Till the end

CHAPITRE 22 | Lilith

Le lundi matin arriva trop vite. Mes paupières étaient lourdes, mon corps encore endolori du voyage, mais je n'avais pas le choix : c'était jour de cours, et Deborah n'allait pas me laisser me prélasser.

Je m'habillai rapidement, optant pour un jean et un sweat pour dissimuler les marques sur mon corps. La routine. J'attrapai mon sac, descendis les escaliers à la hâte, et fus accueillie par le silence froid de la maison. Deborah n'était pas encore levée, ce qui, pour une fois, était un soulagement.

J'étais sur le point de sortir quand j'entendis une petite voix familière.

– Lilith !

Je me figeai sur place, mon cœur manquant un battement. Je me retournai pour voir Anaïs, debout dans l'encadrement de la porte du salon, tenant sa peluche préférée contre elle. Ses cheveux blonds étaient encore en bataille, et ses grands yeux brillaient de cette innocence qui me faisait toujours vaciller.

– Qu'est-ce que tu fais ici, ma chérie ? murmurai-je en m'approchant d'elle.

– Je suis venue avec papa hier soir, expliqua-t-elle, ses lèvres tremblantes. Il a dit que je pouvais rester ici un peu.

Mon estomac se tordit. Papa l'avait laissée ici, avec Deborah. Je serrai les poings, essayant de contenir la colère qui montait en moi.

– Est-ce qu'elle t'a fait quelque chose ? demandai-je doucement, mais avec une pointe de panique dans la voix.

Elle secoua la tête, mais je voyais bien qu'elle hésitait.

– Non, mais... elle crie beaucoup.

Je fermai les yeux un instant, inspirant profondément pour me calmer.

– Écoute, je dois aller en cours, mais je reviens cet après-midi, d'accord ? Je te promets qu'on va trouver une solution, ajoutai-je en caressant ses cheveux.

Elle hocha la tête, mais son regard me suivit alors que je m'éloignais. Sortir de la maison fut plus dur que d'habitude.

En route pour l'arrêt de bus, mes pensées tournaient en boucle. Anaïs ici, avec Deborah, c'était un cauchemar que je ne voulais pas affronter. Mais en même temps, que pouvais-je faire ?

Le bus arriva, et je montai rapidement, espérant noyer mes inquiétudes dans les banalités du lycée. Quand je m'assis à ma place habituelle, Noah était déjà là, un sourire fatigué sur les lèvres.

– On dirait que tu viens de te battre avec un ours, plaisanta-t-elle en me regardant.

– J'aurais préféré, grognai-je en jetant mon sac sur le siège.

– Déjà de mauvaise humeur, hein ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

Je lui racontai brièvement la situation avec Anaïs, en omettant certains détails pour ne pas l'inquiéter. Noah fronça les sourcils, mais ne posa pas de questions supplémentaires, ce qui, pour une fois, était un soulagement.

Arrivées au lycée, je tentai de me concentrer sur les cours, mais mon esprit restait focalisé sur Anaïs. Chaque fois que mon téléphone vibrait, j'espérais un message d'elle, mais c'était toujours des notifications sans importance.

À la pause de midi, Noah me poussa à aller manger, mais je n'avais pas vraiment d'appétit.

– Tu vas finir par t'effondrer si tu continues comme ça, Lilith, dit-elle en croquant dans une pomme.

– Je tiens le coup, mentis-je en détournant les yeux.

Elle soupira mais n'insista pas. Je savais qu'elle s'inquiétait, mais il y avait des choses que je ne pouvais pas partager, même avec elle.