Chapitre 15

2 1 1
                                    

{point de vue général}

Jeanne avait quitté Paris, un choix mûrement réfléchi malgré la douleur que cela impliquait. Elle s'était installée à Édimbourg en Ecosse, loin de l'agitation de Paris et, surtout, loin de Simon. Ce nouvel environnement représentait pour elle un renouveau et une forme de liberté. Le paysage écossais, bien différent de celui qu'elle connaissait, la réconfortait, les collines et les ruelles pavées d'Édimbourg semblaient presque la bercer, comme pour lui rappeler que la vie continuait, même après les déchirements.

Elle maîtrisait déjà bien l'anglais, ce qui facilitait son adaptation, mais elle avait décidé d'aller plus loin. Dans une école locale, elle s'était inscrite pour apprendre le gaélique écossais, une langue ancienne et poétique qui la fascinait et qu'elle espérait pouvoir transmettre un jour à son enfant. Chaque cours était une échappatoire à ses pensées, une nouvelle page dans ce chapitre loin de tout ce qui, autrefois, semblait lui appartenir.

Quant à son cheval, Jeanne n'avait pas eu le cœur de l'abandonner. Elle l'avait confié à un ami de confiance, un cavalier expérimenté qu'elle savait capable de lui offrir une vie paisible. Ce cheval, qui avait été à ses côtés lors de tant de missions, était une partie de son histoire qu'elle ne pouvait emmener avec elle, mais elle savait qu'il serait entre de bonnes mains, dans des prairies où il pourrait enfin galoper sans danger. Elle lui a aussi promis avant de partir qu'elle fera tout pour pouvoir un jour le récupérer et le faire vivre avec elle en Ecosse.

Malgré son amour pour les terres qu'elle foulait maintenant, chaque soir, en fermant les yeux, elle se retrouvait un instant de retour dans les rues de Paris, où elle se battait avec Simon, mais aussi avec ses propres sentiments. Le souvenir d'un amour qui avait semblé un instant plus grand que tout la hantait encore, mais elle chassait chaque pensée de regret, se concentrant sur l'avenir et sur l'enfant qu'elle portait.

Jeanne arpentait les rues pavées d'Édimbourg, une ville qui lui offrait cette sérénité qu'elle avait tant recherchée. Elle avait trouvé un petit appartement surplombant les toits de la vieille ville, avec une vue sur les collines lointaines. Chaque matin, elle sortait pour marcher dans la ville, s'immergeant dans cette nouvelle culture.

Ses cours de gaélique étaient devenus pour elle un rituel presque sacré, une façon de se reconnecter à quelque chose de plus grand, de plus ancien. Les sons de cette langue lui rappelaient l'histoire du pays, les légendes qui semblaient encore vibrer dans l'air humide des collines. Son professeur, Wallace, un vieil Écossais à la voix rauque, avait remarqué l'ardeur avec laquelle elle apprenait, et il lui parlait souvent des traditions, des chants anciens et des légendes des Highlands. Elle écoutait, fascinée, et chaque nouveau mot qu'elle apprenait semblait tisser un lien invisible entre elle et cette terre qui, peu à peu, devenait la sienne. Wallace était peu à peu devenu un grand-père pour Jeanne.

Elle sentait le bébé bouger de plus en plus, et chaque coup lui rappelait que son avenir se construisait ici, loin des rues de Paris et de tout ce qu'elle avait laissé derrière. Parfois, quand elle se sentait trop seule, elle lui parlait, lui racontant sa journée ou partageant les bribes de gaélique qu'elle connaissait. Ces moments la réconfortaient. Elle voulait que cet enfant ait une enfance paisible, sans les ombres qui l'avaient longtemps accompagnée elle-même.

Malgré cette tranquillité apparente, elle ne pouvait échapper aux souvenirs. Dans les rares instants où la nostalgie devenait trop forte, elle s'accordait une promenade plus longue, gravissant les collines jusqu'à Arthur's Seat. Là, avec la ville en contrebas et le vent fouettant son visage, elle se laissait envahir par tout ce qu'elle gardait enfoui. Elle pensait à Simon, à leur relation complexe, faite de passion et de contradictions, et à cet amour qu'ils n'avaient jamais su apprivoiser.

Pourtant, elle avait choisi de partir, et elle s'accrochait à cette décision. Elle se répétait qu'ici, en Écosse, elle pouvait offrir à son enfant une vie meilleure, loin des dangers et des désillusions. Cette pensée l'aidait à avancer, à regarder droit devant elle.

Un soir, alors que la pluie tambourinait contre les fenêtres de son appartement, elle se surprit à sourire. L'idée d'élever son enfant seule l'effrayait, mais elle savait qu'elle en était capable. Ici, loin de tout, elle était libre. Et cette liberté était un cadeau qu'elle était prête à défendre, quoi qu'il en coûte.

______________________
Que pensez-vous de ce chapitre ? Jeanne ? Sa nouvelle vie en Ecosse ?

~Sous Le Ciel De Paris~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant