Concours d'écriture #8

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Auteur: sanshoo

Je vais... mourir ? Je vais réellement mourir ? Toute ma vie, tout ce que je suis, tout ça va vraiment disparaître ? Non. Ce n'est pas possible. Ce n'est pas concevable. Je ne peux pas mourir ! Il me reste trop de choses à faire. Trop de choses à découvrir ! Il n'y a aucune raison pour que je doive mourir. Je ne vais pas mourir. Je ne peux pas mourir. Je n'ai jamais eu de copain. Je n'ai jamais couché avec quelqu'un que j'aimais. Je n'ai toujours pas eu mon bac. Je n'ai toujours pas réalisé le quart de mes projets. Je n'ai toujours pas vécu merde ! ALORS POURQUOI JE DOIS MOURIR ? PARCE QUE DES GENS QUE JE NE CONNAIS MÊME PAS L'ONT DÉCIDÉ ? Ce n'est pas juste putain ! Je ne mérite pas... ça. J'ai toujours fait de mon mieux pour être la fille parfaite. Celle à qui on ne peut rien dire. Celle dont tout le monde rêve. Pourquoi moi ? Je ne vois pas de raisons à ma mort. On m'a kidnappée. Torturée. Mais pourquoi doit-on me tuer ? Je donnerais tout pour vivre. J'ai résisté. Pendant toute ma vie j'ai résisté à cette envie incroyable de mettre fin à mes jours. Pour mes parents. Pour leur honneur. Pour leur faire plaisir. Malgré tout ce que je me suis pris, je suis restée debout. Mais aujourd'hui, j'ai perdu le contrôle sur tout. Mon corps a été maltraité. Ma virginité si précieusement gardée m'a été volée. Mon honneur a été souillé. Et maintenant, même ma vie va m'être ôtée. Je n'ai plus rien. Je ne suis même plus réellement en vie. Je ne suis ni vivante, ni morte. Je suis entre les deux. Mais cette fois-ci, je vais vraiment mourir. Je ne serai plus en vie. Même à moitié. Quand est-ce que les gens vont m'oublier ? Moi, Hel Dorue, la petite intello au nom bizarre du fond de la classe. Quand mes parents vont-ils oublier celle qui a un jour été leur fille ? Vont-ils beaucoup pleurer ? Vont-ils n'en avoir rien à faire ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Toutes mes certitudes ont été bafouées. Tout le pouvoir que j'avais sur ma vie m'a été retiré. Tout ce que je peux faire c'est attendre. Attendre que l'on me tue. Attendre que cette torture se finisse enfin. Attendre de voir enfin la lumière blanche, quittant la noirceur de ce lieu. Je hais le noir. Dans un passé qui me semble lointain, c'était ma "couleur" préférée. Je n'ai jamais compris pourquoi le blanc était la couleur de la vie. Le blanc, c'est froid, c'est vide. Le noir, c'est rempli de couleur. Les couleurs de la vie, quand elles toutes mélangées, ça donne du noir. Alors que le blanc... c'est l'absence de couleur. Le blanc ne m'inspire rien d'autre que le néant. Pourtant maintenant le noir me pèse. Il m'opresse. Je ne vois que lui depuis des jours, des mois peut-être. J'ai perdu la notion du temps entre deux séances de torture. Le simple fait que je sache encore écrire m'étonne. Je ne peux faire que ça de toute façon. Écrire. Des mots. De simples mots. C'est fascinant de voir ces toutes petites choses qui séparément ne veulent rien dire, s'assembler pour former un texte. J'aimerais tellement pouvoir lire. M'évader de cette prison pendant ne serait-ce que quelques secondes. Être ailleurs. Retrouver mes parents. Ma soeur. Les serrer peut être une dernière fois dans mes bras. Leur murmurer un dernier "je vous aime". Mais je ne peux pas. Je ne peux presque plus bouger déjà. Mon corps me semble si lourd. J'ai l'esprit embrumé, et le moindre mouvement me fait pousser un gémissement de douleur. Et pourtant, je continue à écrire. Pourquoi ? Je ne sais pas. C'est certainement la seule chose à laquelle je peux me raccrocher. Je deviendrais folle sinon. J'ai peur. Je ne veux pas disparaître. Je veux continuer à vivre. J'ai l'impression d'être déjà morte. Quand je suis seule, je sens les vers grignoter ma chair. Et je hurle à n'en plus finir. Je ne sais pas si c'est une illusion ou la réalité. Je ne peux plus distinguer le vrai du faux. Je suis trop abîmée. Ma raison me quitte peu à peu. La torture me manque. J'ai besoin d'avoir mal. J'ai besoin de cette preuve journalière qui m'affirme que oui, je suis toujours en vie. Je ne peux plus crier. Je ne peux plus parler. Je ne peux que pleurer et souffrir. Mon corps est à vif. Je sens la douleur jusque dans mes os. Mais pourtant, j'en ai besoin. C'est une saillie à laquelle je me raccroche désespérément pour ne pas tomber dans le gouffre de la folie. C'est la dernière chose à laquelle je peux me raccrocher. J'en ai besoin, comme un drogué a besoin de sa dose quotidienne. Passer des heures seule, dans le noir, avec comme seule compagnie une peur morbide, ça a détruit ce qui faisait de moi un être humain. Je ne ressens rien d'autre que peur et douleur. La joie ou le plaisir n'évoquent que de lointains souvenirs d'une époque ancienne en moi. J'attends. Je ne sais plus quoi. J'avais peur il y a quelques minutes. Je ne me souviens plus pourquoi. Je n'ai pas de raisons d'avoir peur, si ? Je ne m'en rappelle pas. Je crois que j'allais... mourir ? Oui c'est ça. Ma mort est proche. Ça veut dire plus de torture ? Je vais pouvoir vivre normalement ? Non. Je ne vivrai plus. Je serai morte. Mais je serai en paix au Paradis. Je ne vivrais plus jamais ça ! Je ne mérite pas d'aller au Paradis. J'irai en Enfer et je serais deux fois plus torturée. Non. Si. Je vais encore plus souffrir ? Je ne serais jamais libérée ? Je ne veux pas. Laissez moi. Je ne veux plus avoir mal. Je veux que tout redevienne comme avant. Ce n'est qu'un affreux cauchemar. Je vais bientôt me réveiller et tout ira bien. N'est-ce pas ? N'EST-CE PAS ? Par pitié que quelqu'un me réponde. Je suis seule. J'ai mal. Je vais mourir. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas souffrir encore plus. Que quelqu'un fasse quelque chose pour moi. Ne me laissez pas ici ! J'ai peur. Je ne veux pas mourir. Aidez-moi je vous en supplie. Quelqu'un.... Je ne veux pas... Vous m'avez déjà tout pris. Par pitié, laissez-moi au moins ma vie. Je ne le supporterai pas. Vous n'avez pas le droit. Ce n'est pas juste. S'il-vous-plaît. Laissez-moi. Ne me tuez pas. Je ne veux pas mourir. Je ne peux pas mourir. Vous n'avez aucune raison de vouloir me tuer. Pitié... Je vous en  

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