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Les petites panthères, nées il y a à peine une semaine de la portée de Nixaris, étaient des boules de poils maladroites et adorables. Ariadna avait décidé de les déplacer dans sa chambre, un geste à la fois protecteur et réconfortant dans une période où elle se sentait particulièrement vulnérable. Elle tenait quatre des petits dans ses bras, leurs corps chauds et moelleux contre elle, tandis que Nix, la mère attentive, transportait un autre petit entre ses mâchoires, le suivant d'un pas léger et presque dansant. Les petits animaient l'espace autour d'eux, leurs miaulements aigus brisant le silence pesant qui s'était installé dans la vie d'Ariadna.

Il en manquait encore deux, restés dans les écuries, mais elle avait hâte de les ramener. Chaque petit mouvement des panthères lui apportait une bouffée de chaleur, une distraction bienvenue face à l'atmosphère lourde de tension qui l'enveloppait. Cependant, malgré la joie que ces petits êtres suscitaient en elle, la sombre réalité de sa situation la poursuivait comme une ombre.

Ariadna n'avait pas échangé un mot avec ses frères depuis hier. L'absence de leurs rires familiers et de leurs taquineries était devenue un vide, une absence qu'elle ressentait presque physiquement. Chaque bruit, chaque éclat de voix provenant de la grande salle lui faisait l'effet d'une cloche résonnante, lui rappelant son isolement. Les rires des invités, les chuchotements de ceux qui l'entouraient, résonnaient dans son esprit comme des échos lointains, intensifiant sa frustration. Ce contraste avec son propre silence était déchirant et, pour la jeune femme, chaque son lui était douloureux, amplifiant la rancœur et la tristesse qui bouillonnaient en elle.

On pouvait le sentir dans la crispation de ses gestes, chaque mouvement étant chargé de tension. Ses bras se fermaient un peu plus autour des petits, les serrant avec une force qui trahissait son agitation intérieure. Ses yeux, d'un vert profond, lançaient des éclairs, traduisant la colère refoulée contre ses frères et le monde entier. Elle se battait contre la sensation d'être piégée, de voir ses choix et sa liberté réduits à néant par la surprotection de ses proches.

Ariadna avait toujours été indépendante, une force de la nature, mais aujourd'hui, elle se sentait prise au piège dans un rôle qui ne lui convenait pas. Le regard des autres, même celui des panthères, lui rappelait qu'elle était observée, jugée, et cela lui pesait. Ces petites créatures, innocentes et pleines de vie, représentaient la liberté qu'elle désirait ardemment, une vie où elle pouvait choisir ses propres compagnons sans crainte d'être contrôlée ou jugée.

Alors qu'elle avançait dans le couloir, le cœur lourd, elle se demanda combien de temps encore elle pourrait supporter cette pression. Ces petites panthères, bien que réconfortantes, ne pourraient jamais remplacer la connexion qu'elle avait perdue avec ses frères. Elle espérait que, bientôt, elle pourrait leur parler de ce qu'elle ressentait, mais pour l'instant, elle se contentait de porter avec elle le poids de son silence et celui de son indignation, tout en s'agrippant aux petites vies qu'elle avait choisies de protéger.

Elle ressortit de sa chambre, déterminée, ses pas résonnant avec un claquement régulier des talons de ses bottes sur le sol en pierre. L'écho de ses pas la ramenait à la réalité, chaque bruit la reconnectant à un monde extérieur qu'elle avait temporairement fui. Nixaris, sa fidèle compagne, marchait à ses côtés, son pas lent et mesuré contrastant avec l'agitation qui bouillonnait en Ariadna. Même dans ces moments où elle se sentait prête à commettre un fratricide contre l'un de ses frères, Nixaris restait stoïque, une présence rassurante qui la suivait comme une ombre.

Soudain, au loin, la silhouette de la reine Alicent et de son fils apparut, comme un mirage dans l'atmosphère tendue de l'après-midi. Ariadna ne connaissait pas encore le nom de l'enfant, mais elle pouvait le reconnaître à son œil unique, d'un bleu perçant qui semblait pouvoir lire les pensées les plus secrètes. Le cache-œil qu'il portait ajoutait à son allure un air mystérieux, presque inquiétant. En voyant ces figures royales s'approcher, elle ralentit légèrement son pas, hésitant entre l'envie de fuir et le besoin de faire bonne figure. Elle salua Alicent d'un faible sourire, un geste de courtoisie dont elle espérait qu'il masquerait son trouble intérieur.

HOUSE ARGENT || HOUSE OF THE DRAGON Où les histoires vivent. Découvrez maintenant