« Ils s'efforcent d'être des anges alors qu'en eux sommeillent des démons. Moi je suis ce démon qui au fond abrite un ange »
Lisa
Aujourd'hui, il fait beau. Il fait beau partout sauf dans mon cœur.
Posée sur le toit de l'académie je sens comme des légers picotements sur cet organe qui devrait se limiter à pomper le sang. C'est atroce comme sensation, le cerveau envoie des informations au reste du corps pour que la douleur émotionnelle devienne physique.
Plus bas, je vois les autres élèves avec leurs familles. Ils rigolent ensemble, se serrent dans les bras, discutent, ils s'aiment. Des plaisirs qui m'ont été arraché bien trop tôt.
Quelques fois je me demande si il existe vraiment un être supérieur au dessus de toutes choses. Celui-là qui est sensé être créateur de tout ce qui existe, qui est sensé nous avoir créé, m'avoir créé. Je préfère croire qu'il n'existe pas sinon pourquoi aurait-il créé une personne si elle doit être aussi malheureuse ? Pourquoi aurait-il voulu qu'on souffre autant ? Pourquoi nous a t'il abandonné ? Pourquoi moi particulièrement ? Ça l'amuse ?
Un rire sans joie m'échappe en réalisant que je rejette la faute sur une personne qui n'existe sûrement même pas. Que je me lamente sur des idéaux abstraits, je deviens folle.
— Lisa ?
La voix d'Émilie vient me sortir de mes pensées. Je me retourne alors qu'elle s'avance vers moi.
— Elle est nulle cette journée retrouvailles tu ne trouves pas ?
Elle pose négligemment ses coudes sur les rebords et observe les autres avec un air dissimulant à peine sa frustration.
— Ça dépend pour qui, je réponds en soupirant
Elle sourit faiblement mais ne dit rien.
— Pourquoi tes parents ne sont pas là ? Osé-je demander
Elle grimace avant de lâcher un rire nerveux.
— Eh bien comme tu sais je suis un sang mêlé. C'est mon père qui était loup garou. Mais je ne l'ai jamais connu, il s'est barré avant ma naissance. Ma mère est humaine et n'a donc pas le droit d'être ici.
— Je vois. C'est embêtant
— Ça tu l'as dit
— Ta mère pense quoi de ta venue ici ?
— Elle ne veut que le meilleur pour moi. Elle a toujours tout fait pour que je ne me sente pas différente des autres enfants, mais malgré ses efforts je ne me suis jamais vraiment sentie à ma place. Quand on a appris que cette école existait nous avons sauté sur l'occasion, je pouvais enfin m'épanouir avec mes semblables. Et puis arrivée ici les autres loups-garous m'ont rejeté. Ironique pas vrai ?
Elle rigole encore pour dissimuler sa tristesse. J'ai de la peine mais je ne réponds rien. Je ne préfère pas m'aventurer sur ce terrain, je manquerai de tacte c'est évident.
Oui j'ai envie de la réconforter mais comment ? Est-ce même seulement possible ? Comment réconforter une personne quand sa douleur semble être une infime rivière devant notre propre océan de lamentations ?
Je me sens soudain très égoïste de ne pas trouver sa souffrance légitime, de penser qu'elle devrait plutôt se réjouir d'avoir eu une mère, une maison et de l'amour. De ne pas avoir vu le pire avec des yeux bourrés d'innocence, de ne pas avoir eu l'impression de pleurer toutes les larmes de son corps au point où maintenant il devient difficile d'en verser même une seule. De ne pas revoir chaque 26 octobre le flashback des corps sans vie de ses parents, du sang tapissant le sol et les meubles, de ne pas revoir le regard apeuré de son père ce jour là, quand il s'est donné corps et âme pour la protéger.
![](https://img.wattpad.com/cover/342948385-288-k385574.jpg)
VOUS LISEZ
L'académie des kaijins
ParanormalEt si les contes de fées étaient réels ? Et si les êtres surnaturelles existaient vraiment ? Et si ils étaient parmi nous ? Dans un monde où les créatures mythiques vivent reclus au sein de la société humaine, les kaijins sont-ils officieusement app...