Audrey
Paris, 1920
Peut-être est-ce le temps pluvieux qui me fait ressentir cette sensation de vide ? J'ai l'impression qu'il me manque quelque chose, que j'attends quelqu'un. Je parcours la salle de mes yeux pour découvrir qui manque à l'appelle.
C'est soudain évident, George-Alexandre n'est pas présent ce soir. Je ne m'inquiète plus de ses regards suspicieux envers mes clients, je ne plonge plus dans ses yeux envoutants, je ne chasse plus l'ennuie en le regardant. Mais où se trouve t-il ?
Comme si sa présence est vitale, mon pouls s'accélère et mes jambes tremblent. Quelle est donc cette réaction abusive.
J'enfonce mes doigts dans ma chair, m'ordonnant de me calmer, de me taire, de faire semblant. La réaction de mon corps - toujours pas calmé - m'indique que je dois innover.
Je comprends alors où dois-je me rendre. Je souris pour camoufler mon mal être et je me dirige vers les escaliers qui mènent à l'étage.
Chaque marche me fait ressentir l'effet d'une grande pique qui se loge dans mon pied.
Une fois arrivée en haut des marches, j'inspire une grande bouffée d'air et je me surprend à ressentir une haine grandissante envers George-Alexandre. Je ne sais pas comment ni pourquoi mais le fait qu'il ne soit pas présent m'inquiète terriblement et cela m'oblige à me rendre là bas.
Je marche lentement vers la porte qui mène jusqu'à mon enfer personnel - qui se trouve être mon paradis sanglant.
— Audrey ?
Je m'immobilise en essayant de trouver à qui appartient cette voix grave mais douce, ce qui m'empêche d'entrer dans ma terrible pièce.
L'inconnu s'avance et vient poser sa main sur mon épaule pour me faire pivoter. Je reconnais le parfum épicé de George-Alexandre qui l'aide à paraître audacieux et énergique.
Pour empêcher qu'il découvre les quelques douces larmes qui dévalent mes joues, je le gifle.
Je reste dos à lui, la main rouge, et je l'entend respirer bruyamment. Seules nos respirations coupées brisent le silence.
— Vous êtes étrange, avoue-t-il.
Je souris en imaginant qu'il l'a sûrement fait exprès pour me rappeler que moi même je lui avait dit cela.
— Pourquoi vous cachez-vous ?
Mon sourire s'agrandit puis je me mets à rire en sautant sur moi même en me tournant vers lui pour lui communiquer ma joie.
— Parce que c'est terriblement amusant, crie-je.
Il me regarde avec effroi mais mon sourire persiste.
— Ne faites pas cette tête, je suis sûre que vous êtes bien pire que moi.
Il ne dit rien et avance vers moi pour m'enlacer. Ses grands bras m'entourent et malgré le fait que je sois en colère contre lui, je trouve du réconfort dans cette position.
— Vous devriez peut-être voir un médecin, Audrey.
A peine finit-il sa phrase que la colère m'atteint.
— Allez vous faire foutre !
Je le pousse violemment et je hurle. Il m'empêche de crier en posant sa main sur ma bouche.
— Vos clients vont vous entendre, Audrey.
— Je n'ai pas besoin de vous pour me ramener à la raison, annonce-je froidement en reprenant étonnamment mes esprits.
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L'ombre des nuits parisiennes
Mystery / ThrillerAprès la guerre, en 1920 à Paris, tous pensaient pouvoir revivre normalement, malgré les traumatismes créés durant cette terrible période et ces étranges disparitions de ce bar : Nuits parisiennes. Audrey, qui tient cet établissement, avec son espri...