La fille aux yeux dorés [réécriture]

Le voile

Des bruits de grattements dans les murs résonnaient, des petits bruits de pas semblaient provenir du plafond. Le grenier? Non.
La chaleur était étouffante dans ma chambre pourtant j'avais entre ouvert la fenêtre..
J'ouvris les yeux et fixai le plafond.
Dans le noir, j'attendais que le sommeil revienne mais de nouveau j'entendis des bruissements venir du plafond. En réalité, ils venaient plus de l'autre bout de la pièce..
Intriguée, je m'assis sur mon lit et me mis à observer le noir tout autour de moi. Soudain, une ombre passa et un grognement s'éleva depuis la porte de ma chambre.
Je fixai celle-ci, essayant de repérer ce qui m'avait réveillé. Soudain, le grognement s'amplifia et deux grands yeux bleus me lancèrent un regard assassin.
Ils ressemblaient aux yeux du chat noir, mais en trois fois plus grand.. comme si un lion était dans ma chambre.
Je me levais de mon lit en gardant un œil sur la créature.
Soudain, les yeux bleus s'avancèrent plus rapidement. La créature fit un rugissement bestial avant de m'attaquer et me manger les entrailles. Je me mis à hurler, à pleurer. J'avais mal. Mal au ventre, mal aux jambes, mal à la tête surtout. Il y avait du sang partout mais je vivais encore. La créature leva la tête de son dîner puis fixa ses yeux dans les miens avant de se lécher les babines et de s'attaquer à mon visage.

D'un coup je me réveillai en sursaut, terrorisée, le souffle court.
Je clignai des yeux et regardai autour de moi. Il faisait encore noir. Je me tournai vers l'horloge et vis qu'il était seulement 4h du matin.
Je me mis en position assise en me tenant le ventre. Ça n'avait été qu'un cauchemar mais, bon sang, j'avais l'impression d'avoir réellement été dévorée. Une sensation de brûlure constante impossible à faire passer s'était éparpillée partout dans mon corps.
Et j'avais vraiment cette impression que plus les heures passaient, plus la sensation montait dans mon corps, comme si elle voulait atteindre ma tête, mon cerveau.
Je me recouchai et fermai les yeux mais je n'étais plus capable de dormir après ce cauchemar... Mon coeur battait encore trop vite, ma tête allait exploser, et mon ventre était en feu.
Comment dormir après ça?
Je décidai de prendre mes écouteurs et mon téléphone, et de mettre en route ma playlist préférée, afin de me calmer.
La musique me permit de me concentrer sur autre chose et finalement je sus m'endormir... jusqu'à ce que mon réveil sonne.
"- Naaaaan..." fis-je en tapant sur l'engin de malheur.

Crevée, je me réveillai avec des courbatures partout. J'avais la nausée et des cernes aussi noirs que du charbon.
La brûlure était remontée jusqu'à mon coeur et le mal de tête s'était amplifié. J'avais l'impression que les bruits autour de moi s'étaient amplifiés. Le bruit de la tondeuse du voisin, le tic tac de mon horloge, la cafetière de maman..
"- Je crois que la fatigue me rend folle... comme quoi, maman a raison, 10h de sommeil, c'est la meilleure chose qui soit..."

Je me levai, pris quelques vêtements avant d'aller dans la salle de bain pour me doucher.
Je me regardai quelques instants dans la glace... j'avais juste cet air endormi que toute personne arbore très tôt le matin, avec les griffures en plus, bien sûr.
J'ouvris le robinet et me passai de l'eau sur le visage.
En relevant la tête, je vis un voile passer devant mes yeux. Un voile jaune doré. J'ouvris les yeux encore plus grand et m'approchai du miroir. Mais il n'y avait plus rien. J'avais probablement dû rêver.
Je terminai de me rincer le visage puis je m'apprêtais à me laver quand soudain je sentis une forte odeur de rose. Je me tournai et me tournai dans tout les sens mais je ne vis aucune fleur. J'haussai les épaules. Certes, cela m'intriguait mais ça arrive parfois de sentir quelque chose qui n'est pas prêt de soit. C'est le cerveau qui nous fait croire ça! Des sortes d'hallucinations olfactives, je suppose.
Je fermai la fenêtre, me déshabillai, entrai dans la douche et pris le savon.
Je me mis à le frotter contre ma peau et soudain, une odeur d'orange mélangée à une odeur... une odeur de quoi? Je n'arrivais pas à le définir. En tout cas, ça ne venait certainement pas du savon.
Je fronçai les sourcils.
Une fois sèche, je mis ma jupe et mon top tout en reniflant cette odeur indéterminée.
Ce n'est qu'en ouvrant la porte de la salle de bain que l'odeur devint encore plus prononcée.
Une odeur de pancake.
"- MAMAAAN??" criai-je.
"- Mmh?" fit-elle.
Je me retournai brusquement, persuadée qu'elle était derrière moi, mais pourtant j'étais seule dans le couloir... j'étais sûr de l'avoir entendue clairement, comme si elle chuchotait dans mon oreille...
"- Maman? Tu es où?"
"- Dans la cuisine! Tu viens manger?" fit-elle.
À nouveau, je l'entendis comme si elle était à côté de moi.
Je fermais les yeux afin de respirer un bon coup pour me calmer. Je savais que quelque chose n'allait pas mais je préférais remettre la faute sur le manque de sommeil.

Je descendis rapidement et allait m'installer sur un chaise de la cuisine. Ma mère arriva avec une assiette et versa du sirop d'érable sur le... pancake.
«Comment c'est possible? La cuisine est tellement loin de la salle de bain, l'odeur n'aurait pas su aller jusque là bas, si?» pensai-je, de plus en plus intriguée par toute ces nouvelles modifications de mon organisme. Mon odorat et mon ouïe sont plus performants que jamais.
Je regardai mon assiette et mon appétit disparut. J'étais trop perturbée par ce qu'il se passait. Étais-je toujours dans mon cauchemar? Allais-je me réveiller en sursaut à cause de mon réveil?
Je me mis à me pincer le bras pour voir si le conseil donné dans les films fonctionnait mais rien ne se passa. J'étais belle et bien réveillée.
Je bu tout de même mon jus d'orange...
«Wow, les pancakes ça passent mais l'odeur du jus d'orange carrément??»
Confuse, je sortis de table et allai chercher mon sac d'école. Je saluai ma mère et sortis en quatrième vitesse avant de devoir passer un interrogatoire sur mon comportement étrange.
Je n'avais vraiment pas envie que ma mère me pose des questions, c'était gênant, mais surtout je n'avais pas envie de devoir donner des réponses bizarres à propos de comportement que moi-même je ne comprenais pas.
En sortant, je vis la voisine d'en face dans son jardin occupée à arroser ses roses. Je fronçais les sourcils et me retournais vers la fenêtre de la salle de bain que j'avais fermé quelques instants auparavant.
J'expirai bruyamment puis repris mon chemin vers l'école.