Dans ma vie, car oui, je décide de m’exprimer comme les anciens en évoquant une époque révolue. Je me suis souvent plaint de ma solitude, de l’ignorance des autres à mon égard. J’exigeais qu’on me remarque sans que j’agisse moi-même. Désormais dehors, alors que je parcours les ruines de la ville, je me dis que j'étais bête. La solitude n'était rien contrairement à celle-ci car le souffle du danger frôle mon épiderme.
Tout a brûlé, tout est effondré excepté quelques bâtiments à demi debout, luttant pour ne pas tomber. Il y a des magasins encore intacts mais la poussière, la cendre, grisent l'intérieur. Je me croirai dans un pot dans lequel on y met les cendres d’un défunt. C’est sinistre et déstabilisant. Des étagères, des boîtes de conserves, des légumes ou des yaourts sont éparpillés sur le sol comme une scène de crime.
Ce silence qui plane dans l'atmosphère est atroce, tout aussi pesant que lorsqu’ils étaient là. Un bruit, même petit, pourrait me faire vriller. Mon corps irait se recroqueviller dans un coin. Ma tête viendrait se glisser dans mes bras comme une autruche met la sienne dans la terre. Puis, mes pieds gigoteraient sur le carrelage pour tenter de passer le temps et diminuer mon stress.
Je parcours les rayons, observe chaque aliment qu’on pourrait manger. Mon ventre gargouille en voyant le délicieux pot de nutella. Mais si Alexei ne ramène pas ça, c’est qu’il s’y connaît. Le chocolat donne soif, on risque d'utiliser trop d’eau si on en consomme. Mes pieds m'éloignent du rayon de la tentation pour m'amener vers les conserves. J’en pioche quelques-unes pour les mettre dans le sac puis, après l’avoir fermé, je regagne mes pas sauf qu’un faible grésillement m'arrête.
Plus rien.
Plus aucun bruit.
Mon cœur s’agite, je n’entend plus que lui avec le vent qui souffle dans la ville morte.
Au bout de plusieurs longues minutes qui me semblent être une , mon pied s’avance d’un pas. Et une, deux, même trois secondes plus tard. Je parviens à souffler comme si mon pied était sur une bombe prête à exploser. Alors quand il ne se passe rien, ça me rassure. Être seule ici me rend paranoïaque. Je ne l'étais pas autant la dernière fois.
Cependant, mon corps se fige à nouveau. Une vive lumière, petite et rectangulaire, une forme bien singulière car c’est ma mère qui me l’a montré. Elle m’a montré le sien et, petite, je m’en suis servie pour jouer, bien que ça ne soit pas sa fonction première.
D’une main hésitante, je saisis l’objet qui marche encore. Il est rayé et des bandes de couleurs traversent le milieu de l'écran. Je n’ai aucune idée de pourquoi ce vieux téléphone est là mais je le mets dans la poche de mon pull. N'empêche, c’est étrange qu’il fonctionne encore. Il devrait être chargé. Cependant, cela fait des années qu’on n’utilise plus ces appareils. En 3024, on utilise surtout des hologrammes via un petit cube. C’est beaucoup moins encombrant qu’une plaque rectangulaire.Je regarde attentivement le portable de plus près et lorsque je le tourne, je reconnais le logo. Ce design singulier qu'on a tous croisé à plusieurs reprises. Ce sont ces inventeurs sortis de l'ombre qui ont sauvé la France de la crise des satellites des années 2076. Oui, je me souviens. En histoire, mon professeur en a parlé car c'est une crise historique : Celle des satellites qui ont cessé de fonctionner, laissant planer le monde sans internet à l'état d'homme des premiers jours. Comme le début de tout, de la nation. C'est ce portable particulier qui a reconnecté les gens au monde grâce au fonctionnement similaire des antennes radio, celle des ondes. Depuis, de nouvelles technologies comme le cube holographique, ont vu le jour et toujours sur ce même système mais en moins performant d'après ma mère.
***
Mes joues doivent être rouges comme les pivoines. Les rayons du soleil cogne mon visage tandis que je gravis la petite montée qui mène jusqu'à la maison. Ma main n’a pas le temps de toucher la poignée que la porte s’ouvre sur Opale, toute souriante, qui se jette sur moi pour me prendre dans ses bras. Elle a vite adopté cette habitude. La première fois, j'étais mal à l'aise. Pas contre elle mais par manque d’habitude. Derrière elle, tenant la porte, Alexei qui me regarde aussi rassurée que la plus jeune de me voir saine et sauve.
Voyant que la petite ne me lâche pas, la main de l’homme se pose sur son épaule pour lui faire comprendre de me lâcher et c’est ce qu’elle fait aussitôt pour ensuite me laisser franchir la porte tandis que le soldat la ferme derrière moi. Sa chaleur dans mon dos provoque une vague de frisson le long de mon épiderme.
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AçãoAlors qu'elle se réveille, Charlie désespère au milieu de ces décombres. Malgré elle, la vie a voulu qu'elle reste sur terre au milieu de ce chaos tandis que ses camarades sont morts... Selon vous... va-t-elle rester sous les décombres ou se hisse...