𝐸𝑐𝑐𝑒𝑑𝑒𝑛𝑡𝑒𝑠𝑖𝑎𝑠𝑡【 Taekook

Chapitre 16

Le silence avant l'ouragan. Voilà comment je choisis de nommer l'immobilité du bruit ambiant qui règne dans la chambre de Jungkook.

J'ose à peine tirer le tissu de mon haut de pyjama resté coincé sous mes fesses lorsque je me suis allongé dans le lit que Jungkook me prête pour la deuxième fois.

Ma mère va être très déçue, et mon père incarnera la définition même de la fureur quand je rentrerai demain soir.

Si j'ai réussi par miracle à passer au-dessus de toutes les choses que j'ai accumulées ces derniers temps, eux non. Ils m'attendent même de pieds fermes si j'en crois le dernier texto que j'ai reçu de ma génitrice.

Ils ont dû lire le mail envoyé par le directeur pour les prévenir de ma récente escapade.

— Non mais... Tu en es bien certain ?

Les lattes sous le matelas de Jungkook grincent quand il gigote pour passer sa tête dans le maigre espace qui sépare nos deux lits.

Il fait ça depuis tout à l'heure et, lassé de le voir faire, j'ai fini par m'allonger pour tenter de trouver le sommeil.

Ce qui est évidemment peine perdue puisqu'il ne lâche toujours pas l'affaire, même lorsque je mime des ronflements plus ou moins convaincants.

— Oui. C'était sa voix lorsqu'il accusait le second homme. L'intonation était aussi similaire que celle qu'il prend quand il remet gentiment un élève trop regardant à sa place.

— Mais qui était l'autre, alors ?

Mes doigts s'emmêlent au coin de la housse de couette que je ne cesse de triturer, incapable de fermer les yeux sans être replongé dans les maigres caractéristiques de cette conversation.

Ou dans deux magnifiques billes turquoises accompagnées d'une bouche qui s'est trop -ou pas assez- pressée contre mes phalanges.

— Je ne sais pas.

Pensif, et les mains soudain moites, je finis par me redresser à mon tour et passe mon menton par-dessus la barrière en bois pour regarder en bas, en direction du visage de mon camarade qu'il m'est compliqué d'apercevoir dans l'obscurité de la pièce.

— Tu aurais une idée ? je l'interroge en me grattant la tempe, chassant tant bien que mal la chaleur qui court sous ma peau.

Jungkook extirpe un soupir presque pénible de ses cordes vocales, et se rallonge dans un bruit sourd comme s'il venait de se laisser tomber en arrière.

— Aucune, non. Mise à part celle que c'est forcément quelqu'un de l'établissement. Un enseignant, un surveillant, voire même quelqu'un du personnel de ménage.

— C'est même certain... Qui d'autre aurait pu se trouver là à une heure aussi tardive ?

J'abandonne la couette et m'attaque à l'intérieur de ma joue à l'aide de mes dents, l'esprit en proie à une énergique effervescence qui m'empêchera à coup sûr de dormir.

Puisque découvrir que monsieur Fraser s'intéresse de près ou de loin à ce meurtre, n'a pas été le seul indice que nous avons recueilli ce soir.

— En tout cas, nous savons à présent que la victime est une femme. Ça n'apporte pas énormément de changement, mais ça va nous permettre d'affiner nos recherches, j'émets sans obtenir aucune réponse de sa part.

Le silence alourdissant qui oppressait l'atmosphère il y a quelques minutes revient sans grande peine nous étourdir de nouveau.

Jungkook ne réagit toujours pas, mais je sais qu'il ne s'est pas endormi. Quoi qu'avec lui, il faut toujours s'attendre à tout, et surtout à l'impensable.