visage morne avec lequel se promène Alec à Rivera prouve qu'il s'est passé quelque chose de grave.

Mon téléphone sonne et me sort de mes réflexions. Je constate que je ne connais pas ce numéro, mais décroche quand même.

— Allô ?

— Miller, c'est moi, s'écrie une voix féminine. S'il te plaît, ne raccroche pas tout de suite.

Mon corps entier se paralyse sur le champ. C'est un démon de mon passé qui refait surface.

Elise.

On s'était promis Louis et moi de ne plus lui adresser la parole. Pourtant, je ne peux m'empêcher de réprimer la rancœur qui monte en moi. Je ne lui ai pas parlé depuis le fameux jour où on a quitté l'hôpital en trombe. Les mots franchissent mes lèvres sans même que je n'aie le temps de les contrôler.

— Comme oses-tu m'appeler après ce que t'as fait ? hurlé-je en serrant le téléphone si fort que je crains qu'il ne se brise.

Ces pulsions de violence qui m'habitent se déchaînent en moi.

— Je...Je peux tout t'expliquer Miller, braille-t-elle déstabilisé. Ce n'est pas ce que tu crois.

— Pas ce que je crois ? murmuré-je cynique. Tu es vraiment folle, ma pauvre.

— Arrête, ne dit plus jamais ça, je t'aime Miller, sanglote-t-elle d'un air meurtri. Je ferais tout pour toi et tu le sais. S'il te plaît, laisse-moi une seconde chance.

Mais comment ose-t-elle ?

Détester est un mot trop faible pour décrire ce que je ressens envers elle.

— Je te souhaite tout le malheur du monde, Elise, hurlé-je avec rage. Surtout, ne me rappelle jamais, c'est clair ? Ou alors je révélerais tout ce que tu as fait.

— Personne ne t'aimera jamais autant que moi Miller, pers...

Je lui raccroche au nez pour la faire taire. Le son de sa voix suffit à me donner envie de vomir. Tout m'horripile chez elle, désormais. On a tous des regrets. Des erreurs que l'on aurait préféré ne pas commettre. Moi, j'aurais apprécié ne jamais la rencontrer.

Flashback

Il y a deux ans et demi, soirée de la disparition de Vancouver.

Qu'est-ce que j'ai fait, mais qu'est-ce que j'ai fait !