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Albus avait passé toutes les vacances d'Halloween à ressasser la même pensée : son attitude envers Scorpius. Le poids de ce secret l'avait presque paralysé, l'empêchant d'écrire ne serait-ce qu'une seule lettre à son ami. Chaque fois qu'il prenait sa plume, il se retrouvait incapable de mettre des mots sur ses sentiments, figé par la peur de perdre leur amitié ou, pire encore, de voir Scorpius le rejeter. L'anxiété grandissait à chaque jour qui passait, et Albus se sentait de plus en plus coupable. Comment allait-il pouvoir affronter Scorpius après l'avoir ignoré tout ce temps ?

Le retour à Poudlard était imminent, et Albus sentait la boule dans son estomac se resserrer à chaque minute qui le rapprochait du départ. De retour à l'école, il se retrouva face à une réalité encore plus dure qu'il ne l'avait imaginée : Scorpius l'évitait. Le premier jour, Albus avait cherché son ami dans le train, espérant pouvoir lui parler et lui expliquer pourquoi il n'avait donné aucune nouvelle. Mais Scorpius n'était nulle part. Pas dans leur compartiment habituel, ni dans la Grande Salle. Lorsqu'Albus l'aperçut enfin, il eut l'impression que Scorpius faisait tout son possible pour l'ignorer, détournant la tête chaque fois qu'il s'approchait.

Ce manège continua plusieurs jours après leur arrivée à Poudlard. Albus tentait de croiser Scorpius dans les couloirs, dans les cours de potions où ils étaient partenaires, ou même dans la bibliothèque. À chaque fois, Scorpius l'évitait soigneusement, son visage marqué d'un air blessé et froid, évitant inévitablement tout contact visuel. Albus se sentait de plus en plus misérable, sachant que la distance entre eux était entièrement de sa faute.

Un soir, alors que le crépuscule tombait sur les vastes terrains de Poudlard, Albus prit une décision. Il devait affronter Scorpius, lui parler, tout lui expliquer. Même s'il risquait de briser leur amitié, il ne pouvait plus supporter cette distance. Il sortit précipitamment de la salle commune des Serpentard, le cœur battant à tout rompre, et se dirigea vers le parc, là où il savait que Scorpius aimait passer du temps en solitaire, près du grand saule pleureur.

Scorpius était assis sur une pierre près de l'arbre, son visage tourné vers le lac noir. Albus inspira profondément et s'approcha lentement. Avant qu'il ne puisse parler, Scorpius leva la tête, et son regard se durcit instantanément.

— Qu'est-ce que tu veux, Albus ? demanda Scorpius.

La froideur dans la voix de Scorpius fit battre le cœur d'Albus plus vite, mais il ne se laissa pas décourager. Il devait lui dire la vérité, même si cela signifiait tout perdre.

— Je... je suis désolé, Scorpius. Je sais que j'aurais dû t'écrire, mais c'était compliqué. Je ne savais pas comment...

Scorpius se leva brusquement, son visage marqué par la colère et la douleur.

— Compliqué ? Vraiment ? Ça t'était trop compliqué de m'envoyer une foutue lettre ? De me dire que tu étais occupé ? Tu m'as complètement ignoré pendant des semaines, Albus. Je ne comprends même pas pourquoi !

Albus recula d'un pas, abasourdi par l'intensité de la réaction de Scorpius. Il n'avait jamais vu son ami aussi en colère.

— J'étais là, à me demander si tu allais bien, si j'avais fait quelque chose de mal. Mais toi, tu t'es contenté de m'éviter, comme si je n'étais rien pour toi. Comme si je ne comptais plus, continua Scorpius.

Albus sentit ses yeux picoter sous le poids des larmes. La douleur dans la voix de Scorpius était trop difficile à supporter.

— Non, Scorpius... tu te trompes. Si je t'ai évité, c'est parce que... je ne savais pas comment te dire...

Scorpius le fixait intensément, attendant une explication qui ferait sens, qui justifierait cette trahison. Albus ne se trouvait toujours pas les mots. Finalement, incapable de retenir plus longtemps ses émotions, il éclata :

— Je t'ai évité parce que... parce que je suis tombé amoureux de toi !

Le silence qui suivit fut assourdissant. Scorpius resta figé, ses yeux écarquillés de surprise, comme s'il n'arrivait pas à comprendre ce qu'Albus venait de dire. Le cœur battant à tout rompre, Albus sentit la honte le submerger, et il fit un mouvement pour partir, trop embarrassé pour rester une seconde de plus.

Mais avant qu'il ne puisse faire un pas, Scorpius attrapa fermement son poignet.

— Attends, Al...

Albus est figé, incapable de bouger ou de respirer. Il tourna lentement la tête, son regard brouillé par les larmes, pour voir Scorpius qui le regardait intensément, ses propres yeux brillants d'une émotion qu'Albus ne pouvait identifier.

— Si tu me l'avais dit plus tôt, au lieu de m'éviter... tu aurais su que moi aussi, je suis amoureux de toi, espèce de chouette entêtée, déclara Scorpius.

Albus cligna des yeux, incrédule, pensant qu'il avait mal entendu.

— Quoi ? Vraiment ?

Scorpius hocha la tête, un sourire timide se dessinant sur ses lèvres. Il tira doucement Albus vers lui et, avant qu'Albus ne puisse réagir, le serra dans ses bras. Le monde semblait s'arrêter pour Albus, qui s'abandonna à cette étreinte réconfortante. Tout le stress, la peur et la culpabilité qu'il avait accumulées ces derniers mois s'évanouirent instantanément.

Leurs corps se touchèrent, et pendant un instant, tout le reste disparut. Scorpius posa son front contre celui d'Albus, leurs souffles se mêlant.

— Comment as-tu pu penser que je te rejetterais ? Toi, Albus Potter, tu as toujours été bien plus pour moi que tu ne le sais.

Albus se détacha légèrement de lui, juste assez pour le regarder dans les yeux, cherchant une confirmation dans les prunelles grises de Scorpius. Et il y trouva une tendresse sincère, un amour réciproque qu'il n'avait jamais osé espérer.

— Je n'arrive pas à y croire...

— Eh bien, crois-le, parce que c'est la vérité, répondit Scorpius.

Leurs visages étaient maintenant si proches que leurs souffles se mêlaient sous la lumière tamisée du crépuscule. Albus, sentant son cœur battre à toute allure, ne pouvait plus détourner son regard de celui de Scorpius. Lentement, sans un mot de plus, ils comblèrent l'espace qui les séparait. Leurs lèvres se rencontrèrent dans un baiser doux, hésitant, puis plus profond, comme une promesse silencieuse.

Albus se hissa sur la pointe des pieds, ses bras glissant autour du cou de Scorpius, cherchant à combler la différence de taille. Scorpius répondit à son étreinte en l'enlaçant fermement, ses mains se pressant dans le bas de son dos, comme s'il ne voulait jamais le laisser partir. Leur baiser se fit plus intense, empli de tout ce qu'ils n'avaient jamais su se dire. Lorsqu'ils se séparèrent doucement, Albus resta accroché à lui, leurs fronts toujours pressés l'un contre l'autre.

— Je t'aime...

Scorpius lui sourit tendrement.

— Moi aussi, idiot.

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un Potter à Serpentard..Où les histoires vivent. Découvrez maintenant