Il me pousse dans une petite pièce vide pour une séance de câlin express. Et quelques explications.
Il effectue sa dernière année d’internat en radiologie.– Je suis libre demain soir. Mon adresse. Mon 06.
Au moins, il ne s’embarrasse pas d'hésitations. J’ aime son parfum.Ma vie s’organise. Je crois avoir trouver ma voie.
La neurologie me passionne, avec un professeur intransigeant, compétent, attentif .Très vite, il me laisse faire les premiers bilans des plus jeunes. Avec le reste de l'équipe, il me reconnaît la facilité d’échanger avec eux, de les apaiser.
Je suis effaré par les dégâts irréversibles causés par les maltraitances, les chutes, les bagarres.*****
Sur la crédence lumineuse, j’ observe l’ irm d’un bébé.
Mon sang ne fait qu’un tour.
Je reconnais l'entrelacs des veines et des artères.– Tu en penses quoi ?
Pour un novice, c’est une énigme. Pour moi, une évidence. Rendu-Osler.
Je suis ébloui par le savoir faire de Raphaël. Il a détecté le risque d’ avc précoce.
Un hélicoptère vient d’emporter le petit et sa mère à Lyon.
Je regrette de ne pas pouvoir assister à l’intervention.Alfred Fèvre est venu aux nouvelles, radio-village a vite offert l’ information via le bar : le Troquet.
Il serre mes deux mains en les secouant. Mon patron a fuit en le voyant arriver.
– La petite ?
– Je viens d’ avoir le neurochirurgien et le cardiologue. Elle va vivre. Elle va faire un peu de rééducation et tout ira bien ensuite.
– C’est y vrai ? Barbe-bleu y a vu avant tout le monde ?
La fillette devenait apathique. Pa’ a eu une première intuition. Il a ordonné une IRM du cerveau en urgence.
Raphaël, en voyant le nom de famille, a poussé un peu plus loin sa technologie. Il a vu les micros hémorragies, les minuscules caillots bouchant les fins vaisseaux.–On est apparenté avec sa mère. C’est une Fèvre.
– Oui, le nom a alerté Raphaël. Il a aussitôt pensé à la maladie.
– Elle nous l’ avait dit l’ Adélaïde. Les médecins allaient trouver des remèdes.
– On ne peut pas la guérir. Pas encore. Mais on peut de mieux en mieux la soigner.
–Elle y avait toujours raison ta grand mère.
Tu y fais toujours les poupées avec les bonnes herbes ? Tu oublies pas de brûler l’ ancienne avant de faire la nouvelle ?– Tiens, la vieille taupe ! Je voudrais te demander.
C’est vrai, le bruit qu’elle fait courir ? Tu as condamné ta mère ?
Ma gorge se noue. En quelques mots, je résume la fin de ma mère.– Tu sais parfois, on aime si fort , on ne peuxy supporter leur souffrance.
Ma Lucie avait la malédiction dans le ventre. Avec un cancer. Elle y avait une vilaine poche pour ses besoins. Elle y souffrait beaucoup. Dans sa tête aussi. Une femme si propre, si fière.
Je faisais mine de ne pas l’ entendre pleurer en cachette, gémir en dormant.
Un jour ton père y est venu avec une ordonnance.
Droit dans les yeux, elle y a dit : “ Patrick, on y tue bien les vieux chiens. Je suis moins qu’un chien ?”
Il nous a tendu une boîte. Il y avait pris à la pharmacie pour m’ épargner la peine.
– Un remède pour la douleur. Deux de trop….deux de trop…
Ma Lucie y a pris la boîte. Elle y a dit merci.
C'était un jolie matin de neige. La nuit, on a raconté notre vie. Les pardons, les bonheurs.
“ Donne moi y la boite, et un verre de lait de notre vache.”
Personne y a rien dit. J’y ai jamais regretté mon Simon. Jamais. Tu ne dois pas regretter. C'était sa décision.
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Pride
RomanceTroisième volet de la vie dans une petite vallée des Alpes. Pas d' ordre de lecture. Simon vit une enfance heureuse auprès de parents atypiques.Sa mère, marin, toujours à courir et concourir sur toutes les mers du monde. Son père, médecin de village...