💙Chapitre 4💙

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**Chapitre 4 : Distance et Proximité**

Les jours qui suivirent l’incident dans la salle de repos, Amélie sentit que quelque chose de subtil avait changé entre elle et Nagi. Rien d’extraordinaire, mais une sorte de tension agréable flottait désormais dans l’air chaque fois qu’ils se croisaient. Bien que Nagi ne lui accorde toujours pas de longs échanges ou de démonstrations d’affection, elle percevait dans ses gestes, dans son regard, une forme de reconnaissance. Une petite brèche s’était ouverte dans la forteresse qu’il avait érigée autour de lui, et chaque rencontre semblait un pas de plus vers une complicité qui ne se disait pas, mais qui existait bel et bien.

Amélie savait que Nagi n’était pas du genre à se livrer facilement. Il n’était pas comme les autres joueurs qui aimaient discuter, plaisanter, ou se confier sur leurs difficultés. Lui, il restait en retrait, dans un univers qui lui appartenait uniquement. Mais elle ne le pressait pas. Elle n’essayait pas de l’obliger à parler. Elle savait qu’il viendrait à elle quand il serait prêt.

Le moment décisif arriva un soir, après un entraînement particulièrement intensif. Les joueurs étaient épuisés, les esprits encore aiguisés par l’intensité du match. Amélie, comme souvent, se trouvait dans les coulisses, observant les joueurs repartir vers les vestiaires. Elle s’attendait à ce que Nagi, comme à son habitude, s’éclipse sans un mot, en prenant soin de se fondre dans la masse.

Mais ce soir-là, alors qu’elle se dirigeait vers la sortie, elle croisa son regard. Il était là, un peu à l’écart, assis sur un banc, ses mains fermement posées sur ses genoux, comme s’il avait besoin de s’ancrer dans la réalité. Ses cheveux, habituellement impeccables, étaient éparpillés autour de son visage, et l’air épuisé qui se lisait sur ses traits contrastait avec son calme habituel. Il n’était pas en colère, ni agité. Juste… fatigué.

Lorsqu’il la remarqua, il ne détourna pas les yeux comme il le faisait d’ordinaire. Au contraire, il attendit un instant, comme s’il pesait ses paroles.

— « Tu veux bien… rester un moment ? » demanda-t-il presque timidement, un léger contraste avec son habitude de se montrer distant.

Surprise, Amélie hésita un instant, mais son instinct la poussa à s’asseoir à ses côtés. C’était un geste si simple, mais pour Nagi, c’était un grand pas. Elle ne prononça pas un mot, ne chercha pas à briser le silence. Elle savait que, parfois, la meilleure manière de communiquer était de ne rien dire du tout.

Un long moment s’écoula avant qu’il ne prenne la parole, d’une voix basse, comme si ses mots venaient de loin.

— « Tu sais, tout le monde pense que je suis juste… ce mec génial qui joue au foot. » Il émit un petit rire, sans joie. « Mais la vérité, c’est que je ne sais pas vraiment pourquoi je fais ça. Je… je n’ai jamais vraiment eu le choix. »

Amélie tourna légèrement la tête vers lui, mais ne répondit pas tout de suite. Elle attendait, sachant que la moindre réaction pourrait soit fermer la porte, soit l’ouvrir davantage.

— « J’ai été sélectionné pour *Blue Lock*, et on m’a dit que je devais être le meilleur. Pas juste bon, pas juste… acceptable. Le meilleur. C’est comme… une mission, une obligation. » Il se tut un instant, ses yeux fixant le sol. « Mais personne ne se soucie vraiment de ce que je ressens là-dedans. » Il tapa légèrement sur sa poitrine, juste au-dessus de son cœur. « C’est comme si tout le monde attendait une performance constante. Comme si je devais toujours exceller. Mais je suis juste fatigué. »

Les mots étaient lents, hésitants, comme s’il avait longtemps cherché à trouver la bonne manière de les formuler. Amélie l’écouta attentivement, son cœur battant un peu plus fort à chaque mot qu’il prononçait. Elle savait qu’il n’avait pas besoin de conseils ou de solutions. Ce qu’il voulait, ce qu’il cherchait, c’était quelqu’un qui le comprenne. Quelqu’un qui ne le réduise pas à sa performance, à sa capacité à marquer des buts ou à briller sous les projecteurs.

— « C’est comme si, tout ce que je fais, c’est pour les autres, mais jamais pour moi. » Il tourna lentement son regard vers elle. « Tu vois ce que je veux dire ? »

Amélie hocha doucement la tête. Elle savait exactement ce qu’il voulait dire. La pression de l’excellence, de la compétition, de l’attente, c’était quelque chose qu’elle comprenait, même si elle n’avait pas le même vécu. Mais elle savait que, derrière ce masque d’indifférence et de talent, il y avait une personne qui n’avait jamais vraiment eu la chance de choisir sa propre voie.

— « Je comprends, Nagi, » dit-elle doucement, en posant une main sur le banc entre eux, une manière discrète de lui offrir un peu de soutien sans envahir son espace. « Je ne peux pas vraiment savoir ce que c’est d’être dans ta position, mais je sais que ça doit être épuisant, à force. »

Il baissa les yeux, son expression se durcissant légèrement, comme s’il avait peur qu’elle l’accuse de faiblesse. Mais au lieu de cela, Amélie poursuivit, sans jugement.

— « Tu n’as pas à être ce que tout le monde attend de toi, Nagi. Tu as le droit de… être toi-même. Même si ça veut dire prendre un peu de recul. »

Il resta silencieux pendant un moment, son regard perdu dans l’horizon, mais quelque chose dans ses yeux semblait s’être adouci. Il ne répondit rien, mais un léger souffle s’échappa de ses lèvres, comme s’il relâchait enfin un peu de cette pression qu’il portait en lui.

Les semaines suivantes virent leur relation évoluer lentement, à petits pas. Nagi devenait un peu plus ouvert, un peu plus humain, et même si sa manière de se confier restait parcimonieuse, Amélie était patiente. Elle savait que ce n’était pas quelque chose qu’il pouvait forcer. Elle se contentait de lui offrir sa présence, sans jamais insister. Quand il avait besoin de parler, il venait à elle. Et quand il préférait se taire, elle respectait son silence.

Leurs échanges restaient modestes, mais la distance entre eux se réduisait peu à peu. Nagi commença à chercher sa compagnie après les entraînements, souvent sans raison particulière, juste pour partager un moment calme, loin des regards. De son côté, Amélie apprenait à ne pas le juger, à ne pas lui imposer ses attentes. Elle le laissait être, et c’était peut-être cela qui faisait toute la différence. Il n’était pas juste un talent sur le terrain. Il était un jeune homme, avec ses doutes, ses failles, et ses désirs non exprimés.

Un jour, alors qu’ils se retrouvaient après une session d’entraînement particulièrement intense, il la surprit en lui tendant une bouteille d’eau, comme un geste naturel, mais aussi comme une forme de connexion silencieuse.

— « Merci d’être là, » dit-il en la regardant droit dans les yeux, son ton grave, mais sincère.

Amélie sourit, se sentant plus proche de lui que jamais. C’était un petit pas, mais pour elle, c’était tout ce qui comptait. Un geste simple, mais qui marquait un changement profond dans leur relation.

— « Tu n’as pas à me remercier, » répondit-elle doucement. « Je suis juste là. »

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💙Nagi x oc ( blue lock)💙Où les histoires vivent. Découvrez maintenant