Chapitre 7

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Je me regarde dans le miroir, une bosse bleue, de taille moyenne, a remplacé ma pommette. Je l'aurais bien recouverte de maquillage, mais mes parents m'ont interdit toute chose qui pourrait me faire plaisir. Ce n'est pas le cas pour le maquillage, non, d'ailleurs je déteste ça. Mais ils pensent que toute fille rêve de ça, alors ils me l'interdisent. Je ne prendrai pas le risque d'en prendre à Léa. Même si j'en aurais bien besoin. Tant pis, je cacherai avec mes cheveux.

J'arrive au lycée et Dylan me rejoins.
- Hey !
- Hey ...
Il me sourit, mais son sourire ne tarde pas à disparaître lorsqu'il voit ma joue. Merci les cheveux !
- Mais t'es blessée ! Qui t'as fait ça ?!
Tout en disant cela, il approche sa main de ma joue et effleure la bosse bleuâtre, ce qui me donne des frissons.
- Personne, je me suis cognée à une armoire.
Je lui prends sa main pour la lui rendre, gênée par ce contact.
Il me fixe, le regard inquiet. Il sait sûrement que ce n'est pas vrai, mais il n'insiste pas.
On se dirige vers notre classe en silence.

À midi, il me rejoint à cette table qui est devenue la nôtre. Il plonge son regard dans le mien et je sens déjà qu'il ne tiendra pas plus longtemps.
- C'est tes parents, c'est ça ?
Voilà la question que je redoutais mais que je savais inévitable. Je reste silencieuse, baissant les yeux.
- Tu peux me le dire tu sais, me dit-il.
Aller, il faut que je me lance.
- Oui ... c'est mes parents.
Je ne sais pas pourquoi je lui ai dit, ou même pourquoi je ne voulais pas lui dire. Je suppose que j'ai besoin que quelqu'un le sache.
- Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
- ... parce que j'avais peur.
- Peur de quoi ?
- Je ne sais pas. Que tu le répètes, ou que tu ne veuilles plus me parler.
- Pourquoi est-ce que je ne voudrais plus te parler ?
- Parce que mes parents me battent !
Je sursaute au son de ma voix. Je l'ai dit et j'ai peur de l'avoir dit trop fort. Je n'ose pas le regarder. Je pars presque en courant jusqu'aux toilettes. Je m'enferme dans l'une d'elle et je pleure. Pourquoi ? Je ne sais pas trop. Parce que je l'ai dit pour la première fois ? Oui, sans doute.
- Élodie !
Je reconnais la voix de Dylan.
- S'il te plaît sors de la !
Je ne peux pas, je ne veux pas avoir à affronter son regard.
Il frappe à ma porte.
- Élodie ...
Le son de sa voix à l'air désespéré. À tel point que je me décide à lui ouvrir.
Il me voit et, ne sachant sans doute pas quoi dire, il me prend dans ses bras. Je lui rends son étreinte. Ça faisait longtemps que je n'avais plus été en contact avec quelqu'un. Tellement que je continue à pleurer, touchée par se contact soudain.
Il s'écarte de moi et me prend la main pour m'entraîner à l'extérieur des toilettes. La sonnerie retentit, mais on ne se dirige pas vers notre salle de classe. Il m'entraîne à l'extérieur du bâtiment. C'est la première fois que je sèche. Si mes parents l'apprennent je me ferai tuer, tant pis, je n'attends plus que ça. Il monte dans sa voiture et je m'assois sur le siège passager. Il se tourne vers moi.
- Tu veux aller où ?
- ... la forêt.
Il allume le moteur et on part vers la forêt. Le trajet se fait en silence. Il attend sûrement que l'on soit arrivé pour me poser les questions qui le ronge. Je ne lis pas dans ses pensées, non, mais j'ai appris à déceler certaines émotions chez les gens. Je ne sais pas trop comment. Sans doute à force d'observer.
Il s'arrête à la lisière du bois et on descend. Il me laisse passer devant. Je marche une centaine de mètres avant de m'adosser à un arbre. Il s'assied à côté de moi.
- Tu viens souvent ici ?
- Oui, j'aime cet endroit.
Il regarde autour de lui et secoue lentement la tête de bas en haut. Il y a un long silence, puis il prend la parole.
- Tu vas te décider à m'expliquer ?
- ...
Il y a tellement de choses que je pourrais lui expliquer que je ne sais pas par où commencer. Il a dû le remarquer, car il précise sa question.
- Pourquoi tous les autres te déteste ?
- Je ne sais pas, sûrement parce que ma sœur fait en sorte de me rendre la vie la plus difficile possible, alors elle dit à tout le monde de ne pas m'approcher et de me détester. Si ça se trouve elle a inventé que j'avais la gale. Je vois que ça.
J'essaie d'être ironique mais ça ne doit pas être fort crédible avec la tête que je dois avoir, à force d'avoir pleuré.
- Ça n'a pas de sens, il me répond. On a pas le droit de faire ça à quelqu'un, ça ne se fait pas.
Je tourne la tête vers lui, et le regarde dans les yeux. On passe quelques minutes à se fixer, sans parler.
- Je veux comprendre ..., me dit-il.
- C'est trop long à expliquer.
Pour toute réponse, il s'installe en tailleur, pour être face à moi.
- J'ai le temps.
Je soupire. J'hésite à tout lui raconter, mais je crois que j'en ai besoin.

Fais-moi revivre (Dylan O'Brien)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant