Chaleur Hivernale

Chapitre 19

La nuit fut longue et pleine de réflexions. Sa plus grande question : quel sentiment éprouvait-elle et étaient-ils réciproques ? Elle descendit de sa chambre pour aller dans la cuisine et prendre son déjeuner.

- Au fait, Erine, l'hôpital a téléphoné, ton cousin devrait sortir dans l'après-midi. Ils sont surpris de la vitesse à laquelle il s'est remis de ses blessures.

Elle leva la tête vers son ami et lui fit un signe d'approbation timide. Il enchaîna sur autre chose.

- Alexandre n'a pas dormi ici ?

- Ferme-la, Vincent.

Il ne méritait pas une telle réponse, mais Erine avait tellement la tête ailleurs. La matinée passa rapidement, et les préparatifs de son anniversaire s'achevaient petit à petit. Le groupe d'amis avait réservé un petit bar pour l'occasion. À l'heure actuelle, tout le monde se retrouvait sur place, et Erine finissait de s'apprêter. La reine de la fête se fait toujours désirer, non ? Un bruit dans son dos la sortit immédiatement de ses pensées. Quand elle se retourna, elle tomba nez à nez avec son beau vampire qu'elle désirait tant. Elle resta les bras ballants, sans savoir quoi dire ni quoi faire. L'homme à l'origine de toutes ses prises de tête se tenait devant elle, vêtu de vêtements sales et avec une mine affreuse...

- Je... dois aller me doucher.

- Al... Alex, tu vas bien ? Tu as une sale mine.

- Trois jours d'abstinence.

Il ne rajouta rien et se dirigea vers la salle de bain pour se doucher. Trois jours d'abstinence ? De sang, forcément, en conclut-elle aussitôt. Étrange de faire le rapprochement si vite... Mais où était-il passé pendant tout ce temps ? Vu son état, il avait dû rester dehors. Elle secoua la tête pour chasser les pensées qui se bousculaient dans son esprit. Erine se rappela alors qu'il n'y avait plus de serviette dans la chambre, car elle les avait toutes mises à sécher la veille. Elle décida alors de monter lui en donner une. La jeune femme frappa à la porte pour ne pas tomber sur quelque chose d'indécemment sexy...

- Alexandre ? J'ai une serviette de bain pour toi.

Aussitôt, la porte en bois s'ouvrit, et un homme complètement nu et trempé l'avait remplacée.

- Tu as quoi pour moi ? Elle resta complètement figée, devenant rouge écarlate.

- Non mais, tu ne vas pas bien dans ta tête !

La rouquine lui lança la serviette à la figure avant de s'enfuir dans la chambre en criant :

- La pudeur, tu connais ? Ou les gens de ton espèce se trimballent nus ?

Il fut pris d'un fou rire en voyant la gêne de la jolie créature devant lui. Il entoura maladroitement la serviette autour de sa taille tout en courant derrière l'objet de ses désirs. De nouveau face à Erine, Alexandre planta son regard dans le sien, une étincelle dans les yeux. Il lui prit délicatement les avant-bras, mais avec une certaine vigueur malgré tout. Les joues de la jolie rouquine bouillonnaient, et elle sentait une douce chaleur apparaître dans son bas-ventre. Plaquée contre le mur, il tenait du bout des doigts son menton, et de l'autre, il caressait finement sa nuque.

- Tu sais, il y a un moyen de remédier à cette abstinence non désirée...

Un sourire malicieux et plein de sous-entendus se dessina sur son visage creusé et maladif. Pour la jeune femme, ce furent des images de lui et elle sur le lit... Elle ne put s'empêcher de jeter un regard furtif vers celui-ci. Mon Dieu, ma vieille, ressaisis-toi ! C'est un buveur de sang, sans âme et sans cœur, essaya-t-elle de se convaincre. Mais Alexandre hantait ses nuits et son esprit depuis l'altercation de la dernière fois. Chacune de ses nuits et de ses rêves finissait souvent de façon très érotique...

- Moi qui te pensais coincée, voilà que tu as ce genre de désir vis-à-vis de moi ? Il laissa échapper un petit rire qui ne la laissa pas indifférente.

- En même temps, tu veux que je pense à quoi quand tu te présentes dans cette tenue ? Par tous les saints, enfile au moins cette serviette correctement ! Résigné, il ajusta un peu mieux sa serviette autour de sa taille tout en se collant à la rouquine, histoire qu'elle ne s'enfuie pas...

- Si tu n'insinuais pas ça... Que voulais-tu alors ? questionna Erine.

Il s'approcha de son cou et y déposa plusieurs baisers délicieux.

- Trois jours sans rien boire... des mois que je résiste à cette fabuleuse liqueur qui coule dans tes veines...Sa voix était devenue rauque.

- Tu veux mon sang ? dit-elle, apeurée.

- Je ne te le prendrai pas de force... Je veux que ce soit toi qui acceptes.

- Mais enfin, c'est mon sang que tu veux, je ne suis pas comme toi.

- Je ne te demande pas tout ton sang, juste suffisamment pour me redonner vie et... Sa main effleura sa joue.

- Enfin goûter à cette liqueur. Je lutte depuis que je te connais pour ne pas commettre l'impardonnable.

Le laisser boire son sang ? Devrait-elle vraiment laisser faire une chose aussi malsaine ? Mais, pour une fois, il le demandait, et il était tellement dans un sale état... Elle passa ses cheveux de l'autre côté, dégageant ainsi sa nuque pour lui laisser l'accès. Il regarda sa proie avec une étincelle dans les yeux, scrutant son visage pour savoir s'il pouvait vraiment y aller. Elle lui répondit par un faible sourire et ferma les yeux. Alors, elle sentit son souffle chaud effleurer sa peau, puis ses lèvres humides et entrouvertes se poser sur son cou. Des frissons la parcoururent, et lorsque la pointe de ses dents commença doucement à percer sa peau, elle se raidit. Il prit l'objet de ses désirs par la taille pour la rapprocher de lui. Le contact de sa peau chaude et humide parvint à apaiser la jeune femme, mais les dents qui transperçaient sa chair et aspiraient son sang la ramenèrent rapidement à la réalité. Le temps lui semblait interminable, et ses jambes commençaient peu à peu à céder. Alexandre resserra sa prise afin que la pauvre créature ne s'écrase pas au sol, puis il arrêta de se délecter du fruit défendu. Il plongea son regard dans celui d'Erine, comme pour s'assurer qu'elle allait bien.

- Je suis fatigué.

- Désolé de te faire subir ça.

Par la suite, il transporta le corps vidé de ses forces de la rouquine jusqu'au lit, où il la déposa avec délicatesse. Il remit une petite mèche rebelle derrière son oreille, et elle se mit à le dévisager. Un frisson parcourut tout le long de sa colonne vertébrale en remontant jusqu'à sa nuque. L'homme devant elle l'avait réellement ensorcelée. Elle le sentit se pencher vers elle pour déposer un baiser furtif sur ses lèvres. Il se releva et regarda la jolie créature intensément dans les yeux, cherchant à savoir ce qui se passait dans sa tête. Le corps du vampire ne voulait qu'une chose, et cette fois-ci, ce n'était guère le sang. Il voulait la faire sienne, mais il prit une profonde respiration pour remettre ses idées en place. Il enfila rapidement un jean qui traînait par terre ainsi qu'un t-shirt noir, puis rejoignit avec douceur l'objet de ses désirs, déjà emportée par le sommeil. Il ne tarda pas à la rejoindre, fatigué par les émotions.