The WFTD Awards 2015

Concours d'écriture #4

Auteur: fenchy_ocece

XX/XX/20XX dans une pièce sombre

Cher(s) kidnappeur(s) merdique(s),

J'ai hurlé, hurlé à la Vie, hurlé afin qu'elle me sauve et qu'elle ne me laisse pas tomber dans les bras de sa rivale. J'ai hurlé, hurlé à la Vie, hurlé afin qu'on me sorte de cette situation et que je ne sois plus seule abandonnée dans une torpeur éternelle de pénombre. Mais, ce n'est plus possible.

Je suis seule.

Il fait sombre. J'en ai marre maintenant que je viens de finir de crier. Ma gorge est sèche. Du coup je m'arrête un instant pour souffler. J'ai aussi tapé dans les murs et je crois que j'ai les mains rouges, mais ça, je n'en ai aucune idée car vous m'avez enfermée dans un endroit presque dénué de lumière.

Dans la pénombre d'une vie qui s'éteint, je me retrouve seule. Seule face à mon destin si insignifiant.

Chaud. J'ai chaud et c'est vraiment chaud ce qu'il m'arrive. Il fait lourd et je sue comme un porc à l'abattoir. Wow, quand la mort approche, on est même capable de s'auto-traiter de porc. Ils sont forts ces gens qui m'ont enfermée dans cette pièce sombre avec une machine à écrire et une bougie. Naturellement, il ne leur est pas venu à l'idée de rajouter une piscine réfrigérée. Ca se dit ? Non, ça ne se dit pas ? Vous êtes sûrs ? Au pire, je m'en fiche. Je vais sans doute arrêter de vivre putain, vous croyez vraiment que je vais réfléchir à ma condition en mode : je pense légèrement à l'après-vie, mais seul un immense chaos me vient à l'esprit. Aucune conscience, plus rien. Rien qu'un petit sommeil éternel parmi tant d'autres déjà survenus auparavant. Nos vies nous paraissent tellement insignifiantes mais à la fois tellement importantes quand la Faucheuse apparaît pour nous barrer la route de la vie. Alors, face à elle, un sentiment d'impuissance vous prend à la gorge et vous menace et vous cloue sur place. Il vous est impossible de réagir. Si le seul sentiment qui vous submerge est la colère, de l'autre côté, seules les larmes émergent de votre corps. Ces larmes brillantes et puissantes comme l'eau des cascades ruisselantes et dorées par le soleil, mais aussi précieuses et fragiles qu'un verre de cristal bien trop rempli n'attendant qu'une goutte de plus pour s'effondrer, non se fracasser sur lui-même.

Lisez-moi bien, vous, connards, qui m'avez enfermée ici avec un papier disant « tu vas partir dans l'au-delà dans une heure alors écris toutes tes pensées sur cette évènement », vous devriez pourrir dans... dans... laissez-moi réfléchir à un truc bien pourri et ridicule... N'y a-t-il donc pas un homme dans la mythologie grecque enchaîné avec le ventre ouvert, se faisant lentement picoré le foie en même temps que le foie lui-même se régénère naturellement ? Bref, je vous maudis à vie avec cette malédiction. Oui, c'est un pléonasme, mais je suis fatiguée.

Je m'amusais à les regarder souffrir, ces gens, non que dis-je, ces monstres de la nature. Sans doute était-ce mon sadisme qui s'exprimait à travers mes doigts. J'avais toujours été douée dans la vengeance. Alors, d'un éclair de folie me transcendant l'âme, je les avais enchaînés, face à moi, les avais asservis à ma puissance. Et telle une Zeus humaine, je m'asseyais sur mon trône de fer, bel et bien éclairée d'une lumière divine, à admirer l'Aigle du Caucase lui ronger le foie éternellement pendant que son organe continuait aussi éternellement à se régénérer. Leurs cris de souffrances chantaient joyeusement dans mes oreilles. Il me suffisait de fermer les yeux et une magnifique image m'apparaissait alors, un chœur d'anges chantant doucement à quel point la vengeance est un plat qui se mange froid.

Comment ça vous ne pensez pas la même chose que moi ? Non je ne suis pas inhumaine, juste rancunière. Et puis, c'est tellement jouissif.

De toute façon, je suis tellement désespérée qu'une glace peut me faire bander. Enfin ça, c'est si j'étais un mec. Puisque je suis une fille, disons que goûter une glace peut carrément me donner un orgasme dans l'état actuel des choses. C'est grave docteur, je dois vraiment aller consulter ? Eh bien, je ne peux pas CAR je suis enfermée dans une pièce bizarre devant m'apprêter à me faire voler ma vie dans quelques instants ! Alors, ne me faites pas la morale !