11. Go back home.

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C'est avec le cœur lourd que je rendis mes clés pour le temps d'un été. L'idée de dire au revoir à mes amis me brisait le cœur. Je haïssais les au revoir. Peut-être que si je partais sans rien dire personne ne remarquerai mon absence ? Ou peut-être que si je me glissais dans une des valises des filles elle ne remarquerait rien jusqu'à ce qu'elle ouvre sa valise chez elle et alors je vivrais clandestinement caché sous son lit. Des idées toutes aussi stupides les unes que les autres traversaient mes pensées. Je devais me comporter comme une grande. Finir ma valise, prendre le métro jusque la gare et ne pas rater mon train. Ce n'était pas compliqué à première vue. Mais là n'était pas le problème. Je n'en avais juste pas envie. Ma nouvelle vie était là et je n'avais aucune envie de revenir dans ma ville natale. Aucune envie de retourner à ma routine ennuyeuse. Aucune envie de rester emprisonnée chez mes parents. Aucune envie de retourner à mon ancienne vie.

Les tous derniers instants entre nous furent à la fois les meilleurs et les plus tristes. Je n'osais imaginer les prochains mois sans mes nouvelles amies, ma nouvelle ville, mes nouvelles habitudes. Je m'étais faite à ma vie d'étudiante. J'adorais cette nouvelle vie. Habiter seule m'avait fait tellement de bien que je ne me voyais pas revivre au sein de mon cocon familiale turbulent.

Postée sur le quai de la gare en attendant mon train, je finissais de fumer la dernière cigarette de mon paquet "spécial occasion". Nous nous étions quittées plus tôt avec les filles. C'est avec peine que je retenais mes larmes. Je ne supportais pas de pleurer en public. Encore moins devant les gens que j'aime. C'était une preuve de faiblesse et je ne voulais surtout pas laisser pour dernier souvenir aux filles ma face rouge cerise dégoulinante de larmes. Je jeta mon mégot sur les rails du quai et m'engouffra dans le train. Maman et Papa ne devaient jamais apprendre que je fumais régulièrement et encore moins que je faisais la fête régulièrement. Mes parents m'imaginaient encore comme une petite fille qui devait constamment se faire surveiller. Ils m'étouffaient. Me frustraient. M'empêchaient de m'épanouir. J'avais l'impression d'être ligotée par ce souvenir de mon passé. Je sentais la crise d'angoisse monter en moi.

Affalée dans mon siège, la tête contre la vitre du train j'essayais de ne penser à rien. Je trifouilla dans mon sac à la recherche d'écouteurs pour pouvoir écouter de la musique dans l'espoir de me détendre. En tirant sur mes écouteurs une chose verte s'échappa. Je ramassa ce petit bout de papier tombé au sol. Soudain je reconnus la provenance de ce papier. L'odeur, la couleur et la forme m'était familière. Je déplia nerveusement le papier vert pour lui redonner sa forme de cœur.

"Tu vas me manquer ma Zoé. Passe des bonnes vacances. On se voit bientôt.

Pleins de bisous, Célia."

Mes joues étaient chaudes et humides. Merde. Et voilà que je me mettais à chialer. Je sortis un mouchoir de la poche arrière de mon jean et m'essuya les joues. Je me retenais de pleurer autant que possible mais je ne pu retenir des sanglots. Je pleurais des larmes de crocodiles. Les larmes que je retenais depuis des jours.

Mon torrent de larme fini par se calmer. La tête appuyée contre la vitre et le film de mes souvenirs de ces derniers mois en boucle dans ma tête une voix annonça ce que je redoutais le plus.

- Vous êtes arrivé à destination, à la sortie du train veillez récupérer vos bagages...

"Et vous tirer une balle avant qu'il ne soit trop tard" pensais je tout bas.




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Affections égoïstesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant