chapitre 10

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Dans les couloirs richement décorés du palais, l'effervescence était palpable. Les murmures des serviteurs se faisaient plus audibles, une rareté dans cet univers de discipline stricte. L'annonce avait circulé à une vitesse déconcertante : Khalid, le sultan d'apparence impénétrable, avait exigé que Layla dîne avec lui ce soir. Pas une invitation, mais une demande impérative, à laquelle aucun refus ne semblait envisageable.

Dans ses appartements, Layla tournait en rond, ses pensées brouillées par l'étonnement et la méfiance. Elle avait retiré son voile de la journée et s'apprêtait à enfiler une tenue plus confortable lorsque Noura entra en trombe, le visage illuminé d'une curiosité teintée de joie.

— Votre Altesse ! Vous n'allez pas croire ce que j'ai appris !

Layla, qui avait déjà deviné la cause de cette excitation inhabituelle, croisa les bras.
— Le sultan m'a convoquée pour le dîner. C'est ça ?

Noura cligna des yeux, visiblement déçue que sa nouvelle ne soit pas un scoop.
— Oui, exactement. Comment l'avez-vous su ?

— Les murs ici ont des oreilles... et des langues, répondit Layla avec un soupir.

La servante la scruta avec intérêt, un sourire en coin.
— Vous semblez contrariée, mais c'est une bonne chose, non ? Peut-être cherche-t-il à mieux vous connaître.

Layla haussa les épaules, jouant avec un bijou sur sa main.
— Khalid n'est pas un homme qui agit sans raison. Chaque geste de sa part est calculé, stratégique. Si cette convocation a lieu, c'est qu'il y a un objectif précis derrière.

Noura leva les yeux au ciel, manifestement amusée par le cynisme de sa maîtresse.
— Ou peut-être qu'il vous apprécie enfin et qu'il veut juste passer un moment agréable avec vous.

— Khalid ? Agréable ? Noura, tu as des idées bien naïves, répondit Layla avec un sourire ironique.

Mais derrière cette façade assurée, elle ne pouvait ignorer le léger battement d'incertitude dans sa poitrine.

— Quoi qu'il en soit, dit-elle après un moment, prépare-moi une tenue qui reflète l'équilibre parfait : pas trop formelle, mais suffisamment élégante. Si Khalid veut jouer à un jeu, je compte bien y participer.

Lorsque Layla entra dans la salle privée réservée aux repas du sultan, elle fut d'abord frappée par l'intimité du lieu. Rien à voir avec les vastes salles opulentes des banquets officiels. Ici, la lumière était tamisée, projetant une lueur chaude sur les murs décorés de tapisseries. Une table en bois sombre trônait au centre, ornée de chandeliers et de plats finement présentés.

Khalid était déjà là. Debout près de la fenêtre, il observait la vue nocturne qui s'étendait au-delà des jardins du palais. À son entrée, il se retourna lentement, et Layla fut surprise de remarquer une étincelle d'appréciation dans son regard lorsqu'il la détailla. Elle portait une robe fluide, d'un bleu profond, brodée de motifs argentés qui reflétaient subtilement la lumière des bougies.

Il s'inclina légèrement, un geste rare pour lui.
— tu es resplendissante.

Layla, déstabilisée par le compliment, se reprit rapidement.
— Vous avez demandé ma présence, Khalid. Me voilà.

Il lui indiqua la chaise en face de la sienne et attendit qu'elle s'installe avant de reprendre sa place.

Un silence s'installa d'abord, seulement troublé par les mouvements des serviteurs qui déposaient les plats et remplissaient leurs verres. Layla sentait le poids du regard de Khalid sur elle, mais elle refusait de le rencontrer directement.

Finalement, ce fut lui qui brisa le silence.
— J'espère que cette convocation ne vous a pas trop surprise.

Elle releva les yeux, décidant de ne pas se laisser impressionner.
— Surpris serait un euphémisme. C'est la première fois que vous me demandez de partager un repas avec vous.

Le serment du désertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant