George-Alexandre
Paris, 1920
Pour me rendre à Nuits parisiennes, comme à mon habitude, je choisis d'en profiter pour me balader. La brise légère me caresse le visage et je l'entends me chuchoter d'être bien sage ce soir et de ne pas provoquer la panique comme l'autre fois .
— Merci, le vent, je vais aussi essayer de me concentrer sur cette affaire de disparitions, Audrey et son mental perturbé me déconcentre totalement.
"Tu n'es pas perturbé, toi ?" m'arrête un passant au visage familier.
Je m'immobilise en découvrant l'identité de cet homme. Mon cœur se serre et j'entends les larmes s'habiller chaudement pour sortir dans cette nuit froide en prenant la porte de sortie : mes yeux.
— Je dois partir, prononce-je rapidement.
"Encore ? Tu ne changeras donc jamais."
— Je suis désolé.
Je sursaute lorsque son bras se fait trouer par une cartouche qui doit mesurer un peu moins de 10 mm. Une deuxième vient se loger dans son torse au même moment qu'une main vient se poser sur mon épaule. Je me retourne vivement et je découvre le visage ridé et inquiet d'une femme âgée.
— Avez-vous besoin d'un médecin, jeune homme ?
— Non...tout va bien.
— Je ne sais pas si c'est le terme approprié. Vous trembliez et parliez seul.
J'invente une excuse pour continuer mon chemin sans devoir continuer cette discussion qui n'a aucun sens. C'est triste de vieillir. J'espère ne jamais finir comme elle, à inventer des histoires improbables.
Je m'apprêtais à traverser la route pour me rendre au trottoire d'en face quand soudain, une voiture manque de m'écraser. Elle m'a surprise car sa vitesse était au-dessus de celle autorisée, même si ce n'était pas non plus une vitesse exagérée.
Je comprends qu'elle revient probablement de Nuits parisiennes et je retiens sa plaque d'immatriculation, on ne sait jamais. 1919-PRL.
Je termine mon chemin jusqu'au bar avec une marche rapide et je soupire de soulagement en entrant enfin à l'intérieur. Je frotte mes mains entre elles pour me réchauffer encore plus et j'avance dans la salle.
Ce soir, la pièce est remplie. Surement car Angeles se produit. Même si ce bar est très réputé, presque luxueux, la voix de cette jolie blonde devrait se faire entendre par le monde entier. Elle ne devrait pas rester dans ce bar.
Je cherche où se trouve Audrey pour lui dire bonsoir et je me concentrerai sur ma mission ensuite.
Je l'aperçois au fond, la pied tapant le sol en signe de stresse et son visage anxieux en regardant la salle.
Je m'approche d'elle, souriant.
— Bonsoir, Audrey, vous allez bien ?
Elle s'assure que personne ne l'entend et me chuchote à l'oreille qu'une nouvelle courtisane manque à l'appelle ce soir.
— Elle est malade ?
— Elle envoie toujours son frère me prévenir de son absence car elle habite juste à côté. Ne voyant aucun des deux je m'y suis rendue il y a environ 1 heure mais son frère m'a dit qu'il l'a pensait ici.
— Tu es entrain de me dire qu'une nouvelle femme s'est faite enlevée.
Elle hoche la tête et je m'en veux un peu de divaguer lors de mes soirées sous couvertures car j'aurais peut-être pu empêcher ce nouvel enlèvement.
Je cherche les bons mots pour répondre à tout cela quand une jeune femme s'approche de nous pour dire quelques messes basses à la gérante de Nuits parisiennes.
Cette apparition fut de courte durée car elle ne resta que quelques secondes. Audrey me prit la main pour me diriger et m'emmena à l'étage, là où nous nous sommes vus il y a quelques jours. Là où elle m'a giflé.
— Elle était là, au début.
— Celle qui a disparu ?
— Oui.
Je pense alors à la voiture noire que j'ai vu tout à l'heure. Devrais-je lui en parler ? Peut-être même lui avouer que je suis sous couverture, et que je suis un détective.
— C'est la troisième à disparaître et tout le monde se tait. Je ne sais même pas pourquoi. Peut-être sommes nous toutes trop terrifiées pour oser en parler.
— Combien ont arrêté de travailler pour toi ?
— Aucune.
— Vraiment ? Tu disais pourtant qu'elles sont terrifiées, j'avais pensé qu'elles étaient prêtes à quitter leur travail.
— Elle ne font pas ça par plaisir, George-Alexandre. Elles me confient à quel point elles se sentent sales et humiliés, mais aussi à quel point je les ai sauvées d'avoir ouvert ce bar/maison close. Elles ne peuvent pas se permettre de partir.
Je ne le voyais pas vraiment comme ça. Je n'ai jamais eu de problèmes d'argent au point de devoir faire quelque chose qui me dégoûte.
— C'est triste mais compréhensible. Merci d'être une femme merveilleurse pour elles.
Elle relève brusquement la tête, sûrement surprise par ce compliment.
— Je vous ai caché quelque chose, commence-je pour me débarrasser de ce poids qui pèse lourd sur mon cœur.
— Vous allez vous marier ?
J'avais oublié que je lui avais dit que j'étais amoureux. Je ne voulais pas lui mentir mais elle m'avait demandé pourquoi est-ce que je quittais le bar dès que la maison close s'ouvrait et j'ai paniqué. J'aurais pu simplement lui dire que je ne voulais pas payer pour faire l'amour mais je lui ai dit que mon coeur battait rapidement pour quelqu'un.
— Je ne suis ni amoureux ni moi.
— Excusez-moi ?
J'inspire un grand coup et je me lance.
— Je suis un détective qui enquête sur des disparitions inquiétantes au sein de votre entreprise.
— J'espère que vous avez d'autres blagues en tête car celle-ci n'est pas très amusante.
J'affiche un visage sérieux et je constate ses sourcils se froncer lentement.
— Avant cette nouvelle disparition, deux femmes avaient déjà disparu. Parmi elles se trouvait une qui avait une soeur. Celle-ci est venue me voir pour me demander d'enquêter. Je me suis permis de me faire passer pour un client pour pouvoir enquêter chaque soir. Seulement, vous m'avez légèrement déconcentré et je n'ai guère avancé.
Son doux regard se perd dans le vide tout en perdant ainsi sa douceur.
— Les blagues les plus courtes sont les meilleures.
— Je ne me permettrais pas de vous mentir droit dans les yeux.
Je remarque ses ongles laissant de terribles marques sur sa peau et elle s'approche de moi.
— Pourtant vous n'avez fait que ça ! Vous m'avez menti depuis le début. Vous n'êtes pas George-Alexandre le nouveau client avec qui je n'ai pas caché qui j'étais pour une fois dans ma vie. Vous êtes le mensonge en lui-même, hurle-je.
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L'ombre des nuits parisiennes
Misterio / SuspensoAprès la guerre, en 1920 à Paris, tous pensaient pouvoir revivre normalement, malgré les traumatismes créés durant cette terrible période et ces étranges disparitions de ce bar : Nuits parisiennes. Audrey, qui tient cet établissement, avec son espri...