Audrey
Paris, 1920
Je suis seule avec Louise - qui va un peu mieux - dans son joli petit salon aux couleurs bleues. Angeles et Marie ont dû nous quitter pour se rendre à leur travail. Louise est la seule parmi nous quatre à ne pas travailler car son mari l'en empêche. Jean, en plus d'abîmer le beau corps de mon amie, lui empêche de pouvoir gagner indépendamment.
Je suis assise sur le canapé et Louise qui pose sa tête sur mes cuisses est allongée. Je caresse sa peau bleue de gestes doux.
— Peut-être que j'ai trouvé une utilité à ma graisse, annonce Louise en brisant le silence. Peut-être pourrait-elle cacher mes bleus ?
— En surpoids ou pas, avec des bleus ou pas, tu es parfaite Louise.
Elle qui pleurait depuis une dizaine de minutes m'affiche un grand sourire chaleureux et réel. J'essayais de la réconforter en lui disant des "Ça va aller." ; "Tu es si courageuse" ; "On va trouver une solution" mais sa tristesse sur son visage se voyait toujours autant.
Le souci est que je n'ai aucune solution. Je pensais au fait qu'elle pourrait demander le divorce pour faute grave mais j'en ai déjà parlé à Louise qui m'a assuré que ce serait impossible. Selon elle, le fait qu'il soit un policier très respecté et apprécié, qu'il soit le genre de personne qui arrive à mettre tout le monde de son côté, qu'il mente ou non, serait un vrai problème pour essayer de demander le divorce. C'est pourtant la seule idée qui me vient en tête, je pense sincèrement qu'elle pourrait y arriver.
— Concernant le divorce...
— C'est impossible, me coupe-t-elle. Il dirait que c'est du maquillage, que ce n'est pas lui qui m'a fait ça et que ce n'est qu'une excuse...Il trouvera forcément quelque chose à dire.
Le silence reprend possession de la pièce et je cherche désespérément une autre solution. Il est hors de question que Louise reste avec cet homme répugnant.
— Il y a un moyen de ne pas avoir de divorce et pourtant il n'aura plus aucun pouvoir sur toi, proclame-je.
Elle se redresse et me regarde avec beaucoup d'espoir au fond de ses yeux, comme si j'étais sa dernière chance.
— Tuons le.
Son corps reste immobile, comme figée. Ses yeux aussi bleus que le ciel en pleins été perdent peu à peu leur couleur et cet espoir qui était présent.
— Tu te moques de moi ? finit-elle par me demander.
Je ne réponds pas et une seconde idée me vient à l'esprit.
— Si le tuer ne te convient pas, simule une grossesse puis la perte du bébé.
Ses sourcils blonds se baissent vers le bas, en signe d'incompréhension.
— Tu es enceinte, dis-je en touchant son ventre. Mais tu vas malheureusement perdre ton bébé, et avec les coups que tu as, tu pourras prouver la cause de la mort du bébé. Je ne suis pas certaine que cela marche, mais qui se dirait qu'une femme prétexterait avoir perdu son propre bébé à cause de son mari ?
— Personne, sourit-elle.
Elle me prend dans ses bras et me couvre de bisous.
— Merci d'être là pour moi, Audrey.
Je souris sincèrement, heureuse d'avoir aider mon amie mais aussi soulagé qu'elle ne se soit pas attardé sur ma précédente idée. Qu'est ce qui m'est passé par la tête ?
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L'ombre des nuits parisiennes
Mystère / ThrillerAprès la guerre, en 1920 à Paris, tous pensaient pouvoir revivre normalement, malgré les traumatismes créés durant cette terrible période et ces étranges disparitions de ce bar : Nuits parisiennes. Audrey, qui tient cet établissement, avec son espri...