Auto destruction.

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Mamette exige que je rentre. L'océan, démonté, s'abat sur le chemin du cimetière.
Je passe des heures sur mon pliant, près de Ma’. Je pleure mes rêves perdus, mes amours mortes. Parfois je m’ énerve . Pourquoi es-tu partie?
Les voiliers au large me font parfois espérer des retours impossibles. Je potasse mes cours. Mon inscription a été acceptée à  la Sorbonne.
Les parents de Christelle m’ont proposé une colocation.
Je plane dans un grand vide.

                                     *****

– Simon, tu dois prendre des décisions pour ton héritage.

Pa,’ assis à la table de la grande cuisine,  empile plusieurs classeurs devant lui

– Mon héritage ?

–  Nous avons laisser trop traîner. Tu es le seul héritier de Ma’. Tu es majeur. Nous n’ étions pas mariés.
J’ ai reçu des propositions d’ achat pour les bateaux. Ils sont au chantier naval.  L'entretien coûte très cher.
Il y a aussi la maison de la falaise.

– Elle est à Mamette.

– Non, ta tante se chargeait de l’ entretien , elle appartenait à son frere, puis à ta mère. Maintenant à toi. Il y a aussi des droits d’ auteurs sur ses photos,son livre, des articles de journaux.

À l'idée de vendre le Pride, mon estomac se soulève.
En pleine détresse, je gémis

– Je ne veux pas les vendre !

Ils paraissent soulagés.
Pa’ prend une inspiration.

–La Capitainerie m’ a fait une proposition.
Les navires de l'école de voile sont trop vieux. Ils n’ ont pas assez de finances pour les changer.Ils me proposent de  louer les nôtres à l' année. Pour leurs élèves, des touristes avertis pendant les vacances. Ils assurerait l’ entretien et tu pourrais en disposer de temps en temps. Qu'est ce que tu en penses ?

Un plat de crêpes citron-sucre, mon parfum préféré, réchauffe mon nez gourmand.

– Il faut voir les loyers, ça me parait intéressant mais… il y a un ou deux passages à revoir.

Pa’ sourit.

–Tu peux faire confiance à ta grand tante pour les sous !
Tu aurais vu la tête des sponsors en arrivant ici !

Leurs mines joyeuses m’ attendrit . J’ aime lorsqu’ils évoquent les frasques de Ma’

– Qu’est ce qu’ elle faisait ?

– Pour une maline, c'était une maline ! Elle traitait avec les fournisseurs pire que son père. À compter telle une avare.
Les sponsors, elle aimait pas, tous des requins. Je faisais rentrer les sous.

J’imagine de grands capitaines d'industries signer des contrats avec cette vieille bretonne en costume traditionnel, têtu et rapace.

– Ça te ferait de quoi payer tes études.

– Je veux bien m’occuper des contrats, pas des états des lieux, mes vieilles jambes ne sont plus ce qu’ elles étaient !
Et il faut faire les réparations à la maison des pilleurs.

Tout se bloque.

– Je ne veux plus entendre parler de cette maison !

– Tu pourrais la mettre à louer dans une agence .

Il y a aussi autre chose.
Il prend une chemise différente.

–Le hameau Chez les Sauvages.

– Oui ?

– Tu sais que Mémé était la dernière de la lignée. A part moi.
Elle a hérité des maisons et des terres.

J’ essaye de me représenter ce lieu. Cinq bicoques de pierres mal foutues.

PrideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant