« Papa...
Tu m'as laissé seul, sur cette terre,
Loin des salutations, loin de ta lumière,
J'ai joué la comédie, j'ai mis le masque,
Je t'ai caché derrière ce sourire, cette façade qui me rassure.
Mais au fond de moi, il y a un vide,
Un abîme qui se creuse chaque jour.
Et pourtant, je ne t'en veux pas,
Je ne veux pas être celui qui te reproche tout.
J'ai vu tes sourires en photo,
J'ai entendu ton rire dans le vent,
Mais jamais je n'ai senti ta main sur mon épaule,
Jamais je n'ai connu ta chaleur.
Je suis celui qui rit trop fort,
Le blagueur qui cache sa peur,
Mais, Papa, tu ne vois pas les larmes derrière le masque,
Tu ne vois pas ce que je cache dans mon cœur.
Je veux juste te dire que je t'aime,
Que je n'ai jamais arrêté de t'attendre,
Que même quand je ris, même quand je fais le clown,
Je suis ce garçon qui, au fond, n'a jamais arrêté d'être ton fils.
Papa, où que tu sois,
Tu manques à mon âme, à mon monde, à ma vie. »
Léo avait les yeux fermés lorsqu'il finit son poème, comme s'il redoutait de regarder les autres, comme s'il avait peur que ses émotions le trahissent.
Un silence lourd régna dans la salle après sa lecture, un silence qui semble durer une éternité. Mais tout à coup, un applaudissement retenu. Puis un autre, et encore un autre. Il tourna la tête, surprise. Tout le monde semblait reconnaître la profondeur de ce qu'il avait exprimée. Les applaudissements étaient nourris, pleins de respect, comme une reconnaissance sincère.
Le dernier participant monta alors sur scène. Il était calme, assuré, et son poème, lorsqu'il le prononça, fut tout simplement incroyable. Un chef-d'œuvre de poésie, une mélodie parfaitement en harmonie avec l'émotion. La salle entière le contempla, subjuguée. Il était le gagnant incontesté de la compétition. Et pourtant, Léo ne se sent ni jaloux, ni triste. Non, il avait gagné quelque chose de plus précieux que tout trophée : la liberté d'exprimer ses émotions, et surtout, d'avoir retrouvé son père.
Lorsque l'annonce fut faite, et que le jeune poète fut accueilli par la foule, Léo se sentit en paix. Il n'avait plus rien à prouver. Les gens qui l'avaient respecté pour son côté extraverti comprenaient maintenant une autre facette de lui.
Ses yeux se posèrent sur son père, assis au fond de la salle, les yeux brillants, pleins d'émotion. Ce respect. Un regard qu'il n'avait pas vu depuis si longtemps. Ce regard, c'était celui d'un père. Et à cet instant, il sentit un frisson le parcourir. Sa mère, aussi, était là. Pas loin de son père, debout, silencieuse, les yeux rivés sur lui. Elle était là. Elle l'avait vu. Elle l'avait enfin vu.
Alors que les applaudissements se dissipèrent, Léo descendit lentement les marches de l'estrade. Il n'était plus un adolescent en quête d'approbation, ni un garçon perdu dans son besoin de faire rire. Il était un fils, avec un père et une mère, dans cette salle, en train de le regarder pour la première fois. Et il se sentit plus fort que jamais.
Quand il arriva devant son père, celui-ci se leva brusquement. Les larmes brillaient dans ses yeux, tout comme les siennes. Ils se regardèrent longuement, sans un mot, et tout d'un coup, son père étendit les bras. Léo n'hésita pas une seule seconde. Il se précipita dans ses bras. Il n'avait pas honte. Ce qui comptait, c'était lui et son père, rien d'autre.
Ils s'étreignirent. Un père et son fils, enfin réunis dans un simple geste,.., un geste d'amour qui effaçait les années de distance.
__ Léo...
Les deux hommes se regardèrent dans les yeux, un regard sans fard, sans faux-semblants. Il n'y avait plus de distance. Juste eux, là, ensemble.
Et alors, du fond de la salle, Léo vit Anna. Ses mains discrètement jointes comme pour lui dire bravo. Et quand leurs regards se croisèrent, elle lui sourit.
Elle savait que son ami venait de gagner, d'une manière bien plus importante que n'importe quel trophée.
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Le carnet perdu
Teen FictionLéo est un adolescent comme les autres, mais derrière ses blagues et son masque de clown se cache un cœur lourd de blessures. Mais tout bascule lorsqu'il tombe sur un carnet perdu, rempli de poèmes simples et beaux, qui réveillent en lui des émotion...