Hommage à Aimé Césaire

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CESAIRE !
Toi le Nègre fondamental,
Toi le Volcan rugissant,
Toi le Lion indomptable,
Toi l'Eléphant d'Afrique,
Toi l'Aigle, toi le Phénix,
Toi le Chantre de la Négritude debout,
Moi, je dis ton honneur mon Héros,
Moi, je chante ton nom,
Griots : accompagnez-moi de vos voix !
Que dansent les cordes du nsambi !
Que s'élève le son du madimba !

Or, voici je te pleurais, lorsque j'ai eu une vision :
Je te vis, assis, sur un trône royal au ciel ;
De laine vêtu, à l'éclat de feu,
Une couronne de diamants sur la tête ;
Et une épée d'argent et d'ivoire où il était écrit:
Négritude debout !
Et ton trône était d'or massif,
Et le palais de marbre.
Or, je vis à tes côtés, que je parle, SENGHOR et DAMAS,
Mais nobles comme des rois,
Mais purs comme des saints, avec des couronnes de diamants
Et des vêtements de laine, éblouissants, telle la lumière ;
Avec deux épées, aussi belles que la tienne,
Et la subtilité luisait, dans vos pupilles de cristal,
Et la sagesse était, dans vos cheveux blancs, comme coton.

CESAIRE !
Voici, vous êtes trois Kaïcédrats, au Royaume ancestral :
Que votre règne soit éternel !
Que la Négritude soit debout pour toujours !
Or, voici, je vis aussi d'autres grands hommes, levés avec fierté ;
Vêtus de lin blanc, brillant telles les étoiles,
Une ceinture d'or fin autour de la taille :
Des Négro-Américains, des Africains, des Antillais...

Or, voici, tu te levas et me dis ceci :
« Mon petit nègre, ne pleure pas,
« Ne pleure pas mon petit nègre !
« Car, moi, je suis, oui je suis la présence dans l'absence :
« Ma gloire est dans les eaux !
« Ma gloire est sur la terre !
« Ma gloire dans l'image !
« Ma gloire dans le rythme !
« Et mon œuvre me survivra ; mon œuvre défiera le temps.
« Mon petit nègre : vois la Négritude, réveil de la race, participer du
dialogue des cultures ;
« Vois la Négritude, au rendez-vous du donner et du recevoir ;
« Je parle de la Négritude présente à la renaissance du monde,
« Je parle de la Négritude poreuse à tous les souffles du monde;
« A la Civilisation de l'Universel ;
« Je dis la Négritude offrande et partage.
« Vois le nègre nouveau, qui a recouvré grandeur et dignité ;
« Il est rien de plus agréable que de rêver
et de vivre son rêve.
« Mon petit nègre, je ne puis assez blâmer d'aucuns, qui récusent la Négritude,
« Car, la Négritude ne périra point, tant que vivra sur cette terre un nègre !
« Nègre je suis et Nègre je resterai !
« Mon petit nègre, souviens-toi de tout cela, afin d'honorer la Négritude debout. »
Ainsi parlas-tu.

J'entendis ses paroles et, je pris ma plume, tel le scribe, et je chantais le Poète :
IMMORTEL !
Apaise ma douleur, lorsque je te pleure ;
Les larmes coulent, telle l'eau du fleuve, en mon cœur ;
Console-moi, mais calme ma langueur.
Et, de ma bouche, ce cri qui sortit explosif :
« Bien mort le politique et vive le Poète ! »

Chants à ceux qui furentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant