Chapitre 8 : Les Verres De Trop

1.4K 46 10
                                    

Ils continuent à boire, enchaînant les verres sans même y penser. Le premier alcool fort, un whisky choisi par Pierre, a laissé place à un cocktail plus sucré qu'Héléna a commandé ensuite. Puis, dans une tentative de se surpasser, ils ont pris un puis deux shot de tequila pour « marquer le coup », suivi d’un gin tonic, juste pour se « rafraîchir ». Le mélange d’alcools crée une chaleur qui se diffuse lentement dans leurs corps, rendant leurs mouvements plus relâchés, leurs rires plus spontanés, et leur contrôle de plus en plus incertain.

Héléna s’appuie contre le comptoir, la tête légèrement inclinée vers Pierre, les joues rougies par l’alcool et l’excitation de la soirée. Ses yeux brillent d’une lueur qui mêle euphorie et quelque chose de plus trouble, quelque chose qu’elle n’arrive pas à nommer. Pierre, quant à lui, la regarde avec une douceur inattendue, comme s’il prenait conscience pour la première fois de la vulnérabilité qui se cache derrière son sourire.

Il se penche légèrement, posant son coude sur le bar pour se rapprocher d’elle. Leur proximité est presque palpable ; ils se trouvent dans cet espace intime où leurs souffles se mélangent, où même le bruit du bar semble se dissiper en arrière-plan.

Pierre l’observe, presque fasciné par sa beauté. Il pose délicatement un doigt sur sa joue, traçant une ligne invisible jusqu’à sa lèvre. Le geste est d’une douceur infinie, presque hésitant, comme s’il avait peur de rompre la fragilité du moment. Héléna frissonne légèrement sous son toucher, mais elle ne recule pas. Au contraire, elle incline la tête vers lui, acceptant cette proximité. Elle ferme les yeux un instant, frissonnant sous le contact léger de ses doigts. Elle oublie complètement l'existence de Lucas.

- T’es vraiment magnifique, laisse échapper Pierre, sa voix rauque, pleine d’une émotion qu’il ne contrôle plus.

Héléna le regarde, surprise par la sincérité de ses mots. Elle sourit timidement, un sourire qu’elle ne réserve qu’à lui, comme si l’alcool avait désinhibé cette partie d’elle qu’elle garde habituellement cachée.

- Toi aussi, tu sais, murmure-t-elle. Je veux dire... tu es tellement... toi. Doux, drôle, et... tellement beau, même quand tu essaies de le cacher.

Elle rit doucement, posant une main sur sa joue, ses doigts effleurant la ligne de sa mâchoire. Ce geste tendre, presque caressant, fait chavirer Pierre. Il sent son cœur s’emballer sous la caresse, et il ferme les yeux une seconde, comme pour savourer cette sensation.

J’sais même pas pourquoi je te dis ça, souffle-t-il en rouvrant les yeux, un sourire penaud aux lèvres. Je crois que… je suis juste content d’être là, avec toi, ce soir.

Héléna incline la tête, plongeant son regard dans le sien. Elle semble perdue dans ses pensées, comme si elle hésitait à répondre. Puis, lentement, elle se rapproche, posant son front contre le sien. Leurs souffles se mêlent, et le monde autour d’eux semble s’effacer, ne laissant qu’eux deux.

- Moi aussi, je suis contente que tu sois là, avoue-t-elle. Je crois que j’avais besoin de ça... de toi.

Pierre déglutit, son regard se perdant sur le visage d’Héléna. Ils sont si proches maintenant que Pierre peut sentir l’odeur subtile de son parfum, mélangée aux arômes d’alcool. Il lève à nouveau la main, cette fois pour effleurer sa lèvre du bout du pouce. Le geste est tendre, presque adorateur. Il la contemple, comme s’il essayait de graver chaque détail de son visage dans sa mémoire.

Héléna... commence-t-il, sa voix à peine un souffle. Je crois que je...

Il ne finit pas sa phrase. Au lieu de cela, il se penche lentement, prenant son temps, comme s’il voulait lui laisser une chance de reculer. Il hésite encore, ses yeux se perdant dans ceux d’Héléna, puis il effleure doucement ses lèvres du bout des siennes. C’est un baiser léger, à peine un souffle, comme s’il demandait silencieusement la permission. Héléna reste immobile une seconde, ses lèvres entrouvertes, puis elle répond enfin, s’abandonnant à ce baiser avec une intensité inattendue.

Ton regard sur moi, ça me laisse sans voixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant