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Ariadna observait le château se transformer, chaque pierre semblant polie avec une ferveur nouvelle, chaque salle se parant d'une grandeur qu'elle n'avait jamais remarquée auparavant. Les lustres brillaient de mille feux alors que les domestiques s'affairaient à les suspendre avec précaution, et les pièces, d'ordinaire silencieuses et austères, prenaient vie sous les préparatifs incessants pour l'arrivée imminente des Targaryen et de leurs dragons. Les corridors résonnaient des échos de l'agitation, des ordres criés d'un bout à l'autre, tandis que le château de Noxombre, d'habitude si froid, s'apprêtait à recevoir une chaleur venue du Sud.

Parmi ceux qui attendaient impatiemment cette visite, nul n'était plus exalté que Quetsyah. Ariadna l'avait aperçue, un peu plus tôt, dans ses appartements, entourée de ses suivantes et essayant robe après robe, de toutes les couleurs, comme pour rivaliser avec l'éclat des flammes des dragons eux-mêmes. La cousine semblait déterminée à séduire Daeron Targaryen, bien que leur mariage soit déjà arrangé, assuré par des alliances et des serments. Ariadna ne comprenait pas cette obsession de plaire au-delà du nécessaire. À ses yeux, l'union entre Quetsyah et Daeron était une affaire scellée, plus une question de politique que de sentiments. À quoi bon se donner tant de mal pour gagner l'affection d'un homme qui lui était déjà promis par les convenances ? Cette pensée lui laissait un goût amer, mêlé d'une pointe d'agacement.

En bas, elle fixait les domestiques qui ajustaient les lourds lustres au centre de la grande salle, ses bras croisés et son regard chargé d'un désintérêt manifeste. Le bourdonnement incessant des rires étouffés et des chuchotements venant des appartements de Quetsyah résonnait jusqu'à elle, vibrant dans l'air comme une mélodie agaçante qui chatouillait ses nerfs. La frivolité de ces préparatifs la dérangeait plus qu'elle n'aurait voulu l'admettre. Elle, qui avait grandi dans un environnement où le devoir et l'honneur primaient sur les vanités, ne comprenait pas l'excitation des jeunes femmes à l'idée de recevoir une maison aussi prestigieuse que celle des Targaryen. Pour elle, ce n'était qu'une autre étape dans la longue suite d'intrigues et de manœuvres politiques qui rythmaient leur existence.

En outre, l'arrivée des dragons apportait une ombre de danger qui échappait aux préoccupations futiles de Quetsyah. Les Targaryen étaient réputés pour leur tempérament imprévisible et leurs ambitions ardentes, et leur venue à Noxombre ne serait pas qu'un simple événement festif. Les accords se scellaient dans le sang et le feu, et Ariadna savait que les alliances étaient aussi fragiles que la lueur des chandelles qui vacillaient autour d'elle. Si elle restait indifférente aux frivolités vestimentaires de sa cousine, c'était parce qu'elle pressentait que ces jours de préparatifs festifs cachaient des enjeux plus sombres, des tensions qui se révéleraient sous la surface lisse des sourires diplomatiques.

Alors qu'elle se tenait dans l'ombre, Ariadna pensait aux véritables raisons de la visite des Targaryen. Le mariage n'était pas qu'un acte symbolique d'union entre deux maisons. C'était une manière de fortifier des alliances, d'accroître la puissance des Argent et d'élargir leur influence au-delà du Nord. Quetsyah, dans sa robe soigneusement choisie, n'était qu'un pion sur l'échiquier des ambitions de leur famille, et Daeron, malgré toute sa noblesse, n'était pas plus qu'une pièce à manipuler dans cette partie complexe. Pour Ariadna, les enjeux dépassaient de loin les fioritures des tissus ou la coquetterie d'une apparence travaillée.

Elle soupira, laissant ses pensées vagabonder vers la suite. L'arrivée des dragons allait-elle vraiment changer le cours des choses à Noxombre, ou ne serait-ce qu'un autre chapitre dans le récit sans fin de leurs luttes de pouvoir ? Quoi qu'il en soit, elle était prête à affronter ce qui viendrait, consciente que derrière les sourires et les serments, il y avait toujours une menace prête à surgir.

« Boo ! » La voix familière surgit à sa droite, brisant le silence des couloirs et faisant sursauter Ariadna. Elle tourna la tête, le cœur battant plus fort, pour voir Niklaus, son frère, éclater de rire devant son visage incrédule et son regard lourd de reproches.

HOUSE ARGENT || HOUSE OF THE DRAGON Où les histoires vivent. Découvrez maintenant