Chapitre 11

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Je me réveille dans une pièce qui n'est que trop blanche. N'importe qui aurait pu penser que je me trouve dans une chambre d'hôpital, mais ce n'est pas le cas. Non, je suis à l'infirmerie de l'école, peinte en blanche pour tromper les malades, et vous faire croire que c'est plus qu'une simple pièce où on vous demande simplement si ça va.
J'inspecte la pièce et me rends compte que je suis seule, entourée seulement d'étagères à moitié vide, contenant quelques médicaments et le matériel médical basique. Je me redresse et m'assieds sur le lit avant de me remémorer la raison de ma présence ici. Les événements me reviennent en mémoire et je m'écroule de nouveau sur le lit, mais cette fois bien éveillée. Ma respiration s'accélère alors que je tente de me calmer. Je revois le visage de Scott, plus jeune, au centre de mon pendentif où se trouve la photo de mon frère, présumé mort soi-disant passant.
Je reste allongée, les yeux ouverts sur le plafond blanc, l'esprit ailleurs.
Tout ça n'a aucun sens. Scott ne peut pas être mon frère. La seule manière d'en être sure serait de lui demander. Mais qu'est-ce que je lui dirais ? "Salut ça va ? Dis, est-ce que je suis ta sœur ?", ou encore, "Les adultes qui t'hébergent c'est tes parents biologiques ? Non parce que, il se pourrait bien que tu aies été adopté comme moi. Parce que, dans le cas contraire, tes parents sont aussi mes parents."
Pathétique. Je risque plus de lui faire peur qu'autre chose. Mais j'ai tellement de questions qui reste sans réponse, que je crois que je pourrais exploser d'une seconde à l'autre. "Cause du décès ? Trop plein de questions sans réponse."
Il faut vraiment que je me calme.
Je n'ai malheureusement pas le temps de réfléchir davantage, car l'infirmière rentre dans la pièce. Je dis "infirmière" mais on sait tous que son titre exact est plutôt "la femme qui demande si ça va".
- Bonjour, me dit-elle, alors comment ça va ?
Je vous l'avais dit.
- Ça va, je réponds tout de même.
- Tu es Élodie n'est-ce pas ?
- Oui.
- Je m'appelle Julie. Tu t'es évanouie dans les vestiaires, me dit-elle voulant m'informer, tu es restée inconsciente 2h.
2h. J'ai loupé le cours de sport. Un sourire s'affiche sur mon visage alors que le visage du lapin me revient en mémoire.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? me demande Julie.
- Je ne sais pas.
Il est clair que je ne vais pas lui dire. Je ne compte pas mettre toute l'école au courant de mes problèmes.
Elle hoche la tête et s'affaire à chercher dans les armoires qui sont pourtant peu remplie. Elle en sort un tensiomètre, me le fixe au bras, et après quelques minutes elle décrète que je vais bien. Je m'apprête à sortir mais elle me rattrape.
- Tiens, me dit-elle, tu avais ça dans la main quand tu t'es évanouie.
Elle me tend l'objet que je prends avant de la remercier et de tourner les talons.
Je sors de l'infirmerie serrant mon pendentif dans ma main, comme si j'avais peur qu'il ne s'envole, et me dirige vers la sortie, les cours étant finis. J'ai à peine mis un pied dehors que déjà deux bras forts se jettent sur moi et me serrent dans une étreinte.
Je me dégage et voix Dylan complètement paniqué, et j'exagère à peine. Je m'apprête à parler mais il me devance, laissant le flot de questions qui lui brûlait la langue affluer.
- Ça va ? Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? Tu as mal quelque part ? Ça va ? Tu veux aller à l'hôpital ?
- Ça va, je le coupe, je vais bien.
Je lui souris pour le rassurer. Il souffle de soulagement et ses traits se détendent.
- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? me demande-t-il.
- Je ...
Je ne finis pas ma phrase, voyant Scott arriver vers nous. Je ne sais pas quoi faire. Dois-je lui dire ? Comment va-t-il réagir ? Est-ce qu'il va le dire à ses parents, qui soi-disant passant, sont peut-être les miens aussi ?
Ces questions tournent en boucle dans ma tête alors que je fixe son visage. Il est maintenant à notre auteur, ses lèvres bougent mais je n'entends rien, trop occupée à me torturer l'esprit.
C'est lorsque je sens la main de Dylan prendre la mienne que je reviens enfin à la réalité.
- Q-quoi ? je bredouille.
- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? me demande Scott, sans doute pour la deuxième fois.
Ils me fixent tous les deux, le regard inquiet et curieux, attendant ma réponse.
Je décide de le leur dire. À quoi bon garder ça pour moi. Mais je ne sais pas comment le leur annoncer. Et puis une idée me vient et je tends à Scott la cause de mon malaise. Mon pendentif. Il fronce les sourcils mais l'ouvre tout de même, avant d'écarquiller les yeux, sous le choc. Il relève la tête vers moi et me fixe avec des yeux ébahis. Il ouvre la bouche mais les seuls mots qui en sortent sont tout sauf compréhensible.
- Je ... tu ...
- Oui, je le coupe dans sa phrase insensée, je suis ta sœur.
Je n'en suis pas sûre cependant. La seule preuve que j'ai est une photo censée représenter mon frère, cela devrait être assez convainquant, mais plein de chose cloches. Son prénom par exemple. Mon frère ne s'appelait pas Scott. Enfin... Super, j'ai un doute maintenant. Il est vrai que si son prénom n'était pas Scott, je ne me souviens plus de ce que c'était. C'est une chose que je pourrais demander à ses parents, enfin, "nos" parents. Mais attendez, je ne veux pas les rencontrer ! Pourquoi je voudrais revoir les gens qui m'ont abandonné à un triste sort ! Qui sont la cause de toutes les emmerdes qui me sont tombées dessus ! Qui sont la cause de mes insomnies, mes cauchemars, ma solitude ! Non. Je ne veux pas les voir.
En face de moi, Scott à les larmes aux yeux. Et, sans prévenir, il me prend dans ses bras. Et à ce moment-là, tous mes doutes disparaissent. C'est bien lui, j'en suis sûre.
Je laisse à mon tour les larmes rouler sur mes joues et terminer leur course sur son épaule. On n'a pas besoin de mots dans des situations comme celle-ci. Il m'avait manqué, bordel ce qu'il m'avait manqué. Et, vu comment il me serre dans ses bras, presque jusqu'à m'étouffer, je suppose que je lui ai manqué aussi.
Vous savez ce que ça fait ? De retrouver quelqu'un après 10 ans à le croire mort, quelqu'un sans qui vous n'imaginiez pas votre vie, et que vous avez perdu toutes ses années ?
Moi, je le sais. Et, croyez-moi, il n'y a pas mieux.

Fais-moi revivre (Dylan O'Brien)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant