Chapitre 5

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Il doit être 3h du matin quand je me réveille en sueur dans mon lit. Encore ce foutu cauchemar. À chaque fois que je revois la mort de ma meilleure amie dans mes rêves c'est la même chose. Je me réveille en me posant toujours la même question. Pourquoi moi ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?
Il doit être 4h maintenant et je ne sais plus dormir. Alors je prends une douche, comme pour faire partir la culpabilité qui me ronge. Ça aurait dû être moi, pas elle. De rage j'abat mon poing sur le mur de la douche. Ça m'arrive d'avoir des excès de colère, avec tout ce que la vie me fait endurer, c'est normal. Enfin, c'est ce que je me dis. D'habitude ça me soulage, mais là j'ai plus mal qu'autre chose. Je sors de la douche et me remets dans mon lit en position fœtale, et je pleure un bon coup. Je pensais ne plus avoir une seule larme de réserve, à force d'avoir pleuré toute ma vie. Il faut croire qu'il m'en reste un peu. Je fini par me rendormir.
Mon réveil sonne deux heures plus tard.
Je vous épargne les détails de ce qu'il se passe entre l'heure où mon réveil sonne et l'heure où je quitte la maison sur mon vélo, étant donné qu'ils sont d'une banalité effrayante. À l'exception peut-être des quelques remarques sanglante, lancée pour le plaisir de me faire souffrir.
Je suis donc sur mon vélo, j'attends que mademoiselle parfaite et son scooter parfais soient prêts, autrement dit la fille qui me sert de sœur et son scooter rose à vomir. Elle enfile son casque, aussi rose que le reste, et démarre en trombe, ma laissant dans l'odeur immonde de l'essence, sortant de son pot d'échappement, espérant sans doute me faire suffoquer. Je démarre après elle, me retenant de tousser, pour ne pas lui faire plaisir.
Pour une fois j'arrive à l'école assez à l'avance. Je m'installe sur une table et j'attends que la cloche retentisse. Je regarde les autres élèves arriver, et je remarque qu'à chaque fois, la première chose qu'il font, c'est dire bonjour à leurs amis. Certains se font la bise, d'autre une accolade, une tape dans le dos ou simplement un signe de la tête. Ce sont les plus petits gestes, les plus petits détails, qui ont tendance à me toucher le plus. C'est sans doute parce que je n'y ai pas droit, moi, à ces petits gestes.
Et puis il est arrivé, dans son 4x4 d'occasion. Il a à peine fait un pas hors du véhicule, que déjà une dizaine de filles lui sautent dessus. Elles lui demandent comment il va, s'il a bien dormi, et encore d'autres stupidité. Vous l'aurez compris, il s'agit de Dylan.
La sonnerie retentit, évitant à celui-ci de mourir, noyé sous les questions. Je commence par un cours de math. J'entre dans la classe et je m'assieds à un banc de libre. Les autres élèves s'installent, et lorsque Dylan entre, toutes les filles se redresse et l'invite à venir s'asseoir à côté d'elle. Mais à chaque fois, il décline l'invitation. Je vois bien qu'il s'approche de mon banc, mais je ne pensais tout de même pas qu'il aurait le cran de venir à côté de moi après ce qu'il s'est passé hier.
- Je peux m'asseoir ?
- Oui ...
Qu'est-ce que je pouvais lui répondre d'autre ? Je n'allais pas lui dire non. Les filles me lancent un regard noir, certaines restent même bouche ouverte, comme des idiotes, trop étonnée que Dylan vienne près de moi.
- Comment ça va ? me demande-t-il.
- Comme d'habitude.
Il y avait une certaine mélancolie dans ma voix, ce qui l'a sans doute poussé à ma poser la question suivante.
- Je peux t'aider si tu veux.
- Merci, mais je préfère ne pas être aidée.
Il n'a pas le temps de répliquer, car le professeur entre dans la classe et tout le monde se tait.
Dylan et moi n'avons pas parler pendant tout le cours. Ce qui est mieux, je pense. À la fois parce que je n'aime pas me faire remarquer et à la fois parce que je ne veux pas qu'il s'attache à moi. Vous devez vous demander pourquoi une fille comme moi, seule, ne veux pas d'ami. C'est simple. S'attacher à une personne, ça veut dire être malheureuse quand il partira. Dans ma vie, les gens que j'aimais ont toujours fini par me quitter, ou pire, par mourir. J'amène la mort partout autour de moi. Je ne veux pas que Dylan soit une de ses victimes.

Fais-moi revivre (Dylan O'Brien)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant