𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟕

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Vancouver, Canada

Louis

Flashback

6 ans auparavant, Louis 14 ans.

— Je t'avais demandé un café au lait, pourquoi est-ce que tu me ramènes un café noir ?

La peur s'insinue progressivement dans chaque fibre de mon être. Une boule se forme dans mon ventre m'empêchant d'émettre le moindre son. Sa voix me donne des frissons, j'ai déjà envie de fuir. Mais ce serait une erreur de le faire, car il déteste devoir me courir après. Sa colère n'en devient que plus dévastatrice. Inspirer la crainte chez les autres est son passe-temps favori.

— Tu es une incapable, crache-t-il en frappant de son poing sur la table.

— Pardon, excuse-moi, s'empresse-t-elle de murmurer, les larmes prêtes à tomber.

Ma mère n'ose même plus le regarder dans les yeux, tant la haine qui se dégage de son regard l'effraie. Je la comprends, moi aussi, il me tétanise. Il se lève, en poussant la table sans se soucier de renverser une partie de la boisson. Puis, il récupère la tasse et s'approche tel un prédateur de ma mère. Je constate déjà que les tremblements envahissent son corps frêle.

— Tu vas m'en refaire un, ordonne-t-il en renversant le reste du liquide sur sa tête. Et cette fois, tu as intérêt à ne pas te tromper.

La fumée qui se dégage montre que le café était encore brûlant. Les lèvres de ma mère sont pincées, elle réprime un cri de souffrance. Mais, comme moi, elle sait que le silence est le meilleur moyen pour ne pas l'énerver davantage. Mes mains se resserrent sur les barreaux en bois de l'escalier. Mon impuissance me ronge de l'intérieur, comme un poison. C'est insupportable de le voir la traiter comme ça, mais je ne peux rien faire.

— Dépêche-toi putain, hurle-t-il en la poussant violemment. Je n'ai pas toute la journée.

Ma mère se rattrape de justesse au rebord du mur du salon, puis s'en va accomplir sa tâche aussi vite que possible. La pression retombe un peu, donc je remonte dans ma chambre. J'espère que ce sera tout pour aujourd'hui, je suis vraiment fatigué de cet état de vigilance constant. Alors que je referme ma porte lentement pour éviter le moindre bruit, un grincement résonne malgré ma prudence. Mon cerveau se met en alerte et je prie pour qu'il ne l'ait pas entendu.

— Louis, crie mon père d'en bas. Viens ici tout de suite.

Le désespoir me consume déjà, pourtant, je sais que je ne peux pas déroger à ses ordres. Avec la lenteur d'un condamné, je redescends pour le rejoindre dans le salon. Chaque seconde de gagné est une seconde de souffrance en moins, enfin j'essaye de m'en convaincre. Une fois arrivée, je fixe le sol tant la l'appréhension de croiser son regard me pèse. Retarder la sentence nous donne l'impression de pouvoir mieux nous y préparer, mais on n'est jamais vraiment prêts à souffrir.

— Regarde-moi quand je te parle, tonne-t-il, de mauvaise humeur. Ne m'oblige pas à t'apprendre le respect encore une fois.

Les larmes menacent déjà de monter à mes yeux, mais je me mords la joue pour les ravaler. Si je pleure, il me donnera une bonne raison de le faire. Je ne supporte plus la cave, je refuse d'y retourner encore une fois. Il fait trop froid, trop noir. Alors, je relève mes iris anxieux pour les plonger dans les siens. Il m'assaille rien qu'avec cette aversion dans les yeux. Son animosité n'a pas disparu.

— Voilà, je préfère, lance-t-il tout à coup plus joyeux. Dis-moi, on m'a rapporté quelque chose aujourd'hui, tu sais qu'il y a eu une bagarre dans ton collège il y a quelques jours.

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