01. Les silences qui crient

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Harper

Seattle, Amérique du Nord
Octobre 2009

Avant, je pleurais pour tout et pour rien.
La tristesse, la colère, la joie... toutes les émotions s'enchaînaient, comme si chacune trouvait un chemin direct vers mes yeux. Une cascade de larmes jaillissait, incontrôlable, vidant mon corps de toute son énergie. C'était un réflexe, une manière de réagir au monde qui m'entourait, mais c'était épuisant. Chaque émotion s'emparait de mon cœur avec une intensité dévastatrice, le broyant en mille morceaux. Il me semblait qu'il n'y avait pas de demi-mesure, pas de nuances. Quand je ressentais quelque chose, je le ressentais complètement, jusqu'au bout, comme si cela allait m'engloutir.

Mais un jour, j'ai compris. Pleurer ne résolvait rien. Rien ne changeait. Les larmes ne guérissaient pas les blessures, elles ne réparaient pas les injustices, elles ne ramenaient pas les choses perdues. Alors, j'ai choisi une autre voie : tout garder en moi. Je me suis construit une barrière, une forteresse silencieuse. Les émotions étaient toujours là, bien sûr, mais elles restaient enfermées, comme des oiseaux en cage, battant des ailes sans jamais s'échapper.

Assise sur le rebord de la fenêtre, je fixe l'allée plongée dans l'obscurité depuis des heures. Le vent glacé de Seattle mord mon visage, caresse mes joues avec une rudesse presque réconfortante. Pourtant, aucune larme ne coule. Plus maintenant. Je reste immobile, absorbée par le mouvement des branches qui se balancent sous les rafales, par les étoiles qui scintillent faiblement entre les nuages.

— Harper ! Ça fait cinq fois que je t'appelle pour venir manger, descends ! hurle mon frère à travers la maison, sa voix traversant les murs avec une impatience familière.

Je pousse un soupir bruyant, laissant le froid me traverser jusqu'à la moelle. Il y a quelque chose de pur dans cette sensation, quelque chose de vivant. Mais je ne peux pas rester là éternellement.

D'un bond, je retourne dans ma chambre, mes pieds nus frappant légèrement le parquet froid, et je m'effondre sur mon lit défait. Les couvertures en désordre témoignent d'une sieste interrompue, un repos que je n'ai jamais vraiment trouvé.

— J'arrive ! criai-je en dévalant les escaliers, mes pas résonnant dans la maison.

Le regard noir de mon frère se pose sur moi dès que j'apparais dans la cuisine. Il me détaille de haut en bas, son regard glissant sur mon visage fatigué et mes jambes nues.

— T'as pas froid comme ça ? Il fait deux degrés dehors ! s'exclame-t-il, simulant une mine choquée, un sourire en coin prêt à éclore pour m'agacer.

Je lève un sourcil, croisant les bras et imitant son expression dramatique.

— Très drôle, Harp. Tu faisais quoi ? reprend-il en s'asseyant à table, son ton plus curieux cette fois.

Je prends ma place habituelle, à côté de lui, et je hausse légèrement les épaules.

— Je regardais les étoiles. Elles sont magnifiques ce soir. Tu devrais venir avec moi, parfois.

Il éclate de rire, secouant la tête comme si ma suggestion était la chose la plus absurde qu'il ait jamais entendue.

Notre mère entre alors dans la pièce, un léger sourire aux lèvres, et s'installe près de nous.

— Tu ne devrais pas rester dehors comme ça, Harper, dit-elle doucement. Tu vas finir par attraper froid.

Mon frère hoche la tête, approuvant silencieusement. Puis, comme toujours, il détourne rapidement la conversation vers un autre sujet. Tandis qu'ils discutent, leurs voix s'éloignent, se mêlant en un bruit de fond apaisant, et je me perds à nouveau dans mes pensées.

✧ ✧ ✧

— T'en penses quoi, toi ? demande Livy, ma meilleure amie, en avalant une énorme bouchée de burger, les yeux brillants de curiosité.

J'appuie ma main sous mon menton, réfléchissant sérieusement à sa question.

— Bah, lequel tu préfères ? Y'en a bien un avec qui tu t'entends mieux, non ?

Elle secoue vigoureusement la tête, ses cheveux volant autour de son visage, déclinant catégoriquement.

— Je t'assure que non, Harper ! Ils me plaisent tous autant, dit-elle en riant. Mais... il y en a un qui pourrait te plaire. Tu veux que je te le présente ?

Un éclat de rire incontrôlable s'échappe de ma bouche, brisant la routine tranquille du café. Quelques regards agacés se tournent vers nous, mais cela ne fait qu'amplifier notre amusement.

Livy, fidèle à elle-même, commence à les imiter avec une précision exagérée, ajoutant une touche dramatique qui finit par m'arracher des larmes de rire.

— Quoi ? Vous n'aimez pas les gens qui soufflent sous votre nez ? Moi non plus, ironise-t-elle en direction des voisins de table, qui s'éloignent, excédés.

Son sens de l'humour contagieux élargit mon sourire. Mais notre moment de complicité est interrompu par l'arrivée de mon frère, Harry.

Le visage de Livy s'éclaire immédiatement, tandis que le mien se ferme.
À chaque fois, c'est pareil. Elle n'a d'yeux que pour lui. Et ça m'énerve, parce que je sais que Harry est incapable de sérieux en amour.

— Tu fais quoi là ? lancé-je, mes yeux plantés dans les siens avec une pointe d'irritation.

Il hausse les épaules, visiblement indifférent, et commence à raconter ses exploits sportifs devant Livy, qui l'écoute, fascinée.

Un soupir las s'échappe de mes lèvres.

— Tu vas venir, Harper ? me demande soudain Livy, un sourire espiègle aux lèvres.

Je la regarde, déconcertée.

— À la fête de ton frère, précise-t-elle en riant.

Je hoche lentement la tête, et son sourire revient immédiatement, triomphant.

✧ ✧ ✧

San Francisco, Amérique du Nord
Juin 2004

Je souriais comme une gamine.
Le ronronnement du moteur, le vent dans mes cheveux, la route qui s'étendait à l'infini... tout était parfait, presque irréel.

J'appuyais sur l'accélérateur, grisée par cette sensation de liberté. Chaque virage devenait un défi, chaque accélération m'apportait un frisson qui me parcourait de la tête aux pieds.

Le moteur rugissait, réclamant toujours plus de vitesse, comme une bête insatiable. Et je cédais, sans réfléchir. La tentation d'aller toujours plus vite était trop forte, un mélange d'adrénaline et de folie.

Un virage serré se profilait devant moi. Trop vite. Je devais ralentir. Mais au lieu de ça, je pris le risque.

D'un geste brusque, je tournai le volant, et les pneus crissèrent contre le bitume. Le sable projeté sur les vitres ajoutait à la cacophonie qui régnait dans l'habitacle.

Je pensais avoir maîtrisé la situation, mais une voiture surgit de nulle part.

Le choc fut violent. Le monde sembla s'arrêter.
Mon corps, secoué, refusa de répondre. Une douleur sourde irradiait de partout, mais ce n'était rien comparé au silence qui suivit. Ce silence, lourd et terrifiant, résonnait plus fort que l'impact lui-même.

☀︎

Hey loves !

Comment vous allez ? Ça fait siiii longtemps !

Vous m'avez tellement manqué 🙏🏼

Bon bon bon... voilà le début de la réécriture, je vais essayer de poster assez régulièrement 🏃🏼‍♀️

J'espère que ça vous a plu, moi je le préfère davantage comme ça !

Prenez soin de vous,
With all my love  ☆
D' <3

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MILLER : la proie du diable ( EN RÉÉCRITURE )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant