Chapitre 8

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Prisonnière de mes Peurs

Point de vue : Éloïse

Je suis enfermée dans les toilettes, les mains tremblantes sur mes genoux, depuis que j'ai vu ces créatures. Des humains, si on peut encore les appeler ainsi, couverts de sang, se déplaçant de manière saccadée, comme des marionnettes désarticulées. J'ai dévoré des livres toute ma vie, mais aucun ne m'a préparée à cette horreur. Peut-être aurais-je dû passer moins de temps à lire et plus de temps à regarder ces films d'horreur dont mes camarades parlaient tant.

Je me sens si différente des autres. Pour moi, avoir de bonnes notes est essentiel. Je veux prouver à ma mère que je ne suis pas une petite fille faible, mais une guerrière. Les larmes, amères et salées, coulent sur mes joues, et je me demande si elle le voit vraiment.

« Maman... » chuchotai-je, ma voix se brisant sous le poids de la tristesse.

Quand j'étais petite, je savais que je te dégoûtais, même si tu ne l'as jamais dit. Tu portais toujours des gants en me touchant, comme si ma peau était une contagion. Chaque geste, chaque regard détourné était une flèche, transperçant mon cœur déjà fragile.















Flashback







Maman avait fini de me laver les cheveux, le parfum doux de la vanille flottait dans l'air. J'étais impatiente de rejoindre papa, heureuse, car mes cheveux étaient devenus tout doux. En courant vers le salon, j'entends leur conversation à travers la porte entrouverte. Peut-être parlent-ils de mon cadeau d'anniversaire ? J'espérais tant un voyage à Disneyland Paris, un monde magique où je ne serais pas la fille détestée.

« Tu ne peux pas t'empêcher de porter ces gants en permanence ? » demande papa.

« Je ne peux pas. C'est plus fort que moi. Cette gamine me dégoûte » répond-elle.

Quoi ?

Je la dégoûte ?

Les larmes me montent aux yeux, mais je lutte pour les retenir, espérant avoir mal interprété ses paroles.

« Comment peut-elle te dégoûter ? C'est ton enfant ! » hurle-t-il.

« Je n'ai jamais voulu cet enfant ! » crie-t-elle, et ses mots résonnent comme une cloche de mort.

J'avais alors compris que j'étais une erreur, un fardeau à porter. Je m'étais éloignée, le cœur lourd, réalisant que l'amour que je croyais recevoir n'était qu'un masque. J'avais regagné ma chambre, le monde extérieur s'effondrant autour de moi, laissant place à un océan de désespoir.

































Je suis toujours là, assise sur l'abattant des toilettes, la tête dans les bras, mes souvenirs me tourmentant. Est-ce que c'est vraiment la fin ? Suis-je destinée à mourir ici, seule, comme j'ai toujours eu peur de le faire ?

Peut-être qu'au fond, ce n'est pas si mal. Peut-être que je pourrais revoir ma mère, lui dire que je suis désolée de ne pas être l'enfant qu'elle espérait. Mais au fond, je sais qu'elle n'a jamais voulu d'enfant. J'étais juste une déception, une larve qui rampait dans son ombre. Les larmes continuent de couler, salées et désespérées.

Je renifle une dernière fois, l'angoisse me dévorant. Je sors des toilettes, claquant la porte derrière moi, prête à affronter un monde dont je ne suis pas certaine de vouloir faire partie.

Welcome to the DeadlandsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant