Ces paroles ont tout changé. Après les avoir entendues, je n'ai pas trouvé la force de réagir. Je suis restée là, immobile, silencieuse, l'esprit vidé. Quelques minutes plus tard, j'ai répondu, mais dans ma tête, une seule question tournait en boucle : pourquoi ? Pourquoi tout ce que je fais n'a-t-il aucun impact ? Pourquoi rien de tout cela ne laisse de trace ? Pourquoi ai-je fait tous ces efforts ? Pourquoi ai-je pleuré en silence, en cachant ma peine ? Pourquoi je continue de retenir mes nerfs ? Pourquoi je m'épuise alors que personne ne s'en rend compte ? Pourquoi je vis ? Pourquoi suis-je un problème ? Finalement, ma réponse s'est réduite à un simple "d'accord", vide de tout sentiment. Elle continuait de crier, de s'énerver, tandis que je me préparais, mon esprit était accaparé par un seul mot : pourquoi ?
Ma mère a pris les clés ; je retenais mes larmes. Nous sommes montées en voiture, et elle a pleuré en me criant dessus. Je fixais la route, le regard vide, sans un mot. Heureusement, mon arrêt de bus est proche de la maison. Quand elle s'est arrêtée, j'ai simplement pris mon sac, enlevé ma ceinture, ouvert la portière et quitté la voiture, sans un mot, sans un regard, alors qu'elle me souhaitait une bonne journée. Ce matin-là, bien plus que d'habitude, je n'étais plus moi. J'étais devenue une machine, un automate programmé à réagir mécaniquement.
Dans le bus, mon esprit flottait. J'ai presque raté mon arrêt ; le chauffeur a rouvert les portes pour moi. Je me suis excusée en levant légèrement la tête pour qu'il puisse m'entendre. Dès que j'ai mis un pied hors du bus, les larmes ont coulé. Sur ce chemin, c'était comme si je marchais dans un désert, cet endroit de solitude où je me sentais libre de pleurer. Mon cerveau était vide, mes yeux inondés. Je continuais d'avancer, mais cette fois, j'étais inconsciente des gens autour de moi, comme un zombie. Ce jour-là, j'ai croisé des passants, mais peu m'importait. Une fois dans le second bus, je me suis assise et j'ai envoyé un message à mon petit ami :
— Je ne vais pas bien. Je me suis énervée avec ma mère.
Rien de plus. Ni salutation, ni émotion. Juste une phrase neutre. Il m'a répondu qu'il viendrait plus tôt au lycée pour me voir. Je n'ai eu la force que de répondre "ok". À mon arrivée au lycée, j'ai baissé la tête, l'esprit toujours vide. Je suis allée m'asseoir sur un banc à l'extérieur, en plein hiver, un endroit où mes amis ne viendraient jamais. J'ai mis ma capuche noire pour me cacher. Là, je ne voulais ni bouger ni voir qui que ce soit. Je fixais le sol, pleurant, mes manches humides, mon visage trempé de larmes. À travers le flou de mes yeux mouillés, j'ai aperçu mon petit ami de l'autre côté du grillage. Par réflexe, j'ai détourné le regard et suis allée essuyer mon visage avant qu'il n'arrive. Sans un mot, il s'est agenouillé devant moi et m'a prise dans ses bras. Je pleurais encore plus fort. Toutes ces pensées revenaient : pourquoi ? Pourquoi suis-je un poids ? Ai-je fait quelque chose de mal ? Mais cette fois, de nouvelles pensées s'immisçaient : "Je veux que tout s'arrête". Mon corps finit par se fatiguer, en me sentant en sécurité dans ses bras. Mais pour combien de temps ?
Je suis allée aux toilettes pour me rafraîchir le visage. La sonnerie a retenti, marquant le début des cours. J'ai mis mes cheveux devant mes yeux, gardant la tête baissée. En classe, j'ai fait semblant de dormir profondément. Si quelqu'un s'était approché de moi pour vérifier, il aurait découvert un visage ravagé.
Dans une heure, c'est la pause, il faut arrêter de penser et faire de nouveau semblant d'aller bien. À la pause, en me réfugiant aux toilettes pour me maquiller, une fille m'a demandé, inquiète, si j'allais bien. J'ai forcé un sourire et répondu : « Oui, ça va, merci », puis j'ai détourné le regard. Je ne peux plus jouer la comédie, je ne peux plus. Lui, il était là, il me soutenait, et c'était suffisant. Il me couvrait devant nos amis pour qu'ils n'en sachent rien. Heureusement qu'il est là, sans lui, je sais que j'aurais craqué depuis longtemps. Il sait à quel point il me sauve de mon quotidien. Toute la matinée, je suis restée dans cet état de vide, incapable de me ressaisir. Dans l'après-midi, j'ai réussi à parler un peu avec lui. Je lui ai dit que je n'en pouvais plus. Mais je n'ai pas pu lui avouer que je voulais mourir. J'avais honte, peur de l'effrayer. C'est idiot, mais c'est la vérité. Il me consolait, j'entendais ses mots, mais je savais qu'il ne pouvait pas comprendre ce que je ressentais, et c'était de ma faute, je ne pouvais pas lui dire.
Quand il a vu qu'il ne savait plus quoi dire, il s'est légèrement éloigné et est parti rire avec les autres. Je ne lui en voulais pas, il m'aidait déjà tant. J'étais inconsolable et pourtant, aussi égoïste que je suis, j'aurais aimé qu'il reste simplement à mes côtés, même sans rien dire. Je n'avais pas le droit de lui demander ; il m'aidait déjà tellement. Ma journée s'est terminée dans cette obscurité.
Cette journée m'a épuisée, et le retour à la maison était lui aussi si dur. Sur le chemin du retour, en attendant le bus, deux filles, un peu plus jeunes que moi, sont venues. L'une d'elles, avec son écharpe sur la tête, s'est arrêtée face à moi et m'a fixée. Son amie l'a rejointe derrière elle. Je les ai regardées, j'ai levé les yeux au ciel et j'ai détourné le regard. Puis, avec un sourire, elle a dit :
— Tu as oublié ton sourire ?
J'ai détourné les yeux. Elle ne savait pas si bien dire. Quelle est la dernière fois où j'étais heureuse de rentrer chez moi ? Je n'en ai plus le souvenir.
— Il faut sourire dans la vie, c'était une blague, puisque tu sembles triste.
Je n'ai pu répondre qu'un « ah » sans conviction. Elle s'est assise sur le banc avec son amie, et nous n'avons plus échangé un mot.
Était-ce si évident que ça ? Suis-je devenue si pitoyable que des inconnues viennent me dire de sourire ? BORDEL DE MERDE, comment en suis-je arrivée là ? Pourquoi je ne sais plus le cacher ? Pourquoi est-ce que je me sens si mal ? Je n'en peux plus. Je ne supporte plus cette vie.
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Ma maladie, la dépression (en cours de réécriture)
No FicciónLa dépression n'a pas d'âge. La narratrice est âgée de 17 ans, elle raconte sa maladie. Les épreuves qu'elle a passées, ses états d'âmes, le regard des autres. Elle explique sa vie, et ses sentiment dans des enregistrements. Lisez son histoire insp...