Till the end

CHAPITRE 12 | Lilith

   Je me réveille en sursaut, les draps encore tout enchevêtrés autour de mes jambes. Il est 4h du matin, et la première chose qui me traverse l'esprit, c'est que je suis en retard. Je me redresse brusquement dans mon lit, la pièce plongée dans l'obscurité, avec seulement la lueur pâle de la lune filtrant à travers les rideaux. J'avais prévu de partir plus tôt, mais encore une fois, Deborah ne m'a pas proposé de me conduire. Elle ne se soucie même pas de ce genre de détails. Peut-être qu'elle ne le fait même pas exprès, mais je me sens toujours mise de côté, comme si ma présence à la maison n'était qu'une gêne. Je fais une grimace en repensant à son regard froid de la veille.

Je me lève, enfilant un short et un pull, plus pour ne pas avoir à chercher des vêtements dans la précipitation que pour une quelconque intention de confort. Tout ce que je veux, c'est partir, fuir un peu cette atmosphère étouffante, ce sentiment de tension. Je prends ma valise, qui m'attend dans un coin, prête à partir, bien que je sois loin d'être prête mentalement à ce voyage. Mais il faut y aller. J'ai promis à Noah que je serais là, et je ne peux pas me permettre de flancher maintenant.

Je me précipite hors de ma chambre, essayant de ne faire aucun bruit, pour ne pas réveiller Deborah. Mais l'idée de la voir m'envahir à nouveau me fait hésiter un instant. Je déglutis, puis décide de ne pas trop y penser. J'ai décidé de faire ça à ma manière.

Quand j'arrive au bout du couloir, je me rends compte que je n'ai pas pris mes chaussures. Mais ce n'est pas grave, je n'ai pas le temps de faire des allers-retours dans la maison. Je n'ai pas l'intention d'attendre que Deborah me réveille pour me dire que je ne devrais pas partir toute seule, que je devrais attendre qu'elle vienne me chercher. Non, je vais le faire à ma façon.

Je me précipite donc vers la porte d'entrée, valise à la main. Le froid me frappe aussitôt. Il est encore tôt, et la brume matinale enveloppe le sol. Je ferme la porte derrière moi sans un bruit et commence à marcher dans la rue, le vent me fouettant le visage. Je regarde l'heure sur mon téléphone : 4h10. Je vais encore avoir du temps avant que le bus ne parte, mais il ne faut pas que je traîne.

Cependant, le sol est encore mouillé de la pluie de la nuit dernière, et mes baskets glissent légèrement sur les pavés. Je n'ai même pas le temps de réaliser que je perds l'équilibre, et je me retrouve à terre en un instant.

- Miss Rabbit is fainted, murmure une voix moqueuse, une réplique qui flotte dans ma tête comme un écho, mais je n'y prête pas attention. J'ai la jambe en mauvais état, une douleur sourde qui se fait sentir dans tout mon corps. Je grimace en essayant de me relever, ma valise tombée à côté de moi. Je serre les dents. Ce n'est pas le moment de me laisser abattre. Je ne peux pas.

Je me redresse difficilement, le poids de la valise sur mon épaule et la douleur dans ma jambe. Ça me lance à chaque pas que je fais, mais je n'ai pas le choix. Il faut que je continue. J'ai vu les lumières du bus au bout de la rue, et je ne vais pas me laisser arrêter par une simple chute. Je peux le faire. Je peux y arriver.

Je souffle fort, essayant de faire passer la douleur, en me concentrant sur l'objectif : le bus. Je suis tellement déterminée à ne pas faire demi-tour que la douleur dans ma jambe devient presque secondaire. Peu importe combien ça me fait mal, peu importe combien mes muscles protestent. Je dois y arriver.

En traversant la rue, je vois enfin le bus au loin, ses feux arrière rouges brillants dans l'obscurité. Il n'est pas encore parti, mais je sais qu'il ne va pas m'attendre éternellement. J'accélère le pas, boitillant légèrement, me forçant à aller plus vite.

Et puis, enfin, j'arrive à l'arrêt, les mains tremblantes de froid, ma valise presque hors de contrôle. Je m'arrête un instant pour reprendre mon souffle, avant de m'avancer vers le chauffeur. Il me regarde avec un air interrogateur, mais je n'ai pas le temps d'expliquer.