L'appel de la tronçonneuse - jour 29

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Leatherface, la mâchoire serrée sous son masque de peau, était assis sur une vieille chaise grinçante dans l'ombre de son atelier. Depuis trois jours, sa tronçonneuse n'avait pas rugi. Un silence pesant régnait dans la maison décrépite où même le vent s'abstenait de murmurer. Il regardait fixement la machine silencieuse, posée sur l'établi poussiéreux, comme s'il attendait qu'elle lui parle. Mais rien. Pas une vibration, pas un bruit. Rien d'autre que le vide.

— T'as perdu la main, mon vieux, grogna-t-il pour lui-même, la voix étouffée par le masque.

Il passa la main sur sa lame fétiche, une douce caresse métallique, mais l'étincelle n'y était plus. Il soupira, un son grave qui ressemblait plus à un rugissement retenu. L'automne était bien là, et même pour un tueur en série, cette saison pouvait provoquer une certaine... lassitude.

Le jour déclinait, laissant entrer une lumière orangée à travers les fenêtres brisées. Les feuilles mortes virevoltaient dehors, en contraste frappant avec l'immobilité de Leatherface. Il se leva lourdement, ses bottes claquant sur le sol de béton de l'atelier. D'habitude, le simple bruit de la tronçonneuse suffirait à faire frémir les nerfs, à éveiller cette faim, ce désir d'entendre les cris de ses victimes se mêler au rugissement mécanique.

Mais là, rien. Comme si quelque chose s'était éteint en lui.

Il s'approcha du miroir fendu au coin de la pièce et observa son propre reflet. Le masque de cuir humain, habituellement si rassurant, lui paraissait soudain dérisoire. Les coutures étaient usées, la peau pendait de façon irrégulière. Même sa fidèle tronçonneuse, bien que brillante et prête à servir, ne lui donnait plus la moindre excitation. C'était comme un écrivain devant sa page blanche, sauf qu'ici, la page était un sol maculé de sang, et l'encre, la douleur.

Leatherface soupira à nouveau, mais cette fois avec plus de mélancolie. Il se rappelait le frisson d'autrefois, le plaisir pur et simple de la chasse, l'adrénaline qui coulait dans ses veines. Et maintenant ? Les victimes semblaient fades, sans saveur, presque insignifiantes. Comme un plat qu'on a mangé trop souvent, la routine avait fini par dévorer le plaisir. L'ennui s'était installé, et même la tronçonneuse semblait l'avoir senti.

Soudain, un léger bruit attira son attention. Un groupe de randonneurs insouciants venait de passer devant la maison. Leatherface leva la tête, écoutant les rires insouciants. Un léger sourire déformé se dessina sous son masque.

— Peut-être qu'il me faut juste une petite... inspiration, murmura-t-il avec un grondement guttural.

Il saisit la tronçonneuse d'une main ferme et sentit enfin, pour la première fois depuis des jours, une étincelle familière remonter le long de sa colonne vertébrale. Le rugissement de la machine résonna dans l'atelier, et cette fois, c'était comme un ancien ami qui revenait après une longue absence. L'appel de la tronçonneuse. Le frisson. L'excitation.

La déprime d'automne ? Peut-être. Mais elle était sur le point de disparaître... en même temps que ses prochaines victimes.

Faucheuse en grêve ! | Writober 2024Où les histoires vivent. Découvrez maintenant