5. Entre deux bouffées de cigarette

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Célia défaisait sa valise posée sur son lit pendant qu'elle nous racontait sa semaine passée chez ses parents. Sa chambre était plus en désordre qu'elle ne l'avait jamais été. Ses invités n'avaient pas pris la peine de ranger leurs affaires. Pas très sympas. Ils avaient préféré aller dans la cuisine mettre un peu de musique avant de commencer à préparer le dîner. Cela nous laissait un moment seule entre nous. Je repensais à notre petit trio. Emma, Célia, Zoé. J'espérais que l'année prochaine nous continuerons nos soirée pyjama dans la chambre d'une d'entre nous et de jouer aux apprentis coiffeuses sur la tête d'Emma. Grâce à nous elle possédait de beaux reflets violines dans ses cheveux bruns. J'espérais aussi que nous continuerons d'être proches. On dit que les amis que l'on se fait au lycée sont ceux qui nous marquent et durent toute la vie, mais je pense que cela est faux. Ce sont ceux de l'université. Après le lycée la moitié de nos amis partent dans différentes directions faire leurs études. Il disparaissent et c'est alors qu'on reconnaît nos vrais amis, ceux qui prennent la peine de prendre de nos nouvelles. On se fait de nouveaux amis avec lesquels on affronte nos premières galères, et avec qui on avance dans la vraie vie petit à petit. J'avais connue une fille autrefois avec qui j'avais passé chaque année de lycée. Je pensais qu'elle était mon amie. Je le pensais sincèrement, jusqu'à ce qu'elle retourne sa veste et m'oublie du jour au lendemain sauf quand elle avait besoin de mes services. Elle m'avait déçue et je ne voulais plus jamais la revoir ni lui adresser la parole. C'est peut-être depuis ce jour où j'ai compris qu'accorder sa confiance trop facilement à n'importe qui était mauvais. En particulier aux garçons. Les garçons de mon âge n'avaient vraiment qu'une idée en tête et il était hors de question que je me fasse avoir. J'étais loin d'être naïve et loin d'être facile à avoir. C'est bien pour ça que personne ne réussissais jamais à "m'attraper". Personne ne me plaisais jamais longtemps. De toute façon la meilleure partie dans l'amour c'est le jeu de séduction. Je ne suis pas une fille qui ressent ce besoin presque vitale d'être à tout pris avec quelqu'un. Je ne suis pas comme ma meilleure amie Maïa. Cela faisait quelques mois qu'elle roucoulait avec son amoureux et elle n'arrêtait pas de me bassiner avec. J'avais l'impression qu'elle s'était jetée dans les bras du premier venu. J'espérais seulement qu'elle ne me lâchera pas encore pour son nouveau mec. Nouveau mec qui, selon moi, ne l'a mérite pas.

Nous rejoignions les amis de Célia dans la cuisine. De la musique s'échappait d'une mini enceinte posée sur le bar contre le mur de la cuisine. Max, Raphaël et Marine étaient tous les trois assis sur les chaises hautes. Emma, Célia et moi nous installâmes en face, assises sur la table centrale de la cuisine. Nous leur faisions face. Célia parlait avec ses amis en tentant de nous faire participer à la conversation. Je tenta de sourire et de parler mais je devais avouer que je n'étais pas très à l'aise avec les inconnus. Je redevenais subitement la fille timide que j'ai toujours été. Je me contenta donc de faire ce que je faisais toujours en premier lieux avec les inconnus : les observer. Je remarqua alors la façon dont Marine était à l'aise avec les garçons. Elle avait un air de garçon manqué. Cela ne m'étonnerait pas d'apprendre que la moitié de ses amis étaient du sexe opposé. Elle n'avait pas l'air de se prendre la tête et cela me plaisait. Une fille naturelle et sans chichi. Les garçons, eux, m'avait l'air tout à fait normaux. Je remarquais la passion qui animait Max lorsqu'il parlait de musique et le rire de Raphaël lorsqu'il charriait Max sur ses goûts musicaux. Raphaël me faisait vaguement penser à un garçon de mon lycée. Un garçon que je n'appréciais pas d'ailleurs. Pendant que Célia était partie chercher de quoi faire le dîner et je me leva et ouvris la fenêtre. Je resta quelques minutes à apprécier l'air frais de la soirée. Nous étions bientôt en été et le soleil se couchait de plus en plus tard. Il ne devrait plus tarder à se coucher d'ailleurs. Des teintes rosés venaient se mélanger aux nuances du ciel bleu de la journée. Les nuages ressemblaient à du coton posé sur un fond bleu clair et je les regardais s'échapper légèrement au gré du vent. Je laissais mes penser vagabonder pendant que je regardais les gens vaquer à leurs occupations dehors. Ils avaient l'air si petit. Soudain, une présence se fit sentir à côté de moi. Je tourna la tête et vis Raphaël debout à côté de moi. Il me regardait avec un petit sourire en coin et un paquet de tabac à rouler dans ses mains. Je le regardais étonnée de sa présence à mes côté et je réalisais alors qu'il m'avait peut-être posé une question pendant que je pensais à autre chose. Je ne savais pas quoi dire. J'étais toute confuse. Je ne savais pas si je devais dire quelque chose. Il ne fallait pas que j'ai l'air agressive ou stupide. Non Zoé ce n'était pas le moment de paniquer. Je le regardais droit dans les yeux. Dans ses beaux yeux verts. Mais dit quelque chose bordel ! C'est lui qui rompit le silence et de sa voix grave il me dit : "- Où est ce que je peux fumer ?

- Ici.

- Dans la cuisine ? Me demanda-t-il vaguement étonné.

- Oui si je te le dis. Evidemment qu'il peut fumer à la fenêtre. On l'a même tous déjà fait lors de nos soirées à la cité u. L'alarme incendie de marche pas donc tu peux fumer autant que tu veux." Ajoutais je en souriant malicieusement devant son air perplexe.

Il sortit une cigarette déjà roulée de son paquet, la plaça sur ses lèvres et l'alluma avec son briquet. Je restais là à côté de lui. La fumée de cigarette ne me dérangeais pas. Tant qu'elle ne me vient pas en plein visage cela m'allait.

- Tu t'appelles Zoé, c'est ça ? Me demande-t-il.

- Oui.

Je me tournais vers lui pour le regarder. Lui me regardait déjà. J'esquissais un sourire gênée et je reporta mon attention dehors. Ce garçon n'était pas comme tout ceux que j'avais rencontré cette année. Il était différent. Il me semblait à la fois doux comme un agneau et fougueux comme un cheval. Cela m'attirais et me repoussais à la fois. J'ignorais si moi je l'attirais et à vrai dire je n'avais même pas envie de le savoir. Je ne devais sûrement pas être son genre de fille, et si ça se trouve il avait même déjà une copine. Je l'imaginais avec une grande blonde aux allures de mannequin. Tout mon contraire. Je lui arrivais à peine à l'épaule. J'avais l'air ridiculement petite. Je devais ressembler à un nain de jardin à ses côtés. Cette pensée ridicule de moi déguisée en nain de jardin me fait sourire. Ce qui n'avait pas échappée à Raphaël qui m'observait du coin de l'œil depuis un moment.

- Qu'est ce qui te fait rire ? Me dit il en me regardant avec les yeux plissé comme s'il essayait de sonder mon âme.

- Rien du tout.

On se regarda en souriant pendant ce qu'il me semblait être une éternité jusqu'à ce que Célia demande de l'aide aux fourneaux. Sans me quitter du regard il lui dit qu'il arrivait pour l'aider. Il jeta son mégot par la fenêtre, me regarda une dernière fois et s'en alla. Ses joues devenirent légèrement rose. C'était tellement léger qu'il se pouvait même que je l'ai imaginé. Je restais encore quelques instants à fenêtre avant de m'en aller dans ma chambre. L'air humide de dehors à commencer à faire gonfler mes cheveux ce que je détestais par-dessus tout. Arrivée dans ma chambre je me posta devant le miroir derrière ma porte. Je n'étais pas si décoiffée que ça finalement. Je repensais à ce fameux Raphaël. On avait à peine parlé et pourtant j'avais l'impression qu'il venait de me retourner entièrement l'esprit.



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