A mon frère Eméka

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I
Mon âme est dans la tristesse.
Ah! les pleureuses t'ont pleuré,
De leurs voix lugubres et plaintives;
Les pleureuses ont dit les chants funèbres, de jour comme de nuit,
Vêtues de noir et cheveux au vent.
Mon frère, au visage de cendre,
Mon frère, mon autre moi-même,
Les larmes coulent telles eaux de pluie en mon cœur.
Ah! que n'ai-je la voix du griot pour chanter ta mémoire?
Je n'ai que les mots que voilà,
Mon frère tendrement aimé.

II
Homme, si faible homme
Dans la force de la jeunesse.
La vie est une comédie dramatique,
Et nous en sommes les acteurs;
La vie ne tient à rien, qu'à un simple fil tissé par la fatalité,
Et l'ombre de la parque rôde autour de nous, et la pièce est jouée.
On t'a retrouvé agonisant de maladie,
Mon frère,
Et mes yeux n'ont point vu tes yeux,
Je n'ai pas écouté ta voix nasillarde,
Et les rires que nous avions partagés.

III
Tu m'as laissé seul,
Dans la faim de ta présence,
Tu nous as laissé seuls, dans le regret de ton absence et la soif de toi, mon frère qui fus là.
Dis: te souvient-il de nos vives et longues discussions la nuit,
De nos folies ?
Je tais ma douleur et voile mes larmes,
Par pudeur, par gêne sans doute, mais non! je suis déchiré!
Mon cœur est transpercé par la douleur, comme un coup sec de poignard soudain !

IV
L'Eternel a donné,
L'Eternel a repris,
Que Son Nom soit exaucé.

Chants à ceux qui furentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant