LÀ OÙ LA LUTTE DÉBUTEMerde, merde, merde et encore merde ! Je fais les cent pas depuis deux heures, sans savoir quoi faire. J'ai le cerveau en feu, mais pas question d'appeler Tia ou Liv pour leur demander des conseils. Je préfère encore acheter un billet pour le bout du monde et disparaître à jamais !
Pourquoi suis-je dans cet état ? Oh, pour une broutille... Une toute petite chose à vrai dire... J'ai laissé mon journal intime dans le totebag que j'ai balancé sur mon ex-patron ! Pas de quoi paniquer, hein ?
La partie rationnelle de mon cerveau tente de m'apaiser avec des visions rassurantes de De Luca qui se débarrasse de mon sac sans y prêter attention, mais l'autre... Oh l'autre... Elle me souffle perfidement que tout ce que j'ai écrit sur lui dans ce journal n'était pas glorieux du tout. Si par un malheureux hasard il tombe dessus et l'ouvre... Non ! Pas de « si ». Je ne peux pas y penser. Je m'arrête pour prendre une grande inspiration. Demain matin, tout ira mieux. J'appellerai le service informatique pour leur demander si De Luca leur a déposé mon sac. Avec un peu de chance, il n'aura même pas regardé dedans et aura délégué la tâche à l'une de ses assistantes. Et si ma chance me fait défaut ? Alors, il ne me restera plus qu'à me faire oublier. Définitivement.
***
Alors que je m'apprête à me glisser sous les draps, une avalanche de souvenirs des pages de mon journal me bombarde l'esprit. Chaque ligne, chaque mot, me frappe avec la force d'un coup de poignard, et tout ce qui j'y ai écrit ces derniers mois me revient impitoyablement en tête. Je me sens violée dans mon intimité, et pourtant, je suis la seule à blâmer pour ce désastre. Ce carnet, qui n'était au départ qu'un simple exercice de gratitude matinale, a vite évolué en un sanctuaire pour mes confidences les plus intimes. Avec le temps, il est devenu un véritable journal de bord, aiguillé par ma météo interne. Je n'aurais jamais dû être aussi négligente avec, car ce journal contient tout : mes peines, mes joies, mes rêves, mes désillusions, mes interrogations les plus profondes... et pire, mes récentes envies de violence à l'encontre de mon ancien patron, retranscrites avec une honnêteté féroce. Ces pensées sont à l'opposé de l'image polie et mesurée que j'offre au monde, elles sont brutes, sans filtre, et profondément personnelles.
***
— Navré, Mademoiselle Sorrentino, mais nous n'avons rien reçu.
— En êtes-vous sûrs ? Il s'agit d'un MacBook Pro et d'un iPhone, tous deux de dernière génération.
— Je vous le confirme, nous n'avons rien reçu entre votre dernier appel et celui-ci.
Ai-je harcelé le service informatique une dizaine de fois depuis mon réveil ? Oui, sans la moindre hésitation. Suis-je devenue la personne la plus exécrée de leur équipe ce matin ? Très probablement. Je parie même que mon numéro est maintenant blacklisté dans leur système, mais cela ne me dissuade pas de les rappeler. Chaque fois que j'entends cette même réponse, une vague de panique me submerge, suivie d'une résignation glaciale. Il ne me reste qu'une seule option, la pire de toutes : affronter De Luca en personne. Et si possible, survivre à cet échange...
L'idée de le revoir me donne des frissons, pas d'excitation, mais de pure appréhension. Rien qui ressemble à cette légère nervosité qui accompagne les situations tendues, mais gérables. Après la scène d'hier, retourner dans son bureau figurait au sommet de ma liste des choses à ne pas faire, mais je n'ai pas le choix. Le simple fait d'imaginer ses yeux perçants scrutant les pages de mon journal intime me rend nauséeuse. Cette pensée seule me donne la force nécessaire d'agir.
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SUR UN FIL
RomanceVous allez adorer le détester... Pour Aleena, Dorian de Luca est un cauchemar incarné. Glacial, condescendant et visiblement allergique aux émotions, il incarne tout ce qu'elle déteste. Travailler en étroite collaboration avec lui ? Très peu pour el...