Ma fin

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Le temps est passé, bien trop de temps. Toutes mes actions n'étaient que des automatismes. Mon corps ne semblait plus m'appartenir, et mon esprit semblait être parti si loin que plus rien n'avait d'impact sur moi.

Mon quotidien se répétait, une boucle infinie et interminable. Je ne croyais même plus en mon existence. Plus aucun bonheur n'existait, ni dans le fait de m'occuper du lapin, ni avec le chat, ni même avec mon petit ami. Côté famille, plus rien n'allait. J'étais maintenant en désaccord avec mes deux belles-mères. Après le mariage de mon père, ma relation avec sa femme s'est lentement désagrégée. Ma vie me paraissait de plus en plus difficile, sans que j'aie le moindre contrôle sur elle. J'étais si loin.

Pendant ce temps, mon niveau scolaire n'a jamais baissé. Je faisais toujours partie des meilleures, même si, sur mes bulletins, on retrouvait souvent les remarques : « discrète, ne participe pas ». Les professeurs voulaient que je m'exprime, sans savoir que je n'étais plus vraiment moi.

Une chose est sûre : mon masque était tombé. J'étais l'ombre de moi-même, faisant et allant où on me disait d'aller. À cette époque, une de mes amies avait perdu sa mère. Elle souffrait tellement que même en notre présence, en pleine conversation, elle perdait connaissance et faisait des crises de panique. Qui étais-je pour aller mal alors qu'elle traversait une telle épreuve ? Je regretterai toujours de ne pas avoir pu être là pour elle à cette époque. Mais je n'étais déjà plus moi-même. J'étais seulement spectatrice de cette vie qui était censée être la mienne. En dehors des cours, j'avais arrêté de me maquiller, j'avais abandonné tout effort.

Cela faisait un certain temps que ma mère m'en parlait, et par lassitude, un jour, j'ai fini par accepter de voir un professionnel. Je n'avais aucun espoir. Je ne supportais plus rien. Depuis un long moment, ma routine avait changé. Dès le matin, je n'attendais qu'une seule chose : mourir.

J'avais eu le temps d'y réfléchir en détail. Je ne voulais pas que cela ressemble aux scénarios de tous ces films ou ces nouveaux jeux d'ados. J'avais choisi ma mort ; j'en étais certaine. Je finirais mes jours écrasée par une voiture. C'était une décision par défaut, je n'avais pas trouvé mieux. Après tout, je vivais dans une grande ville, ce serait un accident banal. J'avais conscience que cela ferait souffrir la personne au volant, peut-être quelqu'un avec une famille, des enfants... Cet événement ne serait pas sans conséquence. Mais je n'en pouvais plus. Ce choix était sûrement guidé par mon subconscient.

Je ne voyais que le résultat : ma douleur s'arrêterait, et une seule personne en souffrirait. Pitoyable, non ? Cela peut sembler égoïste, mais même dans ma mort, je pensais aux autres. Je voulais éviter, autant que possible, la douleur pour mes proches. Un accident ? Un suicide et un accident, quelle différence ? C'était discret, et mes proches ne penseraient pas à un suicide. Personne ne se sentirait coupable. Le conducteur, lui, saurait qu'il n'était pas en tort ; il serait peut-être le seul à connaître la vérité. J'ai réfléchi tellement de fois à ce jour. Tu me trouves sûrement égoïste, pourtant je ne voyais que ce moyen pour me libérer de mes souffrances. C'était ma décision.

Voilà comment aurait dû être la fin... ma fin.

Ma maladie, la dépression (en cours de réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant