Chapitre 5

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Les jours passèrent, et Layla réalisa rapidement que sa vie au palais était loin de ressembler à ce qu'elle avait imaginé. Le faste et la splendeur n'étaient qu'une façade, dissimulant des dynamiques complexes qu'elle peinait encore à comprendre. Chaque matin, elle se levait dans ses appartements magnifiquement décorés, mais elle se sentait enfermée dans une cage dorée. Les pièces immenses résonnaient du vide de sa solitude, et les heures s'étiraient sans qu'elle sache vraiment quel rôle jouer.

Ce jour-là, elle décida de confronter Khalid. Elle l'avait vu brièvement lors de dîners officiels, où il parlait à peine et quittait la table sitôt le repas terminé. Mais aujourd'hui, elle voulait des réponses.

On l'avait informée qu'il était dans son bureau, une pièce imposante où seuls quelques élus pouvaient entrer. Ignorant les regards surpris des gardes à l'entrée, elle poussa la lourde porte sculptée.

Khalid, debout près d'une fenêtre qui donnait sur les jardins, se retourna à son entrée. Il était vêtu d'une tunique sombre, son visage fermé comme à son habitude.

— Layla, dit-il calmement, presque surpris. Que fais-tu ici ?

Elle inspira profondément, s'avançant sans hésitation.

— J'ai besoin de parler, Khalid.

Il fronça légèrement les sourcils, mais lui fit signe de s'asseoir. Elle refusa.

— Pourquoi suis-je tenue à l'écart ? demanda-t-elle directement.

Il la fixa quelques instants, comme s'il pesait ses mots.

— Que veux-tu dire ?

— Tout. Les réunions, les décisions concernant le palais, même les affaires courantes. Je suis votre épouse, Khalid. Je pensais que cela signifiait...

Elle marqua une pause, cherchant ses mots.

— ... que je serais votre partenaire.

Khalid croisa les bras, adoptant une posture défensive.

— Tu es ma sultane, Layla, pas mon partenaire. Ces affaires te sont étrangères pour l'instant.

— Pour l'instant ? siffla-t-elle. Combien de temps devrais-je attendre, alors ? Jusqu'à ce que je sois devenue invisible ?

Il sembla agacé par son ton.

— Ce n'est pas une question de temps. Tu dois comprendre ta place ici.

Elle sentit la colère monter en elle, mais elle fit de son mieux pour rester calme.

— Et quelle est ma place, Khalid ? Être une décoration dans votre palais ? Observer de loin sans jamais agir ?

Il détourna les yeux, comme s'il cherchait à éviter une confrontation directe.

— Samira n'a pas eu à attendre, murmura-t-elle.

À l'évocation de ce nom, Khalid se figea. Une ombre passa sur son visage, et son ton se fit plus tranchant.

— Ne compare pas ta situation à celle de Samira.

— Pourquoi pas ? demanda-t-elle, osant soutenir son regard. Parce que je ne suis pas à la hauteur ?

Un silence tendu s'installa. Khalid finit par s'approcher, son visage impassible, mais ses yeux brillaient d'une froideur inhabituelle.

— Samira... était différente. Elle avait prouvé qu'elle comprenait les subtilités du pouvoir et de la gestion.

— Et moi, je dois "prouver" ma valeur avant même d'avoir une chance de comprendre ?

Le serment du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant