Chapitre 6

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La Traque des Ombres

Point de vue : Calista

Nous avancions pas à pas, priant pour rentrer avant la tombée de la nuit. Chaque mouvement, chaque respiration, risquait d'attirer l'attention des zombies qui titubaient, certains avec des membres décharnés, d'autres avec des morceaux de chair pendants, et leurs yeux, vides de vie, exprimaient une faim insatiable, tapies dans l'ombre. Dans la cour, ils attendaient, immobiles comme des prédateurs, prêts à bondir sur la moindre proie. Le professeur se retourna et plaça son doigt devant ses lèvres, nous ordonnant silencieusement de ne pas faire un bruit.

Nous longeons le gymnase, glissant le long des murs, tâchant de ne pas même frôler un caillou.

« La cafétéria est juste derrière le lycée, il faut contourner le bâtiment sans bruit, il va falloir se mettre à courir le plus rapidement possible. » murmura le professeur.

À peine un souffle.

Mina, à côté de moi, se mordait la lèvre. « Et si... et si on se fait attraper ? » demanda-t-elle, sa voix vibrante de peur.

Madame Typhen lui répondit d'une voix basse mais ferme. « Alors on se réfugie dans le premier abri que l'on trouve. Ne jamais rester en terrain découvert. »

Mon cœur tambourinait. « Mais... si on se séparait ? Ce serait pas plus sûr ? » Ma voix était hésitante, mais l'idée m'avait frappée, brutale, comme une solution de survie.

« Calista, pas maintenant ! » chuchota ma meilleure amie, terrifiée.

Je déglutis, sentant l'angoisse m'envahir. « Je veux qu'on survive, c'est tout... »

Le professeur nous jeta un regard glacial. « Personne ne se sépare. C'est plus risqué seuls. »

Nous arrivons enfin à l'angle du bâtiment. Devant nous, l'entrée semble si proche et pourtant, avec eux dans la cour, ça pourrait tout aussi bien être un mirage.

« À trois, on court vers le bâtiment » ordonna le professeur, le regard fixé sur la porte comme sur une bouée de sauvetage. « Préparez-vous. »

Je sentais la tension monter d'un cran.

« 1... 2... 3 ! »

Nous nous élancions comme une vague déferlante, une course effrénée où chaque pas semblait résonner dans tout le lycée. La panique battait dans mes veines, et je jetai un coup d'œil rapide derrière moi. Une poignée de silhouettes inhumaines se tournaient déjà dans notre direction, leurs yeux vides fixés sur nous. Ils commencèrent à courir, déclenchant une traque acharnée.

« Calista, plus vite ! » cria Mina à mes côtés.

Je me concentrai sur l'entrée, ignorant les pas pressants derrière nous. Mais mes jambes tremblaient, mes pieds butaient contre le sol. Alors que je tournais de nouveau la tête pour jauger la distance qui nous séparait d'eux, ma cheville accrocha quelque chose et je trébuchai, basculant en avant. Je m'écrasai lourdement au sol.

Un silence assourdissant s'empara de moi. Le temps sembla se figer tandis que je levais les yeux, voyant nos poursuivants se rapprocher, leurs pas devenant des échos martelant dans mon crâne. Mon cœur battait si fort que j'en avais la nausée. Je sentis une main m'agripper, Mina, paniquée, tentant de me relever.

« Calista, lève-toi ! »

J'essayai de me redresser, mais ma cheville me lança une douleur vive. Ils étaient déjà si proches, leurs visages déformés par la faim, par cette rage inexplicable. Un instant, je crus que tout était fini. La panique me figea, les hurlements de nos poursuivants emplirent l'air, et je sentis une sueur froide couler dans mon dos.

Puis une force jaillit en moi. Ignorant la douleur, je m'accrochai à Mina, me relevai tant bien que mal et nous reprîmes notre course évitant de justesse l'un d'eux qui s'écroula durement sur le sol ratant sa proie de peu, le souffle court, la peur nous poussant au-delà de nos limites. Nous atteignons enfin la porte, et dans un dernier sursaut, nous nous glissons à l'intérieur, claquant la porte derrière nous.

Le silence revint, seulement troublé par nos respirations haletantes. Nos poursuivants martelaient contre la porte, leurs grognements assourdissants de l'autre côté. Mina et moi échangeâmes un regard. Nous étions vivantes... mais pour combien de temps ?















Alors que le chaos régnait autour de Calista, un autre combat pour la survie se préparait à quelques étages plus haut.



























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Point de vue : Lyra







































Je donnai un coup de pied brutal dans la porte de la sortie de secours du troisième étage, qui s'ouvrit sur l'extérieur avec un grincement métallique. L'air frais du soir me frappa le visage, mêlé à une odeur de sang et de désespoir.

« Y'a personne » murmurai-je à mon frère, scrutant les lieux.

« On fonce ? » demanda-t-il, sa batte de baseball levée, ses yeux fixés sur l'obscurité qui nous entourait.

Debout en haut des escaliers de secours, je jetai un coup d'œil vers le bas. En dessous, le chaos régnait : des silhouettes déformées, titubantes, hurlant et dévorant ce qui restait d'humain. Leurs cris résonnaient comme un écho de désespoir dans la nuit. Mes cheveux bruns s'envolaient au vent tandis que je serrais mon pied-de-biche, prête à en découdre avec ces horreurs.

Je me tournai vers mon frère, prête à lui faire signe, mais un mouvement attira mon attention : un zombie, rapide, se précipitait vers lui. L'adrénaline explosa dans mes veines comme un coup de feu.

« Rylan, attention ! » hurlai-je, me jetant vers le zombie. Brandissant mon pied-de-biche, je frappai sa tête d'un coup puissant. La créature tituba, grognant, sa bouche bavant de rage. Sans hésiter, je lui donnai un coup de pied au ventre, puis un dernier coup de barre d'acier à la tête, cette fois pour l'achever. Le corps inanimé s'effondra dans un fracas sourd. Je soufflai sur une mèche de ma frange retombée sur mon visage, mes poumons se serrant sous l'effort.

« Jolie travail » approuva mon frère avec un sourire en coin, un mélange de fierté et de nervosité dans les yeux.

Sans un mot, je fis demi-tour vers la porte, et nous descendîmes les marches d'un pas assuré, l'adrénaline brûlant encore dans nos veines. Le bruit des grognements se faisait de plus en plus fort, résonnant dans l'air épais.

« Fais pas trop ta star non plus. On a compris que t'étais fan de films d'horreur » se moqua-t-il.

« Au moins, je suis prête mentalement pour ce genre de trucs » répliquai-je, mes pensées encore fixées sur l'horreur de la situation.

« Pas faux. On dirait que mes cours de boxe t'ont finalement servi » se vanta-t-il, le regard toujours vigilant.

« Oh, la ferme, Rylan » répliquai-je en lui donnant un léger coup sur l'épaule, un sourire ironique aux lèvres.

Nous continuâmes à descendre, chaque pas résonnant comme un défi contre l'obscurité qui nous encerclait.

Welcome to the DeadlandsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant