« À défaut de ne plus t'occuper des panthères, tu brosses les chevaux maintenant ? » lança Niklaus, un sourire narquois aux lèvres. Sa remarque déclencha les rires moqueurs de la fratrie, résonnant dans les écuries comme un écho amer. Mais Ariadna, elle, ne broncha pas. Elle garda les yeux fixés sur la crinière du cheval qu'elle peignait, ses gestes calmes et mesurés contrastant avec l'agitation autour d'elle. Ignorer leurs piques était devenu une seconde nature, tout comme feindre l'indifférence.
Ils pouvaient bien essayer de détendre l'atmosphère par leurs plaisanteries et agir comme si rien n'avait changé, mais pour elle, tout était différent. La blessure qu'ils avaient laissée derrière eux n'avait pas encore cicatrisé. La trahison, même involontaire, avait planté ses racines profondément dans son cœur, et aucun sourire ou rire partagé ne suffirait à en effacer les marques. La douleur était encore là, tapie juste sous la surface, et chaque remarque de Niklaus ou des autres ne faisait que la raviver.
Elle passa une dernière fois la brosse sur le flanc de l'animal, ses mouvements devenant plus fermes, presque mécaniques. « Vous avez fini ? » lâcha-t-elle enfin, le regard toujours rivé sur le cheval. Il y avait une froideur dans sa voix, un ton glacial qui dénotait de sa résolution à ne plus se laisser atteindre. Elle ne leur offrirait pas le spectacle de sa vulnérabilité, pas cette fois.
Niklaus, réalisant qu'il n'obtiendrait aucune réaction de sa part, haussa les épaules avec un air nonchalant. « Toujours aussi froide, Ari, » murmura-t-il en s'éloignant, tandis que les autres s'éparpillaient, leur amusement estompé par le silence qui s'installait à nouveau.
Ariadna enfila ses gants avec une détermination glaciale, ignorant délibérément les regards de ses frères. Sans un mot de plus, elle monta en selle, ses mouvements précis et calculés. « J'ai hâte de voir tes talents de dresseur, Rhys, » lança-t-elle d'une voix mordante. Ses yeux d'émeraude se fixèrent sur lui avec une lueur de défi. « La chasse va commencer... impressionne-nous, » ajouta-t-elle, un sourire sarcastique se dessinant sur ses lèvres.
Elle tira légèrement sur les rênes, et le cheval s'ébranla hors de l'écurie, ses sabots résonnant sur les pavés. Le groupe de chasse s'était déjà formé à l'orée du bois, une alliance d'hommes des maisons Argent et Targaryen. Son père, son oncle, et d'autres cavaliers en armure attendaient, leurs montures piaffant d'impatience. Les Panthères étaient aussi prêtes, leurs muscles tendus, les yeux luisants d'une lueur sauvage, réclamant l'excitation de la chasse à venir.
Ariadna savait que Rhys, malgré son arrogance, ne maîtrisait pas vraiment l'art de la fauconnerie ou du dressage des panthères. Il avait toujours peiné à contrôler Ébère, son propre compagnon, alors comment pouvait-il espérer diriger quinze jeunes fauves en pleine traque ? Elle connaissait ces bêtes mieux que quiconque, leurs instincts, leurs humeurs. C'était elle qui les avait dressées, qui leur avait appris à obéir à une voix humaine malgré la puissance de leurs instincts primaires. Leur nature sauvage ne se laissait pas dompter si facilement, et aujourd'hui, son frère allait le découvrir à ses dépens.
Alors qu'elle rejoignait le reste du groupe, Ariadna retint un sourire en coin. Elle ne pouvait s'empêcher d'éprouver une certaine satisfaction à l'idée de voir Rhys échouer. Peut-être était-ce mesquin, mais après ce qu'on lui avait infligé, elle estimait que c'était bien mérité. Elle n'attendait rien de moins qu'un désastre, une démonstration éclatante de l'incompétence de son frère, qui serait aussi une remise en question silencieuse de la décision de son père. Dominik aurait beau se fier à Rhys, il ne pourrait plus nier la vérité une fois que les panthères, libérées de leur enclos, laisseraient libre cours à leur nature indomptée.
Lorsqu'elle se rangea aux côtés de son père, elle sentit son regard peser sur elle, mais elle ne lui accorda pas la moindre attention. Elle se contenta de caresser l'encolure de son cheval, ses doigts glissant sur les poils soyeux comme pour apaiser la tension qui l'habitait. Elle était prête à observer le chaos imminent, prête à voir Rhys lutter pour maintenir l'ordre parmi les bêtes, et surtout, à savourer la réaction de Dominik lorsque les jeunes panthères montreraient leur vraie nature.
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HOUSE ARGENT || HOUSE OF THE DRAGON
FanfictionL'ombre des fils, la prunelle d'une mère. Elle était la beauté et la peur en même temps, tous l'appréhendait, à la simple évocation de son nom, les yeux et les regards fuillait. Agressive, elle étais le reflet de ses frères, manipulatrice, elle inca...