Chapitre 8 : Le masque de Léo

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La lumière de la lune filtrait à travers les rideaux de Léo, qui était assis à son bureau, un carnet de notes ouvert devant lui. La chambre était en désordre, comme d'habitude : des livres empilés, des papiers éparpillés, un ballon de pied qui traînait dans un coin. C'était un reflet de sa vie : un chaos qu'il réussissait toujours à cacher sous un sourire.

Il tourna la page de son carnet, suggérant de retranscrire ce qu'il ressentait après sa rencontre avec Anna. Mais aucune phrase n'arrivait à sortir. Il avait l'impression que ses pensées étaient trop confuses.

Dans la journée, il était celui qui faisait rire les autres. Celui qui connaissait toutes les blagues, qui faisait des imitations de profs, qui lançait des vannes à tout va. Il n'avait pas de mal à attirer l'attention. Au lycée, il était « le gars sympa », celui qu'on invitait partout, celui qu'on attendait pour mettre de l'ambiance.

Mais, derrière ces plaisanteries, il y avait une vérité que personne ne voyait. Léo était un excellent comédien, mais seulement parce qu'il avait appris à jouer un rôle. Tout le monde pensait qu'il était l'âme joyeuse de la classe, l'éternel blagueur, celui qui ne se prenait jamais au sérieux. Mais ce n'était qu'un masque, un rempart qu'il avait construit pour cacher son propre malaise.

Il n'avait pas remarqué Anna avant cette histoire du carnet. Peut-être parce qu'elle ne faisait pas partie des groupes bruyants à la récré, ni des conversations sans fin sur les derniers films ou les derniers potins. Anna était à l'écart, et Léo, de son côté, n'avait jamais vraiment pris le temps de la regarder. Ce n'était pas qu'il ne s'intéressait pas aux autres. C'était juste qu'il détestait se mélanger avec les filles. Il ne savait jamais quoi dire. Elles le rendaient nerveux, et il n'aimait pas se retrouver dans des situations où il devait encore faire semblant d'être quelqu'un d'autre.

Il se souvenait de sa première année au collège, quand il avait décidé de devenir celui que tout le monde aimerait avoir dans son groupe. Le « mec cool » qui n'avait jamais de soucis, toujours prêt à rire, toujours à l'aise. C'était une façon de fuir. De fuir les regards qui, parfois, posaient des questions auxquelles il ne savait pas comment répondre.

Ses amis ne le comprenaient pas vraiment. Max était sans doute celui qui en savait le plus sur lui, mais même lui n'avait jamais soupçonné qu'il portait un tel masque. Il avait appris à devenir un maître dans l'art de la dissimulation.

Il n'était pas heureux, mais il n'était pas malheureux non plus. Il était quelque part entre les deux, flottant dans un océan de sourires et de soupirs, qu'il n'avait pas l'énergie de remettre en question. Son père, souvent absent à cause de son travail, et sa mère, qui se perdait dans les tâches quotidiennes, avaient peu remarqué le changement. Le jeune Léo, toujours souriant, toujours débordant d'énergie. Le clown.

Anna, avec ses poèmes, avait percé ce masque. Quand elle avait parlé de la douleur qui se cachait sous sa propre solitude, il avait compris qu'ils étaient pareils, en quelque sorte. Tous les deux se cachaient derrière quelque chose : elle, derrière ses mots, et lui, derrière son humour.

Il la respectait beaucoup pour cela. Il l'enviait, même. Elle n'avait pas peur de montrer ses faiblesses, de se dévoiler, d'être vulnérable. Elle ne portait pas de masque, du moins pas comme lui. Léo, lui, avait toujours eu peur que les gens voient qui il était vraiment, avec toutes ses incertitudes et ses peurs. Il craignait d'être jugé, rejeté, ou même ignoré.

Le carnet perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant