~Sous Le Ciel De Paris~

Chapitre 4

{point de vue général}

La nuit avait été longue et froide, et l'aube commençait à percer à travers les branches des arbres. Simon et Jeanne se tenaient côte à côte, surveillant les environs. Le silence entre eux n'était plus aussi confortable qu'avant, il était désormais chargé d'une tension étrange, d'une sorte de malaise. La veille, Jeanne avait réfléchi longuement. Elle se souvenait de ce qu'il avait dit, du désir presque timide qu'il avait exprimé de connaître son prénom. Cela l'avait touchée, plus qu'elle ne voulait l'admettre. Elle avait décidé qu'il était peut-être temps. Peut-être que, derrière leurs masques, ils pourraient au moins partager quelque chose de vrai, de simple.  Alors, tandis qu'ils avançaient dans la forêt, elle brisa le silence.

Jeanne : « Hier soir, j'ai beaucoup réfléchi. À ce que tu as dit. »
Dit-elle, sa voix légèrement hésitante.

Simon lui jeta un coup d'œil rapide, curieux mais sur ses gardes.

Simon : « À quel sujet ? »

Elle prit une profonde inspiration, ses doigts se crispant légèrement sur la garde de son épée.

Jeanne : « Tu voulais connaître mon prénom. Je pense que je suis prête à te le dire. »

Le silence qui suivit sembla durer une éternité. Simon arrêta de marcher, ses yeux fixés sur elle, une expression indéchiffrable cachée sous son masque. Ses lèvres se pincèrent un instant, et il détourna le regard.

Simon : Tu sais, j'ai moi aussi réfléchis... et j'ai changé d'avis. »

Elle le regarda, stupéfaite.

Jeanne : « Comment ça, changé d'avis ? »

Il soupira et haussa les épaules, comme s'il cherchait ses mots.

Simon : « Je crois que c'était une idée stupide. Les prénoms... ils compliquent les choses. Peut-être que nous devrions rester comme ça, juste La cavalière masquée  et l'homme masqué, sans tout ce bagage supplémentaire. »

Elle sentit une pointe de colère monter en elle, mêlée à une déception qu'elle n'était pas prête à affronter.

Jeanne : « C'est ça, ton excuse ? Les prénoms compliquent les choses ? C'est absurde. »

Simon croisa les bras, prenant un ton défensif.

Simon : « Et pourquoi pas ? Regarde ce que nous avons déjà. On connaît déjà nos visages. Si on se dit nos noms, si on se connaît davantage, ça change tout. Ce que nous sommes... ça doit rester simple. »

Elle le fixait, tentant de lire dans ses yeux quelque chose de plus profond.

Jeanne : « Simple ? Depuis quand est-ce que tout ceci est simple entre nous ? »

Leur conversation s'intensifia, les mots jaillissant comme des éclats d'épées entrechoquées.

Jeanne : « Je pensais que tu voulais connaître la personne derrière le masque. Mais je vois que je me suis trompais. »
lança-t-elle, un brin de frustration dans la voix.

Simon sentit la chaleur monter à ses joues, bien que son masque la cache.

Simon : « Et toi, pourquoi ce changement soudain ? Hier, tu n'étais pas prête à dire quoi que ce soit. Qu'est-ce qui a changé entre hier et aujourd'hui ? »

Elle ne sut que répondre. Elle-même n'était pas sûre de ce qui avait changé. Peut-être le fait qu'il ait montré une facette vulnérable, un désir d'aller au-delà des apparences. Peut-être aussi la révélation de son visage, une simple fraction de son humanité. Elle détourna les yeux, troublée.

Jeanne : « Je ne sais  pas...Je voulais juste... faire tomber une barrière, je suppose.. et toi alors? »
murmura-t-elle enfin.

Simon l'observa un instant, et il y avait quelque chose de plus doux dans son regard, quelque chose qui trahissait un conflit intérieur.

Simon : « Peut-être que nous avons besoin de ces barrières.Peut-être qu'elles nous protègent. »
Dit-il presque avec regret.

Ils reprirent leur marche, le silence de nouveau installé, mais cette fois, il était lourd, presque douloureux. Jeanne sentit le regret l'envahir. Elle avait voulu ouvrir une porte, mais au lieu de cela, elle l'avait fermée, et Simon semblait maintenant plus éloigné qu'avant. Alors qu'ils montaient le camp pour la nuit, elle prit une décision. Elle s'approcha de lui, le dos droit et la voix déterminée, malgré le tremblement qu'elle ressentait intérieurement.

Jeanne : « Écoute. J'ai déjà pris la décision de te dire mon prénom, et je ne vais pas revenir en arrière. Ne me dis pas le tien si tu en as pas envie mais moi... Je m'appelle... »

Simon : « Non ! »
l'interrompit brusquement, levant la main comme pour la faire taire. Son ton était tranchant, presque désespéré.

Simon : « Ne me dis rien. »

Elle le regarda, choquée par l'intensité de sa réaction.

Jeanne : « Pourquoi pas ? Pourquoi es-tu tellement contre l'idée ? »

Simon : « Parce que si tu me dis ton nom, je vais vouloir te dire le mien. »
avoua-t-il, son ton soudain plus bas, plus vulnérable.

Simon : « Et si nous faisons ça, je crains que nous ne puissions jamais revenir en arrière. Nous ne serons plus des alliés masqués. Nous serons... autre chose. »

Elle resta silencieuse, digérant ses mots. Il avait raison, quelque part. Connaître leurs noms serait franchir une ligne, faire tomber une barrière qu'ils avaient tous les deux construite pour se protéger. Mais elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine tristesse face à cette réalité.

Jeanne : « Alors... que faisons-nous maintenant ? »
demanda-t-elle finalement, sa voix à peine plus qu'un murmure.

Simon soupira, passant une main dans ses cheveux sous son capuchon.

Simon : « Nous continuons comme nous l'avons toujours fait. Nous nous battons. Nous survivons. Et peut-être... peut-être qu'un jour, nous trouverons le courage de franchir cette ligne. Mais pas aujourd'hui. »

Elle acquiesça lentement, comprenant, même si une partie d'elle-même était déçue.

Jeanne : « Pas aujourd'hui. »
répéta-t-elle.

Leurs regards se croisèrent à travers le feu qui crépitait  entre eux, chacun cherchant quelque chose dans l'autre. Quelque chose qui, malgré tous leurs désaccords, leurs disputes, leurs hésitations, les liait plus profondément que n'importe quel nom. Et alors que la nuit enveloppait de nouveau la forêt de son voile sombre, ils restèrent là, silencieux mais unis, attendant le moment où ils seraient enfin prêts à affronter tout ce qui se cachait derrière leurs masques.

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