Chapitre 2

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J'aime bien l'école, ça me plait d'apprendre de nouvelles choses. Et puis, ça me permet de m'évader, d'être ailleurs qu'à la maison.
Malheureusement, il y a toujours quelque chose qui ne va pas, un problème qu'on ne peut généralement pas résoudre. Dans mon cas, à l'école, le seul problème, ce sont les gens qu'on y trouve.
On devrait faire une sélection pour savoir qui mérite sa place au lycée et qui est un gros con, qui, par conséquent, ne la mérite pas. Ça me faciliterait la vie c'est sûr.
Je me lève donc ce matin, à la fois joyeuse à l'idée d'enfin pouvoir quitter l'atmosphère dans laquelle je suis condamnée à passer ma vie, mais également déprimée de devoir de nouveau supporter les moqueries quotidiennes des autres. Je m'habille en vitesse pour pouvoir aller préparer le petit-déjeuner. Et oui, chez moi, je suis obligée de préparer les repas. Quand on y pense je suis aussi obligée de passer l'aspirateur, faire la vaisselle, repasser et me comporter toujours comme il faut. A croire quand fait, ces gens m'ont adoptée dans le seul but d'avoir une bon niche permanente et non rémunérée. C'est dégueulasse.

En primaire, le professeur nous avait demandé un jour à quelle princesse de Disney on s'identifierait le mieux. J'avais répondu Cendrillon. Tout le monde a cru que c'était parce que je rêvais d'avoir une fée pour marraine qui transformerai ce qui me sers de vêtement en robe de bal et mon vélo en carrosse pour que je puisse rencontrer le prince charmant de mes rêves. Rien à voir, non, si j'ai répondu Cendrillon c'est pour l'exploitation dont elle était l'objet chez sa tante ou je sais plus quoi. Mais vous deviez sûrement avoir deviné avant que je n'écrive cette phrase. Je ne sais pas pourquoi j'emploie "vous", sans doute parce que, comme ça, j'ai l'impression de me confier à des êtres vivants plutôt qu'à un bout de papier. Alors je vais continuer.
Pour en revenir à l'instant présent, je vais donc préparer le petit-déjeuner dans la cuisine.
- J'espère que tu prépares quelque chose de bon ! Il n'y a pas intérêt à ce que je sois malade le premier jour à cause de toi !
Léa ... Léa est la fille de mes parents adoptifs et c'est la fille la plus chiante, pimbêche, hypocrite et méchante que je connaisse. Et pourtant j'en connais des tas des filles chiantes, pimbêches, hypocrites et méchantes.
Une fois tout le monde à table, je sers ce que j'ai préparé ; des œufs brouillés et du bacon.
- Tu as bien dormi ma chérie ? demande Frank.
Pour votre information, Frank est l'homme qui, à un moment où il était sans doute bourré, a décidé de m'adopter. Vous ne m'entendrez jamais, au grand jamais, l'appeler "papa". Car il est absolument tous ce qu'il y a de plus négatif envers moi, et on dit "papa" lorsque c'est quelqu'un de gentil, attentionné, attentif et que l'on aime, un père quoi. Ce qu'il n'est absolument pas.
Mais bon revenons à la conversation. Vous devez vous douter que sa question ne m'était pas destinée. Le jour où il m'appellera "ma chérie" un trou noir avalera la planète et nous avec. L'intéressée, qui n'est autre que Léa, lui répond.
- Oui j'ai bien dormi papa. Enfin...
- Quoi ? Il s'est passé quelque chose ? intervient Miranda.
Miranda, quant à elle, est le parfait Frank au féminin. Il n'est donc pas nécessaire que je m'attarde dessus plus longtemps.
- Eh bien... Élodie s'est levée pour aller aux toilettes pendant la nuit...

Et ça recommence...

- Elle a fait tellement de bruit qu'on aurait dit qu'elle le faisait exprès pour me réveiller, ce qui a bien marché.  Du coup je suis fatiguée.
Vous voyez ?! Cette fille c'est le diable en encore plus sadique ! Et en plus je vous laisse imaginer la tête de martyr qu'elle fait à la perfection, elle a dû s'exercer pendant des années. Pathétique.
- Tu es contente ? Grâce à toi elle va être fatiguée pour sa première journée de cours ! me crache Miranda.
Même pas la peine d'essayer de leur dire que je n'ai même pas été aux toilettes, c'est peine perdue. Ce n'est jamais moi qu'ils vont croire, jamais.
- Tu as de la chance que je sois indulgent le premier jour, sinon je t'en aurais déjà donné une bonne !
Pendant que je manque de justesse de me ramasser une gifle de la part de Frank, Léa me regarde avec un sourire satisfait et machiavélique au plus haut point.
A présent tout le monde a fini de manger. Frank me regarde avec son regard le plus noir possible.
- Tu crois que la table va se débarrasser toute seule ?!!
Je débarrasse donc la table, avec des gestes mécaniques qui montre des années de pratique. Je suis certaine d'avoir déjà la formation qu'il faut pour être serveuse.
- Bon tu te grouilles ? Si je suis en retard à cause de toi je te jure que je te tue ! me crie Léa depuis la porte.
Voilà, maintenant vous savez à quoi a ressemblé ma vie pendant ces 2 mois de vacances interminables.
J'ai bien conscience d'être la seule à parler des vacances de manière négative, mais je suis sans doute aussi la seule à devoir rester toute la journée enfermée avec une famille aussi tarée.

Fais-moi revivre (Dylan O'Brien)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant