"Je marche à côté d'elle dans la rue où la nuit tombe, nous sommes seules alors on fait les folles, on sautille de pavé en pavé en rigolant. À 8 ans on est encore tout ce qu'il y a de plus insouciant. Et puis il apparaît, comme à chaque fois, le regard sombre et un sourire en coin qui lui donne un air psychopathe. Mais le plus effrayant c'est ce qu'il tient dans sa main ; un pistolet. Elle ne le voit pas, mais moi si. Il se rapproche et je reste pétrifiée. Elle le remarque et se tourne vers moi, elle me dit quelque chose mais je ne l'entends pas. Lorsqu'il s'arrête et lève son pistolet, elle me prend la main et me force à courir. Mais il est trop tard, le coup est parti et elle s'écroule à côté de moi. Quand je me retourne il n'est plus là et elle est allongée sur le sol. Il y a du sang autour d'elle et ses yeux sont ouverts mais sans vie. Je m'accroupis à côté d'elle, la vue brouillée par les larmes. Je me tourne vers l'endroit où se tenait l'homme quelque minutes plus tôt et je hurle."
Je me réveille en sueur, des larmes perlent sur mes joues et je prie, espérant n'avoir crié que dans mon rêve.
Ça fait maintenant plus de 6 ans que je fais ce cauchemar au moins 3 fois par semaine, 6 ans qu'il me hante, 6 ans que je me réveille dans un état atroce en espérant seulement ne pas avoir réveillé mes parents adoptifs. Je parle de rêve mais il s'agit plutôt d'un souvenir. Elle était ma meilleure amie, ma seule amie, et lui était un connard sans doute bourré que je tuerai si un jour je le revois. Ce n'est pas le seul mauvais souvenir que j'ai, d'ailleurs je crois que ma vie entière n'est faite que de mauvais souvenirs, mais celui-ci me hante plus que les autres, c'est sans doute parce que je n'arrive pas à me pardonner. "Il est toujours plus facile de pardonner aux autres qu'à soi-même". J'ai lu cette phrase dans un livre il y a longtemps. Mais je ne suis pas d'accord, pour moi ça devrait se présenter comme ça ; "Il est toujours possible de pardonner aux autres, mais jamais à soi-même".
C'est ma prof de français qui m'a conseillé de commencer un journal. C'est la seule qui a l'air de me comprendre et de vouloir m'aider. Mais pas comme les psys essayent d'aider les jeunes, non, elle m'aide en ne me regardant pas avec pitié comme le font tous les autres, alors je suis ses conseils. Elle dit que quand on commence un journal il faut toujours se présenter d'abord. Je ne comprends pas trop pourquoi, ce journal n'est destiné qu'à moi et je sais comment je m'appelle. Mais bon, je vais le faire quand même.
Alors voilà, je m'appelle Élodie Lucky. J'ai 16 ans. Je me trouve un physique banal. Je n'ai pas d'amis. J'ai une vie merdique. J'ai tout perdu, et quand je dis tout, c'est vraiment tout ; mes parents, mon frère, ma meilleure amie, ma joie, mon sourire, ma vie ...
Demain les cours recommencent, et je déprime. Pas comme les autres jeunes qui dépriment à cause de la fin des vacances comme des cons, alors qu'eux ils mènent la belle vie, non, moi je déprime parce que je n'arrive pas à trouver le courage de me suicider.
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Fais-moi revivre (Dylan O'Brien)
Fanfiction"Élodie Lucky, ce nom ne me va pas du tout." Cette phrase je me la repasse en boucle depuis des années. Pourquoi ? Parce qu'une ado de 16 ans aussi malchanceuse que moi s'appelant "chance", ça pourrait prêter à confusion. Quand mes parents et mon g...